Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012
Boostée par de nouvelles collections originales, mais aussi par une
mode bobo amatrice de confort, de tartan, et de pied de poule, la
charentaise cru 2009-2010 assume sereinement son image mémère
Douze millions de charentaises sont produites chaque année en France. Tandis que les Scandinaves, les Allemands, les Suisses, les Autrichiens et les Canadiens misent sur leur confort, les Japonais et les Français considèrent la fameuse pantoufle comme un accessoire de mode incontournable. Pas de soucis, avec le vent du cocooning la charentaise a de longues soirées d'hiver devant elle.
La charentaise c'est en fait une histoire de récup'. Il y a 300 ans, Colbert, ministre de Louis XIV, faisait construire à La Rochelle, un port militaire. C'est en Charente, avec des rebuts de papier, que la marine française s'équipe en feutre pour ses cabans. Les chutes de ce tissu chaud et isolant sont récupérées par des cordonniers savetiers astucieux qui en font des charentaises ! D'abord comme doublures, elles remplacent la paille dans les sabots, mais avec sa languette qui évite la morsure du bois, le confort est tel que bientôt les paysans ne les quittent plus. Les voilà intronisées en pantoufles ! On les appellera un temps "silencieuses"car elles étaient portées par les serviteurs qui grâce à leur semelle de feutre, pouvaient entrer dans la chambre de leurs maîtres sans les réveiller. Mais c'est James Rondinaud qui fera connaître les charentaises aux quatre coins du monde.
Implantée à la Rochefoucauld depuis 1845, la maison familiale Rondinaud, championne nationale de ladite pantoufle, a gardé les mêmes méthodes ancestrales du "cousu retourné"dessus laine et semelle feutre, ni pied gauche ni pied droit, pour en faire durer l'usage.
Du 28 au 50 la charentaise devient santiag' ou babouche La charentaise fait maintenant partie de l'inconscient collectif et du patrimoine français. En 2007, chaussée par des mannequins, elle foule même les podiums de mode de la tour Eiffel sous l'égide de l'IFM, (Institut Français de la Mode). Aujourd'hui, elle ne cherche plus vraiment à se départir de l'image ringarde et papy véhiculée par son éternel motif écossais;la charentaise en assumant son côté terroir, est devenue un produit mythique intemporel qui séduit efficacement les bobos. Mais pour ne pas être en reste et élargir sa clientèle surtout féminine, le fameux chausson se décline aujourd'hui sous toutes les coutures et toutes les formes, du 28 au 50. Aux côtés des classiques de la boutique Rondinaud aux noms ?clin d'oeil? : James, Albert ou Lucienne? On trouve des modèles de luxe en cuir, en cachemire en faux vison qui font fureur dans les stations de sport d'hiver huppées. Des modèles plus tendances : santiags, babouches et versions mules sont vendus dans des boutiques plus pointues. Enfin pour les petits petons, les marques Chipie et Hello Kitty assurent le rajeunissement de la pantoufle enfant. Sylvie Forder (www.lepetitjournal.com) jeudi 7 janvier 2010
3 Photos : envoyées par la maison Rondinaud SAS. ? L'éternel motif écossais de la charentaise?, et ?la charentaise version babouche?