Édition internationale

MEXIQUE - Un demi-siècle de disparitions forcées dans l'Etat du Guerrero

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 octobre 2014

Alors que les médias mexicains et internationaux s'affolent de la disparition, et certainement l'assassinat, d'une quarantaine d'étudiants dans l'Etat du Guerrero, lepetitjournal.com Mexico revient sur l'histoire de cette région avec un article de Ludovic Bonleux, historien et documentariste qui s'intéresse à la région depuis plus de 10 ans. Décryptage de cette violence malheureusement "presque" ordinaire.

Le 26 septembre dernier, six personnes, dont au moins deux étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa, ont été tuées par des membres de la police de l'Etat du Guerrero dans la ville d'Iguala. Les policiers, accompagnés d'hommes en civil, ont tiré sur plusieurs véhicules qui, pour la plupart, se rendaient à Mexico pour commémorer le massacre de centaines d'étudiants par l'armée en 1968.

                 (Photo Romain Thieriot)

Historien et documentariste, Ludovic Bonleux travaille depuis 2002 sur le thème de la violence politique dans l'Etat du Guerrero. Il a réalisé sur ce sujet le reportage photo Guerreros en 2003, et les documentaires Le crime de Zacarias Barrientos en 2008 (vidéo) et Acuérdate de Acapulco en 2013 (extrait vidéo). Il est aussi le co-réalisateur du web-documentaire U.S. Caravana (2012) qui traite de la violence au Mexique en général (vidéo).


Aucune version ne corrobore le fait qu'il y ait eu affrontement, les étudiants n'étaient pas armés. Personne n'a même osé le faire croire, chose pourtant courante. La même nuit, une cinquantaine d'entre eux "disparaissaient" sans laisser de trace, "levantados" comme on le dit aujourd'hui au Mexique, un terme qui a remplacé le "desaparecidos" des années 70.
Deux semaines plus tard, 43 restaient introuvables. Le 4 octobre, suite aux témoignages de certains jeunes gens ayant échappé à leurs ravisseurs, la même police du Guerrero a retrouvé une fosse commune dans laquelle gisait une trentaine de cadavres calcinés et montrant des signes de torture. Bien que deux prétendus sicaires aient déjà avoué avoir perpétré le massacre (sous la torture?), la société civile est actuellement dans l'attente des tests d'ADN qui pourraient confirmer l'identité des suppliciés.

Il ne fait plus vraiment de doute aujourd'hui que les étudiants disparus, venant d'une école réputée pour sa radicalisation, aient été assassinés et, au préalable, torturés. Rappelons-nous du séquestre de masse du 30 septembre 2010, lorsque 20 touristes du Michoacán furent enlevés à Acapulco (à cause des plaques d'immatriculation de leurs voitures, Acapulco étant à cette époque aux mains d'un cartel concurrent de celui de la Familia, basé au Michoacán). Leurs corps ont été retrouvés quelques mois plus tard... dans des fosses communes. 

"Desaparecido" 

Ce terme signifiait, il y a quarante ans: enlevé, torturé, dépecé... une tactique qui permettait à la fois de se débarrasser d'activistes gênants et, plus que tout, de faire peur à ceux qui voudraient s'opposer à ceux qui, à l'époque, étaient au pouvoir en Amérique Latine: des régimes autoritaires et anti-communistes. Ceux qui faisaient "disparaître" étaient appelés à l'époque paramilitaires, il s'agissait de troupes irrégulières, entraînées aux Etats-Unis ou par des agents de la CIA... Lire la suite sur notre édition de Mexico

logofbinter
Publié le 13 octobre 2014, mis à jour le 13 octobre 2014
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