

La nouvelle création originale de Canal + fait rougir la France. La série Maison close, immersion dans les lupanars du siècle dernier, dénude sans pudeur les dessous d'un sujet qui intrigue, fait débat et est plus que jamais d'actualité
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Nous sommes à Paris, juste après la Commune, en 1871. Le Paradis est l'établissement de choix où ces riches messieurs viennent s'encanailler à la nuit tombée. Le lieu de débauche est tenu par Hortense (Valérie Karsenti), la maquasse (mère maquerelle), qui tient d'une main de fer ses filles. Vera (Anne Charrier), Angèle (Blandine Bellavoir) et la jeune recrue Rose (Jemima West) se plient tant bien que mal aux exigences de leurs clients, font face aux "tordus" et cherchent un moyen pour payer leur dette et quitter le plus vite la maison.
(Crédit photo : Canal +)
Paradis et enfer
En lançant cette nouvelle série faite maison le 4 octobre dernier, Canal + s'est offert un joli buzz et des audiences record pour les premiers épisodes. Une campagne d'affichage sans précédent avait relayé le lancement de cette création française. Un site internet interactif ? et très bien fait- finit de présenter la troupe du Paradis et la part plus sombre de ces filles de joie. Avec cette série, la chaîne cryptée dévoile en effet les dessous de ses femmes publiques mais également de l'organisation d'une maison de plaisir. Si les scènes de badinage sont bien présentes, l'intrigue oublie les corps dénudés et se focalise sur des personnalités complexes et tiraillées entre dignité et fatalisme. Le visuel en clair-obscur du réalisateur Mabrouk El Mechri met d'autant plus en valeur cette atmosphère aussi sensuelle qu'inquiétante.
Un sujet très chaud
Si les maisons closes tricolores ont été fermées en 1946 suite à la loi Marthe Richard, le sujet fait régulièrement débat dans les médias et l'arène politique. Fin 2009, Christine Boutin, leader du Parti chrétien démocrate, affirmait même :"Faut-il rouvrir les maisons closes ? Après tout, s'il s'agit de mieux suivre les prostituées sur le plan sanitaire et de mieux les protéger au niveau de la sécurité, pourquoi pas. Cela ne me choque pas." Chantal Brunel, députée UMP de Seine-et-Marne, proposait récemment que l'on rouvre les maisons closes afin de sortir "la prostitution de la clandestinité". Le Strass (syndicat du travail sexuel) s'y oppose pourtant fermement et souhaite que les prostituées soient considérées comme des travailleuses libérales et indépendantes.
Si Maison close ne fera pas avancer le schmilblick, elle permet tout de même de réinventer la série à la française, en nous rapprochant un peu plus de l'inventivité et de l'audace de petits joyaux télévisuels produits de l'autre côté de l'Atlantique ou de la Manche. La série pourrait d'ailleurs être bientôt exportée à l'étranger.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) vendredi 22 octobre 2010
En savoir plus
Site de la série
Article d'Excessif, Quickening : Maison close, quand la France s'émancipe
Article de TV Mag, Maison close : Et la tendresse, bordel !
Que calor, de l'autre côté des Pyrénées
Alors que tout n'est que fiction en France, dans la commune de La Jonquera (Espagne), la plus grande maison close d'Europe, le Paradise, vient de s'ouvrir. Deux salles de spectacle, 120 chambres, 200 prostituées (majoritairement roumaines) et une capacité de 600 clients, le tout pour séduire une clientèle à 80% française. Et oui, en Catalogne, à deux pas de nos frontières, les "puticlubs", comme on les appelle, sont tout à fait légaux.
D.B (www.lepetitjournal.com) vendredi 22 octobre 2010
Article de France Info, L'Espagne écope de la plus grande maison close d'Europe

