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LYDIE SALVAYRE – Entretien avec la lauréate du Prix Goncourt 2014

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 12 août 2015, mis à jour le 8 août 2015

Lydie Salvayre, lauréate du Prix Goncourt 2014 avec Pas pleurer participait à une rencontre organisée à l'Ambassade de France près le Saint-Siège, jeudi 11 juin. Son livre est à la fois une leçon d'histoire et le roman d'une vie. Au c?ur d'une époque troublée par la guerre civile espagnole et l'épuration meurtrière effectuée par la droite conservatrice et bénie par l'Église, deux voix ainsi que deux échos, celle de Montse, mère de l'auteure, en pleine quête de liberté, et celle du célèbre écrivain Bernanos, fervent catholique, s'entremêlent pour raconter la douleur et l'horreur de ces années 1936 et 1937. La réflexion de Bernanos deviendra ensuite Les grands cimetières sous la lune. En dépit du contexte historique, entre souvenirs et discours, ce roman amusant et accessible, met le lecteur au c?ur d'une conversation intime, à la tonalité rafraichissante, entre une mère et sa fille. Rencontre avec Lydie Salvayre, de passage à Rome.

Lepetitjournal.com : Le rapport entre la mémoire et l'histoire constitue un aspect fondamental de votre roman.  D'ailleurs, vous évoquez le changement physique de votre mère : "ma mère a été belle? aujourd'hui elle est vieille, le corps décrépit, elle souffre de troubles de la mémoire". Comment avez-vous abordé ce processus ?

Lydie Salvayre : C'est un des livres que j'ai écrit de la façon la plus aisée et la plus facile. J'étais heureuse chaque jour de m'y mettre. Concernant, la relation entre la mémoire et l'histoire, c'est vrai qu'en Europe, on est branché sur l'histoire. Néanmoins, j'avoue éprouver un certain agacement devant une littérature hypermnésique. En France, on vit, peut-être, dans un présent complètement amnésique, où les choses s'oublient sans arrêt. Bien que je participe à cette littérature hypermnésique, dans ce roman, j'avais le désir contradictoire de planter un personnage, celui de Montse, qui soit oublieux, afin de vanter les vertus de l'oubli, car sans oubli pas de souvenirs. Bref, à la fois un pied dans l'histoire et un personnage oublieux de toute l'histoire, sauf de celle qu'elle enchante. Je me suis peu occupé de l'histoire, c'est-à-dire de l'insurrection libertaire de 1936, pour me concentrer sur le vécu du personnage de Monste et, raconter son évolution ainsi que sa découverte de la liberté et de la vie : son passage du statut de femme ignorante, ne connaissant rien ni du monde, ni du sexe ni des hommes, à une position libre.

Ce livre raconte  la guerre d'Espagne et l'exil en France de vos parents. La condition de l'exil d'abord dans votre vie et ensuite dans ce roman joue un rôle essentiel. D'ailleurs, reconstruire une vie, celle de votre mère, en décrypter les souvenirs, et les restituer à la littérature a dû être assez difficile. Comment êtes-vous arrivée à prendre le recul pour raconter l'exil maternel et l'expérience libertaire espagnole ?

L.S. : D'abord, c'est peut-être pour cette raison que j'ai appelé le livre Pas pleurer, et que l'épigraphe du roman est une citation tirée du Don Quichotte de Miguel de Cervantes, ("¿De qué temes, cobarde criatura? ¿De qué lloras, corazón de mantequillas?",Don Quijote, II, 29, Ndlr), car  je voulais exprimer mon état d'esprit au moment de la conception du roman, évitant un récit larmoyant et douloureux sur l'exil. Lire la suite sur notre édition de Rome

logofbinter
Publié le 12 août 2015, mis à jour le 8 août 2015

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