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DARAN - Chanteur expatrié

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 24 octobre 2013, mis à jour le 6 novembre 2013

En 1994, Jean-Jacques Daran chantait le tube Dormir dehors avec son groupe Daran et les chaises. Depuis, l'homme a rangé le mobilier et s'est installé au Québec où sa popularité est plus importante qu'en France. Rencontre avec un chanteur qui a réussi grâce à l'expatriation.

(Crédit : Rémi Coignard-Friedman)

Daran a sorti cette année en France son septième album studio L'homme dont les bras sont des branches, opus produit par l'artiste, conçu au Québec et sur lequel on trouve des paroles de Miossec entre autres. Compositeur régulier de Johnny Hallyday et Florent Pagny, il a également écrit des musiques pour Maurane, Sylvie Vartan et Michel Sardou. Si celui qui chantait il y a 20 ans qu'il préférait dormir dehors, aime aujourd'hui passer ses nuits à Montréal, Daran espère néanmoins toucher plus largement le public français avec notamment le single Une caresse, une claque qui passe actuellement sur certaines radios de l'Hexagone.

LePetitJournal.com : Vous êtes parti vous installer au Québec en 2010. Pourquoi avoir choisi de vous expatrier ?
Daran : C'est une vieille idée. Si on remonte au début de l'histoire, il faut savoir que la première fois que j'ai entendu l'une de mes chansons à la radio c'était au Québec. Dans le premier album de Daran et les chaises J'évite le soleil (ndlr : sorti en 1992) qui est passé assez inaperçu en France, il y avait une chanson qui s'appelait Aquarium et qui a fait un hit radio ici. En France, il a fallu attendre Dormir Dehors et la sortie du deuxième album (ndlr : sorti en 1994). Donc le premier territoire où tout a démarré c'est le Québec, et j'y allais beaucoup. A l'époque déjà, j'avais pensé à franchir l'Atlantique parce qu'un territoire où quelque chose démarre c'est quand même assez rare dans ce métier, et puis au final ça a démarré aussi en France, donc ça s'est équilibré. Venir vivre ici, c'est une idée que j'ai toujours gardé en tête car j'aimais beaucoup le pays, les gens, la façon de travailler, le côté Amérique du Nord. Puis un jour, la vie a rendu mon départ possible et comme il ne faut pas mourir avec des regrets, j'ai franchi le pas. C'est à la fois un choix personnel et professionnel.

Qu'appréciez-vous particulièrement au Québec ?
Les gens, la mentalité en général, c'est vraiment un bain de jouvence. Les gens sont toujours contents, ont beaucoup d'enthousiasme, font plein de trucs. Ils sont plein de projets, la notion d'impossible n'existe pas, ils ont vraiment l'impression que ça ne dépend que d'eux. C'est très nord-américain. Les Français qui se trompent ici ce sont ceux qui pensent qu'ils vont trouver un morceau de France en Amérique. Ce n'est pas du tout ça. Ici, ce sont des Américains qui parlent français, donc si l'on n'est pas à l'aise avec la mentalité nord-américaine, ça ne marche pas. Par contre si on aime bien ce côté pragmatique, efficace, direct dans les rapports, là ça peut marcher. Ici c'est assez reposant, il n'y a pas de délit de faciès, tu n'as pas besoin de prendre une posture pour vivre. Je m'y sens très à l'aise.

Quels sont les choses qui vous manquent de France et que vous retrouvez avec plaisir quand vous y retournez ?
L'océan ! J'habitais en Bretagne, vraiment sur l'océan, donc ça c'est un élément qui est un peu nécessaire à ma vie et qui manque ici. Mais bon s'il y avait l'océan à Montréal, ce serait trop beau.

Il y a une communauté en ligne de fans très active autour de vous. Comment s'est-elle créée et quels rapports entretenez-vous avec elle ?
C'était des gens qui se déplaçaient pour me voir en concert, et avec l'arrivée d'Internet, ils se sont mis à s'organiser pour se retrouver sur certaines dates ou se covoiturer. Au début d'Internet, il y avait un site Daran.fr fait par la maison de disque mais c'était un site sans intérêt. Il s'est monté parallèlement un site de fans (ndlr : fandaran.com) qui a pris vraiment le dessus car il était très complet, très documenté, et fait par des gens passionnés qui avaient aussi monté des concours. Tant est si bien qu'évidemment je me suis penché sur leur berceau et je suis devenu copain avec certains d'entre eux. On a commencé à faire des choses ensemble, à structurer tout ça, et aujourd'hui parmi les personnes qui s'occupent de mon site (www.daran.ca) et de mon image, il y a quelqu'un qui vient de cette communauté-là.

(Crédit : Stéphane Portier)

Vous jouez quasiment tout le temps en concert, beaucoup de vos albums ont été enregistrés en condition live. On a l'impression que vous ne pouvez pas vivre sans la scène.

C'est un peu la base de notre métier et l'histoire me donne un peu raison puisqu'aujourd'hui si on a du mal à vendre des albums, la scène se porte bien, comme les spectacles vivants. Cette crise du disque n'en est pas tout à fait une je trouve. J'ai l'impression que ces derniers temps on avait tellement fait n'importe quoi, qu'aujourd'hui on est davantage dans un retour à la normal en ce qui concerne le disque. Certains ont fait tellement d'argent facile avec le disque qu'ils ont eu du mal à réagir et à se repositionner à partir du moment où les gens ont arrêté d'acheter des disques à plus de 20?.

J'ai toujours aimé le côté artisan de ce métier. C'est-à-dire que tu fais ton disque, tu vas le vendre toi-même sur scène et si les gens ont aimé, ils l'achètent. Ça a en tout cas éliminé beaucoup de choses, beaucoup de gens qui se contentaient de faire des disques avec l'appui de la technologie et qui étaient bien incapables de monter sur scène. Finalement, on se rend compte que les gens qui sont axés sur la scène, sur l'artisanat, sur les bons côtés de ce métier, arrivent à survivre.

Une de vos marques de fabrique, c'est votre éclectisme que ce soit dans vos albums ou même quand on regarde les artistes pour lesquels vous écrivez.
Comme beaucoup de gens, j'aime beaucoup de choses dans la musique, mais au moins je l'assume. Il faut évidemment distinguer ce que je fais pour moi et ce que je fais pour les autres car c'est presque un autre métier. Cela ne fait d'ailleurs pas si longtemps que je réalise des morceaux pour les autres. Ça ne m'avait même pas effleuré à l'époque de Daran et les chaises alors qu'on avait été sollicités. Peut-être avais-je peur de perdre mon identité en me mélangeant à d'autres gens. Pour être honnête, après le troisième album Déménagé (ndlr : sorti en 1997), ça ne marchait plus du tout. J'avais même pensé à arrêter de faire des disques. A partir de là, la question s'est posée de savoir si j'allais faire garçon de café ou autre chose. J'avais une fille à élever. Et puis, je me suis mis à faire ce que je savais faire, à savoir écrire des chansons et j'ai eu rapidement de la réussite, et ça m'a permis de repartir professionnellement. Lorsque l'on écrit pour les autres, le jeu est complètement différent, il s'agit de faire l'écrin le meilleur possible pour quelqu'un. C'est intéressant aussi de faire de la musique avec un peu de détachement sans avoir l'impression que l'on va mourir si on se trompe. Ça m'a permis, curieusement, de mieux me connaître moi-même. Plus je travaille pour les autres et mieux je sais qui je suis, et je peux aussi appliquer ce détachement à ma propre production.

Vous avez aussi composé la bande originale du film de Kad Merad Monsieur Papa sorti en 2011. Quelles sont les spécificités quand on travaille sur une musique de film ?
C'est quelque chose de très intéressant de travailler à l'image. Je voulais faire ça depuis longtemps mais le milieu ne m'avait jamais confié une musique de film entière. J'avais écrit une chanson par ci, une chanson par là. Merci à Kad, il m'a offert cette chance, j'espère que j'aurai l'occasion de le refaire. Cela a mis six mois du début à la fin même si je n'ai pas fait que ça pendant cette période. C'est quelque chose qui vous prend beaucoup de temps si on veut bien le faire. Il y a une partie du travail en amont que j'ai fait sur le scénario puisqu'il voulait quelques musiques et la chanson-titre avant de commencer à tourner. Puis quand tu as déjà pas mal de matériel, il y a une deuxième partie du travail qui se compose vraiment à l'image, selon les climats, selon les ambiances et selon le minutage aussi puisqu'il faut que ça commence ou que ça s'arrête parfois à la seconde près. Cette expérience a d'ailleurs été un autre élément déclencheur de mon émigration, car je suis allé travailler à New York pour Monsieur Papa et j'avais adoré ça. Kad voulait une bande son "américaine", je reprends ses termes, et que je chante en anglais. La proximité du Québec avec les Etats-Unis, c'est génial. Je travaille beaucoup à Los Angeles, à New York, c'est la porte à côté. Montréal-New York, c'est Paris-Brest en kilomètres.

(Crédit : Samuel Rozenbaum pour Utuh)

Le fait d'être plus populaire au Québec qu'en France, est-ce un regret ?

Non, le Québec est un territoire que j'ai toujours travaillé, que j'ai toujours aimé. Aujourd'hui, je suis content de faire tout ça ici. Mais bon, on ne désespère pas, vu que finalement l'éloignement amène des choses professionnellement. Curieusement, il se passe plus de choses quand on est loin que lorsqu'on est sur place. Le dernier album L'homme dont les bras sont des branches, on l'a sorti avec un an de décalage (ndlr : en février 2012 au Québec et en mars 2013 en France) puisque je voulais vraiment travailler sur le Québec et le Canada à fond d'abord. En France, les choses commencent sérieusement maintenant. Il y a de l'espoir, le single Une caresse, une claque est dans la playlist de radios qui ne me passaient plus, les dates parisiennes que j'ai faites étaient pleines, la prochaine semble l'être aussi. Ensuite il y a une grosse boucle en province, la tournée en mars prochain sera encore plus importante, puis si tout se passe bien une tournée de festivals en juin. J'ai un peu remanié la setlist pour que les gens qui sont déjà venus me voir en juin ne voient pas le même concert. Et je suis aussi en train de travailler l'album suivant?
Yann Fernandez (www.lepetitjournal.com) vendredi 25 octobre 2013

Les prochaines dates de Daran
21 octobre 2013 @ Verre Bouteille, Montréal  
9 novembre 2013 @ festival Sémaphore, Cébazat (France)
10 novembre 2013 @ Théâtre de Pochet, Béthune (France)
12 novembre 2013 @ la Bouche d'Air, Nantes (France)
13 novembre 2013 @ Le Café de la Danse, Paris (France)
14 novembre 2013 @ Sausheim (France)
15 novembre 2013 @ MJC, Gérardmer (France)
16 novembre 2013 @ Festival les Oreilles en Pointe, St Etienne (France)
18 novembre 2013 @ Spirit of 66, Verviers (Belgique)
19 novembre 2013 @ Magic Mirror, Bruxelles (Belgique)

Le Hall de l'hôtel, titre du nouvel album avec des paroles de Miossec joué à la télévision canadienne



Vidéo Daran et les chaises ? Dormir dehors


BA Monsieur Papa

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Publié le 24 octobre 2013, mis à jour le 6 novembre 2013

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