

Dans La stratégie de la poussette, en salles depuis le 2 janvier, Charlotte Le Bon est pour la première fois de sa jeune carrière d'actrice en haut de l'affiche, en compagnie du très prisé Raphaël Personnaz. L'occasion idéale pour partager un moment avec une Québécoise de 26 ans de plus en plus française.
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Lepetitjournal.com - Après un rôle secondaire dans la super production Astérix l'automne dernier, voilà un premier 1er rôle. C'est mieux ou pas ?
Charlotte Le Bon - Astérix c'était gigantesque, j'étais tout de suite dans la cour des grands. Là, c'est différent. J'ai tout d'abord été séduite par l'histoire, très bien écrite, très rythmée. Nous n'étions pas dans le cliché du film sur les bébés, qui est parfois un peu lourd. Et puis une ancienne Miss météo qui fait un film avec un bébé, je ne voulais pas ce que cela devienne un passage obligé ! En réalité ce film était pour moi une belle opportunité d'explorer le fait de jouer une vraie personne, pour une fois. Et ainsi sortir des coaches gouines et autres speakerines complètement folles bipolaires que j'ai pu interpréter sur Canal +. Et faire cela avec Raphaël, c'était quand même bien ! Il est assez balaise comme acteur, il se débrouille pas mal !
Comment avez-vous abordé le tournage ? Avec décontraction ou trac ?
Je suis une traqueuse. J'ai le syndrome de l'imposteur. J'ai sans arrêt l'impression de ne pas être légitime, de ne pas être au bon endroit, que les gens autour de moi sont 1.000 fois plus talentueux que moi et que la journée terminée tout le monde va me pointer du doigt et que je vais rentrer chez moi en me disant à quelle point je suis nulle. Mais j'essaie de passer au travers ! (rires) Parce que ça ne donnerait pas des films très forts !
Ce sentiment est-il renforcé par le fait que vous êtes une ancienne Miss météo qui passe au cinéma ? Les clichés ont la dent dure?
Il y a deux choses bizarres avec la météo. Quand on est engagé pour la faire, tout le monde nous dit : "ah c'est génial, ta vie va changer, tu vas devenir une star, tout le monde va te reconnaître dans la rue, tu vas faire du cinéma? C'est le début d'une toute nouvelle vie". Et dès que l'on commence à faire du cinéma, on te dit : "l'étiquette Miss météo, tu vas l'avoir pour toujours, tu ferais mieux de bosser comme un bourreau?" Après, tout le snobisme du passage télé-cinéma, je trouve cela un peu ridicule. Du moment que l'on fait ses preuves dans un film, cela suffit. Je ne suis pas en train de dire que je les ai faites. Mais on s'en fout un peu d'où l'on vient, l'important est d'être crédible dans le rôle que l'on nous a donné.
En France, nous aimons coller des étiquettes aux gens. Est-ce pour cela que vous n'avez fait qu'un an de Miss météo sur Canal Plus ?
Pas du tout. Quand j'ai commencé la météo, je ne me suis pas dit que j'allais faire du cinéma. Je n'avais pas de plan de carrière, et cela est dit sans hypocrisie. Ce n'était pas mon rêve de devenir actrice. J'ai relevé la météo comme un défi. Avec mon co-auteur Raphaël Cioffi, nous nous donnions chaque soir comme des fous pour faire le meilleur sketch du monde. Parfois cela marchait, d'autres pas. Après un an nous étions épuisés physiquement et psychologiquement. Même si la chronique ne durait que deux minutes, c'est un boulot énorme. Et donc, modestement, nous avons décidé de nous retirer. En faisant une deuxième année, nous nous serions tiré une balle dans le pied. Nous sommes partis la tête haute.
Vous travaillez toujours avec Raphaël Cioffi sur Le Grand Journal ?
Pour tout ce qui est télé, oui. Il va se lancer dans le cinéma d'ici peu, et je pense que nous pourrions nous lancer dans l'écriture assez vite. Notre duo est de la co-écriture. Parfois, il arrive avec une idée, il brode, bâtit un texte et moi je change des trucs. Et parfois c'est le contraire. C'est un vrai travail d'équipe. Nous étions des amis à la base, et nous sommes restés très proches.
Revenons au film. Il évoque la paternité, la maternité, le couple? C'est un peu anxiogène, non ?
Quand j'ai lu le scénario, j'ai su que ce ne serait pas le cas. Ce n'est pas un film sur un bébé. Le film ne donne pas envie particulièrement d'avoir un enfant. Raphaël Personnaz enfile le costume du père et se sert du bébé comme un vulgaire outil de séduction. Nous ne nous gênons pas pour fumer devant lui, s'insulter, vivre quoi ! C'est assez burlesque et ça me plaît !
Cette stratégie de drague fonctionnerait-elle avec vous ?
Pas du tout ! Un homme avec un bébé, ça me fait fuir. Je me dis qu'il est casé, sa vie est écrite à l'avance, il aura son enfant pour toujours, je ne veux pas être un nouveau pion. Ça non ! À moins que ce ne soit Ryan Gosling, peut-être que j'étudierais la question. Il faudrait que l'on discute quand même? nus dans son lit ! (rires) Mais sinon, pour les plans dragues, je suis assez nulle quand je veux séduire. Ça ne marche pas. Faut que je fasse des blagues stupides, que je me mette en danger ou que je sois ridicule. Souvent c'est ma maladresse qui touche les garçons.
Quel est le plan drague le plus pourri que l'on vous ait fait ?
Vous savez les gens qui viennent vers vous et qui vous insultent un peu méchamment ? Vous ne connaissez pas ? Ou sinon, des messages genre "tu veux pas venir prendre un bain dans ma baignoire bleue ?" C'est l'avance la plus étrange que j'ai jamais eue de ma vie ! Déjà, pourquoi justifier la couleur de la baignoire et pourquoi m'inviter dedans ?! Je n'ai pas osé répondre?
Pour vous qualifier, les journaux utilisent les mots "fraîche, pétillante, drôle, belle, québécoise?". Lequel vous touche le plus et lequel vous déplaît ?
"Québécoise", ça commence à me faire chier. Il faut en revenir à un moment donné. Après, c'est comme ça. J'ai l'impression que la différence est un truc qui vous excite vous les Français ! (rires) Désolé d'être vulgaire, mais j'en ai plein le cul des clichés sur les Québécoises. Ensuite, celui qui me fait le plus plaisir ? Tout ce qui est "drôle, pétillante, fraîche". Le côté joli, aussi, n'importe quelle fille saine d'esprit est touchée par cela. Mais étant donné que j'étais mannequin avant et que mon physique était ma façade la plus exploitée, j'ai donc plus l'habitude qu'on en parle.
C'est justement lorsque vous étiez mannequin que vous avez commencé à découvrir la France?
Le marché français était très généreux avec moi, c'est ici que je bossais le mieux, pour une raison un peu floue. On m'a dit que j'avais un visage très français, je ne sais pas si c'est vrai et j'avoue que je ne sais toujours pas ce que cela veut dire ! Je faisais l'aller-retour entre Paris et Montréal. Retourner 3 mois à Montréal, après 3 mois en France m'apaisait. Car je détestais le milieu. Et je n'avais pas encore mon cercle d'amis, j'étais comme une touriste qui venait bosser, je me sentais seule.
C'est différent aujourd'hui ?
Oui, j'ai rencontré quelqu'un, j'ai mes amis. Je ne retourne plus à Montréal que 2 à 3 fois par an.
Que vous manque-t-il de votre ville natale ? Et que détestez-vous de la France ?
À Montréal, la décontraction et la coolitude des gens et de leur mode de vie est unique. Ils ne se posent pas trop de questions, ils sont juste gentils. En France, ce qui m'énerve le plus ce sont les chauffeurs de taxi. Je pense qu'ils doivent être classés parmi les pires au monde. Vous n'avez pas remarqué ? Leurs taxis puent, tout est décousu, ils vous insultent? Je les déteste. Mais je les prends quand même !
Vous considérez-vous aujourd'hui comme une expatriée ?
Plus maintenant. Car je n'ai jamais autant bossé qu'ici, je ne me suis jamais sentie autant à ma place qu'ici. Je ne me sens pas particulièrement française, mais je me sens à ma place. Je ne m'imagine pas ailleurs en ce moment. Professionnellement, sentimentalement, tout est ici, tout est fondé. Je sens que mes racines sont en train de prendre ici. Mais je ne suis pas encore prête à me dire Française, c'est une autre étape !
Jérémy Patrelle (www.lepetitjournal.com) mardi 8 janvier 2013
La stratégie de la poussette (1h30), un film de Clément Michel avec Raphaël Personnaz, Charlotte Le Bon, Jérôme Commandeur, Camélia Jordana, Julie Ferrier, François Berléand?
À force de refuser l'engagement à deux, Thomas (Raphaël Personnaz) se fait larguer par Marie (Charlotte Le Bon) après un an de relation. Leur coup de foudre n'a pas survécu à la routine, ni aux incertitudes professionnelles de Thomas. Un an plus tard, un bébé tombe littéralement dans les bras de Thomas. Il a alors une idée qu'il estime brillante : se servir du bébé pour récupérer sa douce. Comédie romantique simple sans être simplette, La stratégie de la poussette séduit par sa tendresse, son humour tendre et efficace, et le duo Personnaz-Le Bon qui se complète à merveille. L'ancienne Miss météo démontre qu'elle a tout le talent et la fraîcheur nécessaires pour évoluer dans ce genre de comédies. Quant à Raphaël Personnaz, il débute là une année 2013 riche en événements puisqu'on le reverra dans After le 30 janvier, et Au bonheur des ogres le 10 avril.

