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VOS TEMOIGNAGES - Femmes d'expat, un enfer au paradis ?

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 15 mars 2010, mis à jour le 5 septembre 2013

La vie de femme d'expat, voilà un thème qui vous inspire ! Vous avez été nombreux à partager avec nous votre expérience de vie à l'étranger, en maniant l'humour et l'émotion, coups de blues et coups de gueule, et nous vous en remercions. Lepetitjournal.com est ravi de vous donner la parole

VOTRE AVIS - Les thèmes suivants seront très prochainement abordés dans lepetitjournal.com. Votre avis nous intéresse !
Education : Pourquoi choisir une école internationale ?
Avez-vous scolarisé vos enfants hors du système français? Quels sont selon vous les atouts des écoles internationales par rapport aux écoles françaises? Témoignez en nous écrivant : votreavis@lepetitjournal.com, en n'omettant pas de nous donner votre nom et lieu de résidence.

VOS TEMOIGNAGES - Femmes d'expatriés : Un enfer au paradis?

Claire, Turin : “être femme d'expat est un sacerdoce”
Dans certaines multinationales, être femme d'expat est un sacerdoce.
Tant qu'il y a encore des enfants à la maison, la résolution des problèmes familiaux de santé, école, logistique, entraine une sorte de stratégie de survie. Qui se passe bien la plupart du temps.
Mais… Quand il n'y a plus d'enfant, là se pose un problème qui n'existait pas avant :
c'est la survie personnelle. Sans racine, sans famille (le conjoint expat est "absent" et non compréhensif parce que lui-même intégré dans une structure à peu près connue), la femme d'expat doit faire face à plusieurs problèmes. La solitude affective, la solitude culturelle sont profondes. Surtout si c'est une nième expatriation. Car à 30 ans, l'univers personnel est encore malléable, mais à 50 ou plus, elle en a vu beaucoup et beaucoup ne l'intéresse plus. Une plante adulte dont on coupe les racines pour la mettre dans un plus petit pot ne peut pas s'épanouir. C'est impossible.

En plus de cette immense solitude, les femmes ont rarement été reconnues comme importantes pour la réussite de l'expatriation. Je connais un PDG ayant remercié un jour ces dames, d'une façon tellement légère, qu'on devrait le mettre une année à la place de l'une d'entre elles. Pour voir. Dans le cas où le pays est déjà "connu", une aide à l'intégration (langue,difficultés...) un dossier pourrait être remis à chaque femme. Mais en fait, elle se retrouve exactement dans la position de l'explorateur qui arrive les mains vides. Fournir un toit n'est même pas toujours prévu. Laissez-moi m'asseoir, je vais devoir rire. Peut-être que certaines entreprises peuvent imaginer que les Accueil de chaque nouvelle ville vont se charger de ce problème? Hélas, chaque accueil est composé des nouveaux arrivants, aussi démunis que ceux qui arrivent. Toujours en position instable et en instance de départ...

Les femmes d'expat doivent être particulièrement fortes. Qu'elles décident de vivre une vie "autour de la piscine" ou qu'elles décident de s'intégrer et de comprendre le pays où elles vivent.
Je leur tire mon chapeau. Ceux qui regardent ça de loin en en parlant superficiellement peuvent changer de sujet et aller lire un roman ailleurs.

Sabine, Allemagne : "Une femme d'expat ? C'est... un petit oiseau dans une splendide cage dorée"
Femme au foyer, vivant depuis dix ans en Allemagne.
A l'attention des futurs et bienheureux expatriés à qui je souhaite de vivre une expérience enrichissante. Le boulot quoiqu'on en dise, c'est sacré. Il faut veiller à rester heureux car nous le valons tous bien.

Une femme d'expat ? C'est... Comment dire ? Un petit oiseau dans une cage. Une splendide cage dorée. Au début, le petit oiseau est content. Il mange toujours à sa faim. Matin, midi et soir et ce, sans se lever le matin aux aurores, ni se tuer à la tâche. Petit oiseau n'aurait jamais imaginé se payer un tel luxe dans la vie. Un quartier résidentiel bon chic, bon genre. Un appartement spacieux. Une école privée pour ses enfants. Par ailleurs, son conjoint semble ravi et surtout fier de gagner plus d'argent et de faire un boulot super passionnant. Il en parle à tout va, avec emphase. Petit oiseau lui, reste coi. En particulier dans les dîners.

La première année, le petit oiseau fait corps avec son conjoint. Il s'enthousiasme. Et cui cui cui et cui cui cui. "On a eu raison, hein ?" Bref, les inconvénients liés à un nouveau langage, à une nouvelle culture, à un nouveau mode de vie font partie intégrante du grand changement. Ces inconvénients parsèment la vie du petit oiseau d'appétissantes graines de tournesol. Futurs pétales tournés vers le soleil. Et cui, cui, cui... Vive les changements ! Le petit oiseau s'adapte tant bien que mal. Il met le paquet pour réussir même s'il y a des jours avec et des jours sans. Evidemment. Mais dans l'ensemble, le petit oiseau se débrouille. D'ailleurs, le petit oiseau est finalement plus proche du pays hôte que son conjoint. Petit oiseau fait les courses tout en s'essayant à une nouvelle langue, cours de langue intensifs et gratuits. Il fait le tri des poubelles et le ménage. Les démarches administratives. Il endosse le quotidien sans se plaindre. Il est fier de ses multiples prouesses dont il ne se serait jamais cru capable. Sa promotion virtuelle réside entre une pointe de satisfaction évidente d'avoir contribué au bonheur de sa famille et une pointe de sagesse.

Puis soudain, viennent les interrogations. Lancinantes. Sournoises. Celles venues d'une nouvelle dimension. La quatrième... année d'expatriation. Celle qu'on avait pas vu venir tellement le temps passe vite. La cage pourtant mille fois plus belle que dans son pays devient trop étroite. C'est étrange. Comme si la superbe cage dorée, sans crier gare, se transformait subitement en bunker. Le petit oiseau voudrait autre chose à présent. Il en a marre. Il n'en peut plus de vivre aux crochets du Titi plein aux as. Il piaffe d'impatience lorsque son Titi souhaite encore et encore de la promotion professionnelle. Il veut rester lui, à l'étranger, et le petit oiseau en cage voudrait bien retourner dans son Païs, là où l'attendent ses anciennes activités professionnelles, ses mille et une recettes culinaires, son cinoche préféré, ses pièces de théâtre adorées, ses expressions linguistiques à la sauce Molière... et c'est sans compter :
- ses anciens collègues qui insistent "alors tu reviens ou pas ? Faut que tu nous fasses ta lettre de démission maintenant ...",
- sa famille qui accuse le coup : "ben alors ? On te voit plus du tout... C'est pas bien.",
- ses amis qui ne manquent pas d'humour : "t'es qui toi ? T'as changé dis donc ! Tu t'es pas un peu empâtée."

Tout lui manque au petit oiseau empâté. Quand il remet une patte dans son rose Païs, le petit oiseau devient un flamant. Il revit. Il a l'air libre. Il se nourrit de bonheur. Le bonheur de retrouver ses racines. Roses elles aussi. Petit oiseau était vraiment en état de manque. Et lorsque celui-ci doit impérativement retourner dans son quartier résidentiel allemand bon chic, bon genre, curieusement, le piaf fait la tronche. Veut plus chanter. Veut plus faire d'efforts. Veut plus s'enthousiasmer. En outre, l'oiseau n'attire plus du tout la sympathie. Son mari, le Titi plein aux as, est triste et ne comprend pas. "C'est pourtant bien ici, non ? On a jamais eu autant de blé... J'peux plus revenir en arrière, tu comprends ? Y'a pas de boulot comme ça en France..."

Le piaf va de plus en plus mal. Parfois, il songe à un gros minet qui l'emporterait définitivement dans ses griffes pour le bouffer.  Petit oiseau en cage rumine d'avoir tout quitté pour un conjoint égoïste, lequel n'aurait jamais osé faire ce sacrifice pour petit oiseau. Le piaf rumine également de se faire régulièrement rabrouer par son ado en crise, lequel ne voudrait plus retourner, ne serait-ce qu'une minute, sur les bancs d'une école française. Le petit oiseau change. Il devient vache et perd l'essence même de sa généreuse personnalité. Il se replie dans des activités qui ne lui plaisent guère, où tout lui paraît fumier. Il regrette amèrement son job payé une misère mais qui au moins, le rendait utile à quelque chose car oui, s'il est une difficulté majeure pour une femme d'expat, c'est de ne plus gagner sa vie. De ne plus avoir d'autonomie. De dépendre de quelqu'un. De perdre l'estime de soi-même. De ne plus exister. La femme d'expat, femme au foyer, ne vit qu'au travers de sa famille dévorante. Vilain retour en arrière, n'est-ce pas ? On se croirait dans une autobiographie de femme des années cinquante. Et pourtant... On est en 2010.
ALORS SUIVRE SON MARI ? OUI ET MILLE FOIS OUI BIEN SUR MAIS...  AVEC UN BOULOT EPANOUISSANT POUR LES DEUX.

Anne, Buenos Aires – “Le pauvre, il va s'ennuyer !”
Je suis expatriée depuis 16 ans dans le sillage de mon mari. Profession : ingénieur dans une autre vie, femme d'expatrié, polyglotte, et mère de famille nombreuse.
Profession (bis) : rattrapée par le désir d'écrire de mon adolescence il y a quelques années -
http://anne.delacharlerie.over-blog.fr/. Et puis j'adore chanter.

Le plus souvent, dans les couples qui s'expatrient, le seul qui bosse, c'est Lui.
Elle, elle suit, de plus ou moins bon gré, et en signant sa lettre de démission de son boulot à elle avant le saut dans le vide du grand départ, elle signe également tacitement un contrat (sans solde...) bien pratique pour tout le monde, à commencer par l'employeur dudit mari qui feindra pourtant toujours de la prendre pour une sale gamine capricieuse. D'autant que son cher mari, elle le verra beaucoup moins qu'en France, car les trente-cinq heures, je vous jure que c'est d'un exotisme fou, finalement !

Dîner d'expats l'autre soir.
Un couple inhabituel : ils viennent d'arriver, c'est Elle qui bosse et Lui qui a démissionné.
Teneur de la conversation : mais le pauvre, il va s'ennuyer !!

Eric, Athènes : “Les échecs en matière d'expatriation sont dus à la dépression du conjoint
L'expatriation, le paradis? Pas nécessairement, en particulier lorsqu'il n'y a plus d'enfants dans le ménage, que le conjoint ne peut travailler, que la langue est complexe et que les comportements locaux sont très différents (en particulier lorsqu'ils sont agressifs ou moins respectueux des femmes). Occuper son temps, se forger des amitiés locales autres qu'au sein de la communauté réduite des expatriés, se mouvoir dans et régler les problèmes du quotidien, peuvent rapidement devenir des problèmes. Ces derniers relèvent de l'accessoire dans l'absolu mais peuvent devenir irritants par leur nature et leur multiplication. S'additionnant, et à défaut du tissu de relations sociales dont on dispose « chez soi », ils peuvent créer des situations dépressives… en dépit du soleil et de la mer.
Il semble d'ailleurs que 90% des échecs en matière d'expatriation soient dus à la dépression du conjoint, éloigné de ses enfants, de sa famille, de ses amis et, en général, de son tissu social, largement non professionnel.

Sophie, Coach expat, Paris : "Paradis vu de l'extérieur, à l'intérieur et au retour c'est autre chose".
De nombreuses clientes viennent à mon cabinet pour aborder en profondeur cette délicate question!


Françoise, Barcelone : “Je suis seule les trois quart du temps sans amies, sans famille
Voici vingt et ans que je suis femme conjointe d'expatrié. Tout d'abord en Suisse Italienne, puis en Catalogne.
M'étant expatriée à l'âge de quarante trois ans, je n'ai eu aucun emploi, étant trop âgée, m'a-t-on dit et de plus ne parlant pas la langue correctement. Quand j'ai maîtrisé l'italien, mon mari a eu la bonne idée de venir à Barcelone pour s'épanouir dans son travail (comme il dit).
Peut être s'épanouit-il, mais pas à Barcelone puisqu'il voyage souvent, donc je suis seule.
Etant fatigué au retour de ses voyages, il a tenu à ce que nous habitions à trente kilomètres de Barcelone, en pleine nature.
C'est vrai l'endroit est bucolique mais pas évident lorsque l'on veut goûter aux plaisirs de faire quelques emplettes à Barcelone. Il n'y a aucune facilité pour apprendre l'espagnol. Car ici m'a-t-on dit c'est le Catalan qui prime.
Mais lorsque vous essayez de parler en Catalan dans les boutiques une fois sur deux on vous réponds en espagnol. Quand aux administrations et centre médical je préfère ne pas en parler. Tout au début de mon arrivée j'ai eu une doctoresse qui m'a dit je ne peux pas vous soigner si vous ne parlez pas le Catalan. Quand au pharmacien au lieu de me dire Signora il faisait signe à sa vendeuse en lui disant "occupez vous de” la communautaire “.
Donc je suis seule les trois quart du temps sans amies, sans famille.
Bien sûr je ne devrais pas me plaindre j'ai une belle maison et un jardin à m'occuper, mais voilà la solitude pèse parfois.
J'ai eu une chatte pendant vingt et ans qui m'a beaucoup aidé à accepter de vivre en ermite.
Je dirais qu'être femme d'expatrié à un certain âge, c'est la solitude assurée surtout lorsque le mari voyage.heureusement que j'ai la force de m'extraire de temps en temps de cette situation par l'écriture, la lecture et le sport. Trois critères qui me sont indispensables pour accepter de vivre ainsi. Il est certain qu'au bout de tant années j'ai dompté ma solitude mais à quel prix !
Bien sûr cela peut paraître presque qu'indécent de se plaindre de cette situation, il y a certainement plus malheureux que moi. C'est ce que je me dis lorsque le moral n'est pas au beau fixe.
Mais ce serai à refaire, je mettrais des conditions avant de partir.
J'habitais Paris 9eme  et j'avais un emploi avant d'entreprendre cette aventure qui dure depuis plus de vingt et ans. Au fait en vous écrivant il me vient à l'idée qu'il est peut être encore temps de réagir. Rien n'est définitif.

Anne-Cécile, Barcelone : “A la longue, les difficultés prennent le pas sur la nouveauté
Le problème n'est pas tant de"quitter son travail pour dépendre financièrement de son mari" ou de "n'être plus que la femme de", ce qui n'est pas forcément lié à une expatriation.
À mon avis, la difficulté réside plus dans le fait de vivre dans un autre pays, d'être loin de sa famille, de devenir "une étrangère", d'avoir du mal à se faire des amis à cause de la barrière de la langue, ou des langues, dans certains cas. Le fait de ne pas travailler peut, il est vrai, ajouter à cet isolement le manque de lien social, le fait de ne pas avoir de collègues, ni de revenus pour garder son indépendance.  Les premiers temps, l'expatriation peut paraître vivifiante par son côté nouveau, par les cours de langues qui nous enrichissent, par les réseaux d'expatriés qui, quand ils existent, peuvent nous soutenir. Mais à long terme, si l'ennui prédomine, la difficulté de trouver un travail à cause du problème de validation des diplômes à l'étranger, de la barrière de la langue, ou des langues, font que la vie n'est plus si rose. Si la possibilité de retour en France subsiste, si l'expatiation est pour une durée déterminée, il est plus facile de surmonter ces difficultés. Mais si ce n'est pas le cas, et qu'un retour en France paraît difficile, voire improbable, l'avenir dépend plus du métier du mari et des éventuelles oportunités qui peuvent se présenter à lui, reléguant la femme au second plan. Ou alors c'est elle qui cherche un travail en France, mais alors la question de la séparation physique du couple ou de la famille intervient, si le mari ne suit pas... Bref à la longue, les difficultés prennent le pas sur la nouveauté... À moins que l'intégration soit réussie, que la langue, ou les langues, soient maîtrisées, que la famille ne manque pas tant que ça, que la femme s'épanouisse dans des activités bénévoles ou non. Mais cela ne me paraît pas la majorité des cas.

France, Milan - “Beaucoup de bonheur mais aussi beaucoup de deuils...”
Nous sommes depuis plus de 3 ans à Milan, en Italie. Ayant la chance de pouvoir choisir entre travailler ou non, j'ai opté pour la 2eme, mais en m'impliquant à fond dans du benevolat. C'est à Milan accueil que j'ai pose mes valises et j'en suis ravie.C'est passionnant de rencontrer toutes ces personnes qui arrivent des 4 coins de la planete et qui ont vraiment besoin de donner.Tout ce bouillon d'idee pour faire vivre l'assoss...mais c'est difficile de voir eternellement tous ces departs... Même frustrant car on aurait envie de prendre plus de temps pour mieux connaitre tous ces visages qui passent..Ma è così la vita des expats...Beaucoup de bonheur mais aussi beaucoup de deuils...Cela ne fait que la 9ème fois que nous déménageons...!


F., Bangkok - “Tu as besoin de moi, et j'ai besoin de toi”
Lors de ma première expatriation, à l'occasion de mon voyage de reconnaissance, la femme qui m'a accueillie m'a dit : “Tu as besoin de moi, et j'ai besoin de toi”. Voilà en quelque sorte la "devise" de la femme d'expat. Loin de nos familles, débarquant dans l'inconnu, tout est à construire, mais la femme d'expat n'est pas seule, autour d'elle, d'autres sont comme elle, d'autres ont besoin d'elle. 
La vie de femme d'expat, c'est aussi beaucoup de facilités matérielles, donc beaucoup de temps pour soi. Ce temps, il faut savoir l'utiliser à bon escient, pour se sentir utile.
En Thailande, beaucoup d'associations existent et beaucoup de femmes d'expat comme moi, mettent leur temps, leur talent, leur énergie pour de belles causes : les orphelinats, les visites de prison, et autres associations caritatives comme "Esprit Karen", visant à venir en aide aux Karens, ethnie du nord de la Thailande.

Marie-Odile, Hong Kong - "Nous sommes libres et la liberté est difficile"
En tant qu'expatriée et coach travaillant avec des femmes d'expats qui recherchent un projet professionnel, je voudrais revenir sur ce qui, pour moi, sont des fondamentaux et qui permettent de prendre du recul et de vraiment s'en sortir
1) Nous sommes libres et la liberté est difficile
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, en toute circonstance et en particulier en cas d'expatriation, nous avons toujours la liberté de nos réactions par rapport à ce qui nous arrive. Personne ne peut toucher l'intimité de nous, même si nous le décidons.
En effet, si nous le voulons, nous pouvons ne pas être prisonniers du regard social qui fait de la femme expatriée, la femme de Monsieur, la mère au foyer, l'oiseau futile dans une cage dorée…ni même de notre propre regard qui ne voit que ce que l'on a perdu : job, maison, amis, relations et famille.  Bien sûr, à première vue, nous ne sommes pas maîtres de ce que nous ressentons spontanément (la solitude, la dévalorisation sociale, la perte d'estime de soi et de confiance en soi) mais nous sommes toujours maîtres de nos réactions, de nos actes qui nous permettent de transformer ses sentiments en des réalisations et des ressentis positifs.  Parce que, en réfléchissant bien et en étant face à nous même, qui nous en empêche ? …peut être juste nous-mêmes. Et, pour donner dans la provocation : en quoi cela nous arrange-t-il de rejeter la difficulté sur la société, le conjoint, la société qui l'emploie ?...
Pour cela, il faut mettre une distance et un temps entre nous et l'événement qui nous affronte. Il faut en prendre la décision.  C'est difficile, pratiquement impossible dans les premiers mois de l'expatriation mais faisable lorsque la logistique et l'intendance sont assurées ou avant de partir, si le départ n'est pas trop précipité. Prendre du recul est aussi salutaire pour pouvoir faire du bouleversement qu'est l'expatriation une opportunité

2) Nous avons besoins de valeurs pour étayer notre action
L'opportunité en expatriation est de trouver et/ou de consolider ses propres valeurs et de s'atteler à les exploiter.   
Prendre le temps de trouver et/ou de reconsidérer les valeurs les plus importantes de sa vie en ce qui concerne son projet professionnel, la famille (conjoint et enfant), les amis, la vie sociale et associative, la vie spirituelle. Puis les traduire en réalisations potentielles ou au moins en pistes à explorer avant de trouver les réalisations possibles.
Mais là, il faut rappeler deux choses de très pragmatiques : on ne peut pas tout faire en même temps, il faut choisir ses priorités, accepter au début l'urgence, la nécessité de l'intendance mais se fixer une échéance à partir de laquelle on ne se laisse déborder par trop longtemps pour rester ou redevenir maître de ce que l'on fait.
Une autre chose très importante : il faut éviter de rester seul. Il faut savoir qu'il y a presque toujours quelqu'un à coté de vous qui éprouve le même ressenti, qui cherche à réaliser quelque chose et qui peut partager avec vous. La solidarité, cela existe.  De plus, si on est perdu dans un endroit impossible, il y a Internet qui vous permet de vous relier à qui vous voulez. J'ai moi-même déjà proposé des coachings par le net.

3) Nous sommes capables de créer
Une fois, les valeurs posées, il faut comprendre qu'elle sont les compétences que l'on a acquises et qui sont transférables partout et commencer à «think out of the box», à penser hors de son cadre, à regarder autour de soi, s'ouvrir à toutes les rencontres même celles qui ne nous tentent pas, être solidaire avec les femmes qui vivent les mêmes aventures et chercher les opportunités qui peuvent se concrétiser. L'expatriation rend les rencontres faciles, on peut tout oser ou presque. Il y a énormément de réseaux que l'on peut exploiter : associations, réseaux internet. La communication par Internet permet de se renseigner sur les possibles dans tous les domaines, de se former, de créer lorsque cela n'est pas possible dans le pays ou la région où l'on vit.
Ne nous laissons surtout pas enfermer dans des carcans d'impossibilités. Les femmes ont toujours su créer, en commençant par leurs enfants à qui elles transmettent la vie et toute une éducation faite de savoir, savoir faire et de  savoir être. Si nous savons tant donner aux autres, profitons en aussi pour nous-mêmes !

MPP (www.lepetitjournal.com) lundi 15 mars 2010

Notre dossier :
Femme d'expat : la vie enchantée ?
3 QUESTIONS... à Françoise Cazalis, rédactrice en chef de Femmexpat.com

De notre édition de Singapour :
DOSSIER - Femmes conjointes d'expatriés à Singapour, un effet Canada Dry
Les femmes d'expatriés ne vont pas toutes au paradis
De notre édition de Varsovie : Conjoint d'expatrié en Pologne

logofbinter
Publié le 15 mars 2010, mis à jour le 5 septembre 2013

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