

Barrez-vous ! Désertez ! Tentez votre chance à l'étranger, goûtez à la mondialisation? Tout le monde en parle. Libération ouvrait jeudi son "Forum Eco" à Sciences Po par ce thème "Barrez-vous !" qui semble être sur toutes les lèvres. La ministre des Français de l'étranger était présente pour défendre sa vision de l'expatriation. Elle et les autres intervenants se sont accordés à encourager les départs, qui forment la jeunesse.
Barrez-vous pour mieux revenir, c'était la teneur de la tribune rédigée par Felix Marquardt, Mouloud Achour et Mokless et parue en septembre 2012 dans les colonnes de Libération. La vague médiatique créée par ce cri du coeur contre le marasme français n'en finit plus d'inonder les débats, et ce, jusqu'à Sciences Po.
"BARREZ-VOUS" - Les Français doivent-ils apprendre l'expatriation ?"Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez vous !". Rédigée par le rappeur Mokless, le journaliste Mouloud Achour et l'intriguant communicant Félix Marquardt, la tribune publié en septembre 2012 exhortait la jeunesse française à mettre le nez dehors, à rouler sa bosse hors de France. |
Helène Conway-Mouret s'empresse de rétablir cette vérité avant l'entrée dans le vif des débats : il ne faut pas fuir, déserter la France comme le suggère l'expression "Barrez-vous", mais découvrir d'autres horizons pour revenir plus fort. C'est le parcours remarquable de Thierry Marx, le désormais célèbre chef-cuisinier français invité par Libération à la conférence. Pour lui sa réussite est sans hésitation due à ses expatriations. Jeune cuistot, alors qu'il cherche à pénétrer le monde du travail, il n'a "jamais le bon profil". Trop jeune, trop vieux, pas assez d'expérience, pas assez parisien peut-être même, Marx se résout à l'expatriation. L'Australie se révèle alors une terre d'accueil où le simple fait d'être français lui ouvre toutes les portes. Ces mêmes portes qui lui étaient fermées au nez alors qu'il était en France.
C'est cette équation ambiguë qu'il faut admettre, la France n'est plus un moteur dans la croissance internationale, mais son rayonnement et son patrimoine continuent à faire rêver à l'étranger. La ministre récemment en déplacement aux Etats-Unis nous fait part d'un témoignage révélateur. A Greenville, elle rencontre un couple de boulangers français. Après une carrière morne en France, les deux artisans s'expatrient. Ils rencontrent alors un succès extraordinaire en apportant une certaine idée du savoir vivre français au c?ur de la Caroline du Sud. Une formule simple mais qui fonctionne.
Sans hypocrisie, les intervenants admettent que la croissance est ailleurs, que l'expatriation est aussi une façon de contourner le non-emploi dans l'hexagone. Mais tous insistent sur le caractère formateur de cette expérience, "fut-elle ratée" précise le directeur de la communication du Groupe Total, Jacques-Emmanuel Saulnier. Au sein d'un groupe international comme Total, l'opinion est tranchée : entre deux CV de qualifications équivalentes, celui qui aura goûté à l'étranger est toujours privilégié.
Des mots qui s'impriment efficacement dans l'amphithéâtre de Sciences Po Paris où les élèves partent tous étudier à l'étranger pour leur troisième année.
David Attié (www.lepetitjournal.com) Samedi 23 novembre 2013

