Imaginez un Français, qui ne connaît le Sahara que par les cartes géographiques. Perdu dans son imaginaire du désert, qui représente quand même 95 % de son pays d'accueil, on lui propose une « virée » d'une semaine dans les sables brûlants dont il n'a vu que des images pleines de romantisme et de beauté naturelle de couchers de soleil sur des dunes sans fin. Essayez de l'imaginer? Le désert ce n'est pas ça, pas ça du tout?
Mohamed, à la fois amoureux de son pays et de son métier d'organisateur de voyages, attend à Sharm El Sheikh. Notre voyageur solitaire ne connaît pas le programme, en fait il n'y en a pas. Cela commence comme tous les voyages de la même sorte, lui explique-t-on, et ensuite on aura des surprises.
Première surprise : parti pour une promenade dans le désert, notre touriste d'opérette, n'avait pas imaginé que son ami lui avait fait une cachotterie de taille : la promenade dans le désert du Sinai durera une semaine complète.
Notre témoin, six jours plus tard, a marché, monté un chameau -pour un vrai déplacement dans l'univers qui n'appartient qu'à ces animaux- et qui n'a rien à voir avec le tour des pyramides organisé pour les touristes, visité en 4x4 des coins dont son imagination ne pouvait lui faire pressentir l'existence. A Wadi Asdod Oasis, il a découvert un coin de paradis entouré d'une immensité de pierre et de sable. Il a aussi aimé par dessus tout les « Elnoamis », très vieilles maisons de la Shoogira Valley : "Des bâtisses qui ne tiennent que par la foi de leurs habitants, c'est la misère de Dickens avec le sourire et le soleil en plus."
Et puis il a dormi à la belle étoile, déjeuné et dîné avec des autochtones qui l'ont accueilli comme un frère. Mais surtout, il a pris la vraie dimension du désert .
Une vraie immersion
Ce mélange de marche, de chameau et de transport par 4x4 permet de mieux "déguster"le désert. De le toucher, de le sentir, de vivre avec pleinement et de s'approcher un tout petit peu de ce que les touaregs, bédouins et autres peuples du désert vivent ou plutôt vivaient.
Bien sûr, admet-il, ma douche dans ma salle de bain, confortable et rangée, m'a manqué pendant 3 de ces 6 jours. Bien sûr, il faut ne pas oublier ses chaussures de marche "spéciales désert", son chapeau et tous les accessoires nous protégeant du soleil. Bien sûr, il faut oublier nos a priori sur la vie "sauvage"(elle ne l'est plus du tout mais en donne les apparences, à nous, gens de la ville). Je sais que ce n'est pas original mais le désert est fantastique, riche et foisonnant. Il n'a rien à voir avec ce tas de sable ou de pierres statiques que nous montrent les photos souvenirs. Il bouge, il vit, son silence est assourdissant et m'a surpris par sa profondeur incroyable lors d'insomnies durant lesquelles je me promenais autour de notre camp. Le désert est vivant. Il est la preuve de notre toute petite dimension au regard de cette nature qui restera, je l'espère, indomptée et indomptable."
François de Martino. (www.lepetitjournal.com, Le Caire), 23 Août 2007
Ce voyage a été organisé et préparé par Ahmed Mohamed Hifny. Pour le contacter desertsdegypte@gmail.com