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THEATRE-F**K Darwin, la dernière performance d'Ahmed El Attar

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 12 septembre 2007

Au 8ème jour du Festival de Théâtre Expérimental du Caire, Ahmed El Attar, a présenté une performance jouée en monténégrin, anglais et arabe égyptien : F**K Darwin, or How I have learned to love socialism

 Une famille frappée de plein fouet par la culture mondialisée (Photo Mohamed Fathallah)

Les spectateurs sont sur la scène même, profonde et spacieuse, la performance se déroule à proximité et tourne ainsi le dos à l'immense dôme de la salle du Ballon Theater, étrange équivalent architectural du Globe Theater de Shakespeare à Londres.
La lumière jaillit lentement jusqu'à ne laisser entrevoir que le nécessaire. Un canapé aux formes douteuses, est recouvert d'un drap blanc qu'une bonne en jupette noire recouverte d'un petit tablier blanc, vient découvrir. Elle laisse apparaître une famille unie par la répétition du motif aux rayures larges sur leurs vêtements, mais complètement hétéroclite par l'attitude de ses membres. Notre bonne, se tenant d'une façon étonnamment sexy par rapport à ce qu'offre la scène cairote habituellement, réveille la famille à coup de plumeau chatouillant.
Les personnages, alignés sur le canapé, s'éveillent. L'une fredonne La vie en rose tout en dessinant au feutre sur sa jambe nue;l'autre semble vivre dans ses pensées, assis, rigidifié par un sourire permanent. Celui du milieu, le seul non Monténégrin, un acteur égyptien, est très attiré par la protagoniste assise à sa gauche, une femme blonde et robuste, qui ouvre ses bras et sa poitrine aux deux personnages qui l'entourent et quémandent sa générosité et sa tendresse.

De Shakespeare à David Beckham
Le petit dernier, fluet et faussement timide, pique par ses paroles, interjectant à cadence régulière "Fuck? ". La liste des personnages sacrés par la culture mondiale et insulté par ce jeune homme,  mêle Shakespeare, Dante, à Edith Piaf, en passant par Britney Spears et David Beckham. La fantaisie de ce personnage provoque les rires des spectateurs, mais plus particulièrement les dernières célébrités citées, issues de la culture commerciale et de masse, laissant les noms d'Andy Warhol ou de Beckett, sans réactions particulières de la part du public.
Cette performance de 40 minutes, utilise des parties du discours du président égyptien Nasser, à propos de la nationalisation du Canal de Suez pour nous renvoyer à aujourd'hui, à la lutte pour la culture, et aux conflits politiques, à travers la représentation des relations complexes qu'entretient une famille. Cette performance trilingue, basé sur un procédé créatif d'improvisation, qui n'ôte rien à une mise en scène parfaitement maîtrisée. Rien de superflu, les acteurs, les accessoires, la lumière, tout est d'un minimaliste non froid.Les monologues sont très brefs, arrivent à point, avec pertinence, ainsi, tour à tour chacun donne sens à la pièce, sans laisser de vide.

Ahmad El Attar, sacré par Newsweek?
Ahmad El Attar, l'auteur, a été célébré par l'édition arabe de Newsweek en 2005, comme l'une des 42 personnalités qui influencent les changements dans le monde arabe. Metteur en scène, traducteur, auteur dramatique, opérateur culturel, entre Paris et le Moyen-Orient, il a fondé en 1995 la compagnie théâtrale indépendante du Temple, en Egypte.
En 2000, il présente, La vie est belle ou en attendant mon oncle d'Amérique et Sur le chemin de nulle part, un voyage cairote pour les touristes et amoureux. L'année suivante, performance jouée en Egypte, Jordanie, Liban, Portugal, Allemagne, Suède. En 2004, suivent, Mother I want to Be a Millionnaire, puis About Othello, or who's Afraid of William Shakespeare, en 2006. F**K Darwin a été préparé au Théâtre national du Monténégro.
Marie GIROD. (www.lepetitjournal.com - Le Caire) jeudi 13 septembre 2007
Publié le 13 septembre 2007, mis à jour le 12 septembre 2007
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