

C'est en ces mots que parle Gamal el Ghitany, l'un des plus grands écrivains égyptiens contemporains, dans une soirée cairote, tenue au CFCC, pendant le mois de septembre.
Le Caire ? Paris
"Je me souviens encore de la première fois où j'ai visité le centre ville. C'était comme aller à Paris. A l'époque Khédiviale, le Caire était presque sans voitures. Il y avait tous les grands cinémas? Le caractère cosmopolite de la ville prédominait. D'ailleurs, lorsque j'ai vu les boutiques des livres sur la Seine, ça m'a rappelé les vendeurs des livres à Ezbakia. Mieux encore, au Caire existent toujours des endroits qui ont disparu de Paris tel le marché des légumes à Ataba, l'équivalent des Halles. Si l'on regarde de près la rue Mohamed Ali, on sera frappé par la grande ressemblance avec la rue de Rivoli". Photos LPJ - El Ghitany au CFCC
Le vieux Caire, âme de la capitale
De Gamalia jusqu'au centre ville, le trajet effectué par l'auteur prenait donc l'allure d'un voyage accompli dans un autre espace temps. Mais pour lui, une chose reste évidente : ce vieux Caire est pour la capitale son âme éternelle. Certainement, une abondance des sites historiques, mais aussi une richesse humaine incomparable. Dans cette région, la vie a un autre aspect, même le bonjour résonne différemment, il y est prononcé de plusieurs façons : "sabbah el khir / sabbah el nour / sabbah el ful / nahrna halib? ".
L'Art égyptien
Une relation entre le fini et l'infini
L'ancien égyptien a très tôt réalisé l'existence d'un Dieu qui dirige cet univers. Il s'est préoccupé de la vie après la mort. La fameuse statue du scribe, regardant vers un point perdu concrétise bien cet état de présence intemporelle. Sa vie a été pour ainsi dire une lutte contre l'anéantissement. Son instinct de survie l'a poussé alors à écrire, dessiner, bâtir? Le regard tourné vers le haut, il observait les étoiles dans le grand univers. Tout ce qu'il a construit était enfin en relation avec l'autre monde.
Une suite de gradations
Le Nil ne se remplit pas d'un seul coup, mais goutte par goutte. Ses eaux proviennent des pleurs d'Isis, comme raconte la légende. Cette idée s'est reflétée dans l'architecture des bâtiments. Au Karnak tout comme dans l'ancienne maison égyptienne, accéder à la grande pièce ne devient possible qu'après avoir emprunté le petit passage. Cela ressemble au fait de mettre un enfant au monde. En littérature, on trouve le même schéma dans les contes des mille et une nuits. Il y a un récit cadre qui enfante d'autres récits. Tant que Schéhérazade continue de raconter, elle est sauvée. S'arrêter serait synonyme de mort. Dans les ornements islamiques, la partie forme le tout. Cette construction en arabesque, on la trouve même dans le Coran : le livre sacré est composé d'un nombre de sourates de plusieurs versets chacune.
Une unité des arts
Ceci dit, on ne peut vraiment comprendre l'art islamique indépendamment de celui pharaonique ou copte. L'héritage étant le même et l'artiste aussi. Une couleur n'efface pas les autres couleurs, elles s'harmonisent ensemble. C'est ce qui fait, une fois de plus, la particularité et la richesse de cette ville, Al Qâhira "la victorieuse".
Nihad ATTAR (www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) vendredi 9 octobre 2009








