MUSIQUE - Faire bouger la production

La scène musicale moderne au Caire se développe et les maisons de production avec. Jusqu'à récemment, en Egypte, les musiciens assuraient leur propre promotion. Phiasco Productions, depuis deux ans, promeut des styles musicaux éclectiques et avant-gardistes. Quatre artistes sont produits en exclusivité (Amir Sharara, J. Richards, Ramallah Underground, et Shekaphonia), mais pour bien d'autres, Phiasco est un tremplin national pour atteindre les majors internationales.

D'après Tim El Abd, à la tête de Phiasco, la musique égyptienne se définit quasi exclusivement par du folklore. Elle ne devient moderne que lorsqu'elle est influencée par l'Occident. En échange, de plus en plus, l'Occident ajoute des extraits folkloriques issus d'Afrique, du monde Arabe ou d'Asie, dans sa musique afin d'y donner un ton traditionnel. Tim ajoute que "d'un point de vue philosophique, il est très important d'avoir un dialogue culturel entre les peuples. Cela évite qu'ils se dressent les uns contre les autres, il faut bâtir des ponts."
J. Richards, DJ d'origine Tchèque, collabore à la production chez Phiasco, et, en tant que professionnel de la musique électronique, s'occupe du casting des DJ à lancer.
Selon lui, les musiciens et chanteurs en Egypte sont très enthousiastes, mais restent frileux envers ce qui est expérimental. Par exemple, Nancy Agram ou Amr Diab sont dans la compétition internationale, mais ils ne prennent pas le risque de l'originalité, ils ont surtout une forte base en marketing.

Faire bouger
Dans un autre ordre, "Chez moi, en Tchéquie, on ne mixe pas la musique folklorique à la musique électronique, la première ne s'adapte pas du tout à la seconde", remarque-t-il. Par contre, entre l'Europe et le monde arabe cela marche bien, prenons l'exemple de DJ Haze, ce français d'origine arménienne qui se produit régulièrement entre Paris et le Caire. Il mixe avec des musiciens traditionnels.
Quant à la communication chez Phiasco, c'est Emy la responsable, à demi égyptienne qui a fait ses études à Londres, elle a créé le site Internet, le Logo, et assure la Publicité. Son expérience de la vie en Angleterre l'amène à faire la part des choses : "S'il y a plus de créativité là-bas, tout n'est pas de qualité".
Marie Girod, www.lepetitjournal.com, mardi 5 juin 2007