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LECTURE - Trois Egyptiens à Paris

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 novembre 2009
"Trois Egyptiens à Paris"est la suite de "Ce que nous conta Issa Ibn Hicham"de Mohammed Muwaylihi. Le livre est traduit de l'arabe par Randa Sabry, dans un style sublime et captivant, malgré la difficulté du texte.
Placé sous le signe du dialogue entre Orient et Occident, le lecteur trouvera dans ce roman, paru en 1907, des questions d'une étonnante actualité. A découvrir également l'irrésistible humour d'un auteur dans les éditions du Jasmin 2008

C'est en ces mots que la traductrice, professeur de critique littéraire à l'université du Caire, présente son deuxième volume : "1900 : L'Exposition universelle de Paris bat son plein. Parmi la foule des visiteurs, un écrivain égyptien, Mohammed Muwaylihi, francophone, fin lettré, tout acquis aux idées des réformistes de la renaissance arabe (?). Mais au lieu de produire une simple relation de voyage, l'auteur préfère très habilement projeter à Paris trois amis inséparables, sortis tout droit de son précédent roman (?)".

Nous voilà donc embarqués, avec trois compagnons de route, dans une aventure pleine de surprises, à travers l'espace "fantasmagorique"de cette exposition. Ces protagonistes sont : le pacha turc, Issa Ibn Hicham, ainsi qu'un autre ami. Au milieu de ce trio, l'auteur place un français très éclairé, un philosophe. Par ce procédé, Muwayhili essaie de créer des positions différentes vis-à-vis des Français. Son message devient alors clair : "Un dialogue riche et fructueux est tout à fait possible avec l'occident, à condition de rejeter l'esprit colonial", explique Dr. R. Sabry. Et d'ajouter : "Du point de vue de l'auteur, si l'on veut aller de l'avant, une harmonisation entre ce rapport étranger et ce qu'il y a de plus précieux dans l'héritage oriental doit, au préalable, avoir lieu". Photos LPJ - Le livre et sa traductrice, Randa Sabry

Etonnante actualité d'une ?uvre du siècle dernier
L'oeuvre, en relation toujours avec le genre traditionnel de la séance ou maqâma, est considérée comme
l'un des premiers romans modernes. Elle offre des éléments intéressants sur la société égyptienne de la fin du XIXe siècle qu'on pourrait rapprocher de la nôtre. Epoque démoralisée, marquée par la perte d'identité et la nostalgie du passé. Toute une galerie de genres humains (aristocratie, ulémas, commerçants?) défile devant nous, dévoilant progressivement l'étendue du désordre social et moral. Pour Muwaylihi, une chose est évidente : la réforme du pays ne peut se faire qu'en se réformant soi-même.

Si l'auteur continue toujours à susciter de l'intérêt pour nous, c'est la preuve indéniable de l'extrême richesse de l'?uvre. Muwaylihi, comme l'?il d'une caméra, enregistre ce qui se passe autour de lui. Il cite d'autres textes de son époque, inclut poèmes, dialogues plaisants ou humoristiques? La prose est souvent rimée et rythmée.

Enfin, on imagine l'ampleur du travail effectué pour rendre le texte accessible aux lecteurs francophones. A attendre avec impatience la sortie du prochain livre de Randa Sabry qui portera sur Al Hallej.

Nihad ATTAR (www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) lundi 9 novembre 2009
Publié le 9 novembre 2009, mis à jour le 9 novembre 2009

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