L'actuel directeur du DEAC est sur le départ. Mais la prestigieuse école d'arabe restera sous la conduite d'un universitaire français. Un poste sauvégrâce àune forte mobilisation en Egypte et en France.
Frédéric Imbert, le directeur du DEAC, quittera ses fonctions fin août (photo LPJ).
À la fin de l'été, Frédéric Imbert, le directeur du Département d'Enseignement de l'Arabe Contemporain (DEAC) retournera àl'universitéd'Aix-en-Provence, après quatre années au Caire.
Il part avec la certitude qu'un successeur àla hauteur de l'établissement prendra sa suite.
C'est déjàbeaucoup? Car àen croire les rumeurs qui ont couru pendant plusieurs mois, la fin du DEAC était proche. À l'origine de ces bruits, l'annonce de la suppression du poste de directeur rémunérépar le ministère des affaires étrangères. "Personne n'a jamais voulu supprimer le DEAC car il rapporte de l'argent", tempère, pragmatique, Frédéric Imbert
Un universitaire aux commandes, formule gagnante
Depuis sa naissance, en 1982, le DEAC est dirigépar un universitaire français mis àla disposition du ministère des affaires étrangères. Une formule qui a permis àla formation d'acquérir une renommée de sérieux. Tous les ans, c'est une centaine d'étudiants de grandes écoles, mais aussi de journalistes, diplomates ou militaires qui viennent apprendre l'arabe dans les murs de l'établissement situéen plein centre du Caire, au-dessus du consulat de France. En comptant les sessions intensives et les cours du soir, "le DEAC forme plus de 350 personnes chaque année", s'enorgueillit Frédéric Imbert.
"Nos étudiants apprennent plus que la langue, notre formation est une introduction àla culture arabe. Nous formons les futurs intermédiaires de la France et de l'Europe avec le monde Arabe", souligne le directeur de l'école. "En suprimant l'universitaire qui dirige le DEAC, on perdait ce gage de sérieux, on risquait d'en faire une école de langue comme il en existe des dizaines au Caire."
Une pétition pour sauver le poste
La décision du ministère des affaires étrangères de supprimer ce poste a donc ététrès mal acceptée par les milieux arabisants. Une pétition a étélancée par "l'association française pour l'étude du monde arabe et musulman"et "l'association française des arabisants". Le DEAC "est liépar de multiples conventions aux universités non seulement françaises, mais aussi étrangères (?). Il attire des étudiants bien au-delàdes frontières de l'hexagone. (?) Il constitue un élément indispensable dans le réseau des centres de recherche français en pays Arabe. C'est pourquoi la direction ne saurait être assurée par un simple gestionnaire." Le texte a recueilli environ 200 signatures, ce qui a permis de sauver le poste.
Le nom du prochain directeur du DEAC devrait être bientôt connu. Il devrait prendre ses fonctions début 2007. Une période de flottement de quelques mois serait donc àprévoir àl'automne 2006. "Mais je suis prêt àfaire des sauts de puce pour assurer la gestion", assure Frédéric Imbert, bon joueur.
Guillaume de DIEULEVEULT (www.lepetitjournal.com) Mardi 11 juillet 2006