Samedi 19 mai, sous une chaleur intense, la rue El Alfy, dans le centre-ville du Caire, devait accueillir du Théâtre toute l'après-midi. Des barrières et la présence de policiers au coin de la rue permettaient de retrouver le lieu des festivités
La voie piétonne était presque vide, mais sous les arbres, à l'ombre, les terrasses des cafés affichaient complet. Au fond de la rue, une scène, sans acteurs mais avec du public, et une petite foule en contrebas, au centre de laquelle se déroulait une pièce de Théâtre bilingue, en Allemand et en Arabe.
Une heure plus tard, à l'arrivée d'un conteur Egyptien sur la scène, le public était encore plus important. L'homme est accompagné de musiciens traditionnels. On surprend alors le public qui se déhanche un peu, chantonne.
L'ambiance de « Théâtre de rue » s'installe réellement lorsque, sortis de nulle part, trois créatures féeriques, perchées sur des échasses apparaissent, sur fond de musique électronique inquiétante et au volume sonore très fort. La rue devint un théâtre. Les cafetiers, les policiers, les enfants, les hommes âgés fumant la chicha, tous, voyagent dans un autre monde, un monde dans lequel l'imaginaire vient danser auprès d'eux, au milieu de leur monde à eux, et pas sur une scène qui marque la frontière. Sur les visages, des sourires, de l'émerveillement, mais aussi de la stupeur, voir un malaise... L'émotion était puissante, aussi bien chez les artistes que dans le public, deux mondes non familiers jusqu'alors.
Habituellement sur des sites très sécurisés
Seconde expérience au Caire de Théâtre de rue, la première avait été organisée par le Centre Culturel Français en 1999, « Les Français aiment le Caire ». Habituellement, les spectacles au Caire se déroulent en salle ou en plein air sur des sites très sécurisés. Les cairotes mélangent rarement phénomène artistique et lieu de la vie quotidienne, surtout dans « ce » Downtown où la population ne fréquente pas les salles de spectacle. Les policiers, malgré quelques regards paniqués au début, n'ont pas cherché à séparer les artistes de la foule, et se sont vite laissés gagner par la magie du spectacle.
Surprenant, tous les medias étaient là, agences de presse, radios, télévisions étrangères et égyptiennes ont couvert la manifestation, pourtant peu importante. Tout résidait dans l'unicité de l'événement.
Organisateurs et sponsors : Union Européenne, Institut Goethe, Centre Culturel Autrichien, Compagnie de Théâtre El Warsha, Studio Emad El Din, Gudran, Association de Développement de la rue Salah Salem.
Marie GIROD (www.lepetitjournal.com) mercredi 23 mai 2007