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VOYAGE - Le Caire – Jérusalem en 36 heures

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 3 août 2012, mis à jour le 20 novembre 2012

 

427 kilomètres à peine entre la capitale égyptienne et la ville sainte. Des bords de la mer Rouge à ceux de la mer Morte, en passant par les routes sinueuses du Sinaï, récit et idée de découverte

Quelques minutes par les airs, une quinzaine d'heures par la route, pour atteindre Jérusalem depuis Le Caire. Parfois bien plus. Première évidence : il faut un minimum de temps, et ne pas être contraint par des horaires, pour faire le trajet en bus. D'abord, il n'y a pas de liaisons directes entre les deux villes :  plusieurs étapes sont nécessaires...

Tout commence au Caire donc. Les bus qui relient la capitale à Taba sont opérés par East Delta Travel, et partent de la gare routière Turgoman, à proximité de l'arrêt de métro Orabi. Turgoman ou Cairo Gateway, car la grande station de bus cairote a officiellement changé de nom il y a quelques années. Un changement ignoré par beaucoup, chauffeurs de taxis et compagnies de bus compris. Première étape : trouver cette gare routière, quand beaucoup d'égyptiens insistent pour me conduire à Ramses Station, la gare ferroviaire toute proche.

Ensuite il faut un peu de chance, concernant les horaires des bus. Officiellement trois trajets par jour entre Le Caire et Taba, mais aux horaires mystérieux, différents selon les sources. J'avais repéré un bus aux alentours de 22h30. Inexistant. "Il y en a un à 23h30, mais il est complet", m'explique le guichetier.

(Photo JG)

 

Moment de réflexion

Le suivant ? "à 6h, demain matin"... Rien d'autre ? Moment de réflexion de l'homme, qui interroge ses collègues et passent un peu de temps sur son ordinateur. "Si, il y en a un à 23h46". Ne pas chercher à comprendre les horaires, mais apparemment : un bus le matin, un bus le soir et un bus improbable, dont l'heure de départ varie selon les jours. Le plus simple restant d'acheter son billet en avance, ce qui permet aussi de savoir où se trouve la gare.

Départ du bus à 1h du matin, arrivée prévue vers 8h à Taba. Dans le bus, quelques familles, mais surtout des hommes seuls, venus au Caire chercher du travail, et qui rentrent chez eux pour vivre le ramadan avec leurs proches.

Checkpoint avant le tunnel sous canal de Suez à 3h. Gros soubresaut du moteur à 5h, puis le bus s'arrête. Outils sortis, capot relevé, le chauffeur se penche dans le moteur, pendant que le soleil émerge des montagnes au loin. Nous sommes au milieu du Sinaï. Certains continuent leur nuit, d'autres s'attaquent au moteur. Peu avant 8h, un Isuzu et un minibus arrivent. Prise en charge de la compagnie ? Non : deux chauffeurs opportunistes qui visent les voyageurs pressés. Ignorant, je monte dans le 4x4 avec 3 égyptiens, des jeunes qui rejoignent leurs familles.

(Photo JG)

 

Pas de chance

Normalement, en cas de panne et si la réparation sur place est impossible, la compagnie fait venir un nouveau bus, plus ou moins rapidement. Dans l'Isuzu, pas de chance à nouveau : gros problème de boîte de vitesse. Après une heure et demie à 130 km/h sur les routes désertes du Sinaï, notre chauffeur ne peut plus passer la quatrième, et la voiture refuse d'accélérer au delà de 60. La situation empire : bientôt, nous ne dépassons plus les 30km/h.

Excédé, le chauffeur s'arrête, plonge dans son moteur, clé à molette à la main. 5 minutes plus tard, nous repartons, dépassant à nouveau les 100km/h, avec un bruit de ferraille plus qu'inquiétant. Mais la voiture tient jusqu'à Nuweiba.

En plus de nous avoir fait payer une deuxième fois le trajet, notre chauffeur-mécano nous a emmené à 65kms de notre destination. Un peu de chance tout de même : il est 11h45, et un bus local part pour Taba à midi. L'occasion de découvrir les côtes de la mer rouge, le bleu de ses eaux, et l'Arabie Saoudite au loin.


Le poste frontière est à 600m de l'arrivée des bus. Au bord de l'eau. Une des manières les plus faciles d'entrer en Israël : personne, à part quelques familles et un groupe de touristes. En une heure à peine, j'ai quitté l'Égypte.

(Photo JG)

 

Paysages grandioses

Il est 16h de ce coté de la frontière. Je pourrais être à Jérusalem le soir-même, mais je décide de prendre le temps. Du poste-frontière au centre Eilat, une dizaine de kilomètres : l'occasion d'une petite marche sur un bout de littoral où se croisent quatre pays. Des taxis attendent les plus pressés, mais les prix sont au niveau de l'Europe.

D'Eilat à Jérusalem : cinq ou six bus par jour, de 7h à 19h30. 5 heures de route : d'abord le désert du Néguev, puis les bords du Jourdain et la mer morte. A nouveau des paysages grandioses, surtout sous la lumière rasante du matin. Après une nuit à Eilat, j'arrive finalement à Jérusalem à midi, après 36 heures de voyages, pannes et farniente inclus. Dans ce bus, plus de travailleurs ou de familles, mais des vacanciers israéliens, qui viennent de passer quelques jours de repos à Eilat. La plupart dorment, fatigués par leur dernière nuit de vacances.

36 heures pas toujours confortables, mais qui permettent de découvrir des lieux inédits, et de prendre conscience de la géographie de cette partie du Moyen-Orient.

Julien Giry (www.lepetitjournal.com/le-caire.html) mardi 21 août 2012 (réédition)

Publié le 3 août 2012, mis à jour le 20 novembre 2012

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