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EGYPTOLOGIE - Osiris, le Dieu-Roi et la cité perdue

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 septembre 2015

A l'occasion de l'ouverture à l'Institut du Monde Arabe d'une exposition consacrée au culte d'Osiris et dévoilant des vestiges archéologiques retrouvés dans les cités antiques de Thonis-héraclion et Canope, submergées depuis le VIIIème siècle en baie d'Aboukir, lepetitjournal.com/le-caire vous emmène sur les traces de la mythologie osirienne et imagine un voyage près de l'Alexandrie ptolémaïque.

  

Osiris, le Dieu-Roi

La Dame Méresimen, chanteuse du Dieu Amon, en prière devant des offrandes à Osiris et aux "Quatre fils d'Horus" - (c) WikiCommons

Osiris, né de l'union entre le Ciel (Nout) et la Terre (Geb), reçoit de ses parents le trône de l'Egypte, et avec sa femme Isis (qui est aussi sa soeur), il règne sur les hommes en leur enseignant l'agriculture, la pêche, l'élevage tout en les éloignant des pratiques impies comme le cannibalisme. Mais son frère Seth, le Dieu de la Guerre et de la Confusion, dont la tête est un hybride entre le chacal et le tamanoir, est jaloux de sa gloire parmi les Hommes, et décide de le tuer, en l'enfermant dans un sarcophage et en le jetant dans le Nil. 

Pour éviter qu'Isis et Nephtys, l'épouse et l'autre soeur d'Osiris ne retrouve le corps, Seth le démembra en 14 parties qu'il dispersa dans toute l'Egypte, donnant ainsi naissance aux 14 provinces.

Isis et Nephtys, bientôt aidées par Thot, le dieu sage à tête d'ibis et Anubis, le Dieu à tête de chacal et maître de l'embaumement, réussirent tout de même à retrouver chaque morceau du cadavre, à l'exception du sexe divin, et purent ainsi reconstituer le corps grâce aux talents de momification d'Anubis. Isis utilisa ensuite les pouvoirs de ses ailes magiques pour ramener son mari à la vie, et transformée en main féconde, put enfanter avec Osiris revenu d'entre les morts.

Naquit alors Horus, qui après une bataille terrible contre Seth, devint le premier pharaon.

 

Cette mythologie se dévoile dans de nombreux temples encore subsistants, de celui d'Edfou, consacré à Horus (voir Croisière sur le Nil) à celui de Philae consacré à Isis, en passant par Karnak et de nombreux autres.

La mythologie post-mortem des anciens égyptiens se rapportant d'ailleurs presque exclusivement à Osiris, comme le témoignent toutes les fresques qui ornent les tombeaux de la vallée des Rois et le principe même de momification, qui permet la vie après la mort comme Osiris qui fut ramené à la vie par le souffle d'Isis.

"La Tombe de Horemheb cropped" by derivative work: A. Parrot - (c) CreativeCommons

L'une des marques les plus connues du culte d'Osiris se situe d'après les historiens dans une antique cité, depuis engloutie, Thonis-Héracleion. C'est pourquoi, à la lumière des découvertes de l'équipe de Franck Goddio, directeur des fouilles sous-marines dans la baie d'Aboukir, et de leur mise en lumière par l'Institut du Monde Arabe à Paris, nous vous proposons la découverte de Thonis-Héracleion, à quelques kilomètres d'Alexandrie.

  

Thonis-Héracleion, d'Hercule à Osiris

©Franck Goddio/Hilti Foundation, photo: Christoph Gerigk - http://www.franckgoddio.org/projects/sunken-civilizations/heracleion.html

La cité était riche et prospère, grâce au commerce maritime avec la Grèce et Rome, et grâce aux nombreuses richesses échangées par les marchands grecs et romains, encore plus nombreux étaient les nobles Egyptiens qui viennent acheter à Héracleion des céramiques, de l'huile, de l'argenterie, du vin? Le Pharaon, Nectanébo Ier (celui-là même qui construisit le temple d'Isis à Philae), instaura même une nouvelle taxe, la « douane », pour contrer l'afflux grandissant de marchandises étrangères dans les salons de la noblesse thébaine et pour assujettir la cité à sa souveraineté.

Mais en contrepartie, le Pharaon reversait une partie de ces droits de douane pour le culte de la déesse Isis et de son époux Osiris, un culte rendu dans le temple d'Amon.

Ce temple, où les prêtres offrent devant la « naos » (chambre où repose la statuette divine) cadeaux et sacrifices, fut autrefois le temple d'Hercule, qui sauva ici les habitants d'une inondation du Nil en ramenant le fleuve dans son lit.

Chaque année, les prêtres engageaient une grande procession depuis le temple, le corps chargé d'amulettes et de bijoux, pour rejoindre en barque le temple de Canope, la cité voisine où était érigé le sanctuaire d'Osiris. Cette procession symbolisait le passage de la vie à la mort du Dieu, puis sa résurrection.

Des statues gigantesques en granit rose ont d'ailleurs été retrouvées par les fouilles sous-marines qui témoignent de la grandeur du temple et du culte dédié au Dieu.

Prospère, la cité vivra toutefois une fin tragique, en étant engloutie par un tremblement de terre et un ras-de-marrée qui l'ont détruite puis submergée, et cachée des regards des hommes jusqu'à sa redécouverte en 2000 par les équipes de Franck Goddio, avant que les vestiges ne soient désormais exposés à l'imaginaire des français depuis ce mercredi, à l'Institut du Monde Arabe, à Paris.

 

Quentin Boissard (www.lepetitjournal.com/le-caire) - Mercredi 09 septembre 2015

 

Publié le 9 septembre 2015, mis à jour le 9 septembre 2015

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