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CINEMA EGYPTIEN - "L'influence n'est plus la même"

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 22 juin 2013, mis à jour le 23 juin 2013

A l'ère des Frères musulmans, le septième art est en phase de perdre son rôle éducateur d'antan. Heureusement, des monteurs et réalisateurs comme Sherif Abdeen, continuent de militer pour que leurs ?uvres moralisatrices et éducatives ne soient pas les dernières.

Sherif Abdeen est l'un de ces monteurs égyptiens qui a réussi à se faire une belle place sous le soleil de l'industrie cinématographique égyptienne au c?ur de la dernière décennie. Connu pour sa créativité débridée, le jeune homme de 36 ans a décroché, à deux reprises, le titre du meilleur monteur de l'année et ce, en 2013 pour son film "Sa'a We Nos" (Une heure et demi).

Tourné, réalisé et monté en un an et demi, le film traite des accidents de train qui se produisent d'une manière fréquente en Egypte. A en croire les scènes, la démarche du réalisateur a voulu braquer les lumières sur les visages. Ceux qui représentent les citoyens, les vrais. Ceux qui appartiennent, le plus souvent, à la classe pauvre qui ne peut pas s'offrir le luxe de prendre l'avion à destination du Sud du pays. Ainsi, le film nous présente cette classe tiraillée entre ses malheurs et son envie de voyager à destination d'une vie meilleure.  

"Le film est d'autant plus véridique que les citoyens égyptiens en évoquent les faits et détails à chaque fois qu'un accident de train se produit comme celui qui a secoué le village de Badrasheen, au sud de Gizeh, région où les accidents de train sont de coutume", constate le monteur.

Fluidité du scénario
Le plan du montage a choisi de suivre l'itinéraire d'une trentaine de personnages qui ne se connaissaient même pas au début, dans l'optique de tisser la trame et les fils de l'histoire jusqu'à l'arrivée du drame, à savoir l'accident. "Heureusement, j'ai pu dépasser l'un des plus grands obstacles qui me guettait de prime abord. C'était de tout montrer dans un laps de temps d'une heure et demie sans abuser des outils techniques du montage pour la simple raison que la fluidité du scénario d'Ahmed Abdallah et la réalisation et l'imagination de Wael Ehsan m'ont permis de tout monter avec aisance", ajoute-t-il.

Du point de vue technique,  le monteur a réussi à concilier la fiction avec la réalité. En d'autres termes, il a eu recours à des effets graphiques, comme le nécessitaient plusieurs scènes, tout en les mélangeant avec une bonne quantité de décors réels. Et pour lui d'enchainer : "J'ai donné libre cours à mon imagination et composé des mises en scène inexistantes dans ma vision primaire. A titre d'exemple, j'ai monté la scène de l'accident dans montré le train lui-même. J'ai fait en sorte que le spectateur ne s'en aperçoive même pas..."

Selon les dires du monteur (et par la même occasion, réalisateur), le cinéma est intrinsèque à l'éducation du citoyen. Il existe des films qui passent des messages éducatifs et moralisateurs que beaucoup de politiciens ne maîtrisent pas. Toujours selon lui, le septième art fait partie des outils audiovisuels qui influent le plus sur le comportement de l'humain.

Cependant, force est de constater qu'en Egypte, l'influence du cinéma n'est plus la même, ces dernières années, à cause du mauvais climat politique qui y sévit. La raison? "Bon nombre de maisons de production ne s'intéressent qu'au gain financier et se fichent royalement des messages moralisateurs et de l'aspect artistique du cinéma", conclut-il.

Houda Belabd (www.lepetitjournal.com/le-caire) Lundi 24 juin 2013

Publié le 22 juin 2013, mis à jour le 23 juin 2013

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