Défilé de centaines de journalistes et sympathisants contre la disparition du photo-journaliste Vladjimir Legagneur
Des centaines de journalistes, issus de divers médias du pays, ainsi que d’autres personnes ont marché, ce mercredi 28 mars 2018, dans les rues de Port-au-Prince, pour dénoncer la passivité des autorités dans le dossier de la disparition, depuis 15 jours, du photojournaliste Vladjimir Legagneur, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Munis de banderoles et de pancartes, ils ont dénoncé le laxisme des autorités, tout en les appelant à prendre leurs responsabilités dans cette affaire.
« Il faut qu’on retrouve Vladjimir ; la justice, prend tes responsabilités ; la Pnh, on ne veut pas de vos opinions, on veut des actions », a-t-on lu sur les pancartes et les banderoles.
Plusieurs journalistes et responsables de médias ont pris part à la marche, parmi eux : Marvel Dandin, directeur général de Radio Télé-Kiskeya, Liliane Pierre-Paul, directrice de programmation de cette même station.
Moïse Jean Charles, leader de la plateforme politique Pitit Desalin, a été remarqué à la marche, ainsi que des responsables d’associations, comme Josué Mérilien, coordonnateur général de l’Union nationale des normaliens haïtiens (Unnoh), et Guy Numa du Mouvement démocratique populaire (Modep).
La marche a débuté sur la place de la Constitution au Champ de mars, principale place publique de Port-au-Prince. La foule s’est rendue devant plusieurs institutions comme le Ministère de la communication, l’Office protection du citoyen (Opc), la Direction départementale de l’Ouest de la Police nationale d’Haïti (Pnh), la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Jilap) et du parquet de Port-au-Prince, au Bicentenaire, où des messages ont été délivrés.
La coordonnatrice du Kolektif 2 Dimansyon (K2D), Edine Célestin, demande au chef du parquet de Port-au-Prince, Ocnam Clamé Dameus, de prendre ses responsabilités dans ce dossier.
Le journaliste Legagneur doit retrouver sa famille, espère-telle.
Fleurette Legagneur, épouse du journaliste photographe exige une réponse des autorités en ce qui concerne la disparition de son mari depuis le mercredi 14 mars 2018.
Tout le monde doit prendre ses responsabilités pour que la sécurité règne dans le pays, encourage le journaliste Louibert Meyer.
Il ne doit pas y avoir de frontières à l’intérieur du pays, les journalistes doivent pouvoir circuler librement, soutient-il.
La disparition du journaliste Legagneur montre qu’il y a toujours une menace qui pèse sur la liberté de la presse en Haïti, met en garde la journaliste Liliane Pierre-Paul.
Cette disparition véhicule le message que les journalistes n’ont pas le droit de circuler et d’exercer la profession librement, regrette-t-elle.
Elle appelle à la vigilance et à la solidarité dans le secteur de la presse, tout en rappelant que la liberté de la presse constitue le dernier rempart face à l’arbitraire.
Pour sa part, Jacques Desrosiers de l’Association des journalistes haïtiens (Ajih), demande aux autorités de bien faire leur travail pour qu’enfin le journaliste puisse retrouver sa famille.
Une plainte contre x a été déposée au parquet de Port-au-Prince par l’épouse du journaliste.
Cette marche lancée, entre autres, par Média Info Plus, Kolektif 2 Dimansyon (K2D) et l’Union des journalistes photographes haïtiens (Ujph), s’est également réalisée en solidarité avec les parents et proches du photojournaliste.
Avant sa disparition, le journaliste-photographe s’était rendu dans le quartier de Martissant pour réaliser un reportage sur les conditions de vie à Grand-Ravine (sud de la capitale).
Jeune photo-journaliste indépendant, Legagneur avait travaillé au journal Le Matin et collaboré avec l’agence en ligne Loop Haïti, entre autres médias.
La police récupère des « ossements », le test ADN dira si c'est Vladjimir Legagneur
De son cote le quotidien Le Nouvelliste titre : « Des ossements, sans le crane et un chapeau ont été récupérés ». Des «ossements, sans le crane» et «un chapeau» ont été récupérés » par la police sur un terrain vague, à Sillon, localité de Palema, à Grand-Ravine, ce mercredi 28 mars 2018, a confié au journal le directeur départemental de l'Ouest de la PNH, Berson Soljour. Ces prélèvements, mis sous scellés par un juge de paix, ont été confiés à la police scientifique en attendant les analyses ADN afin de déterminer s'il s'agit ou non du journaliste Vladjimir Legagneur, a poursuivi le DDO/PNH.
Les enquêteurs vont présenter le chapeau en question à l'épouse du journaliste. « Elle avait dit à la police que son mari portait un chapeau en laissant son domicile », a expliqué Berson Soljour. La police recherche le chauffeur de la motocyclette qui accompagnait le journaliste.
« Le directeur général de la PNH a passé des instructions pour que ce dossier soit pris très au sérieux », a assuré le DDO/PNH. « Il faut attendre le test ADN pour savoir si c'est ou non le cadavre de notre confrère », a confié Jeanty Junior Augustin, photographe, membre du collectif K2D. Il estime que ce pas franchi dans le dossier « montre que les cris des associations et la marche ont eu un impact ».
« La PNH a commencé à faire le travail. Il faut qu'elle continue. Si l'ADN révèle que ce sont les ossements de Vladjimir, ils devront être rendus à la famille pour les funérailles », a indiqué Jeanty Junior Augustin, qui souhaite, dans le cas où l'assassinat serait confirmé, que les poursuites judiciaires soient entamées contre les auteurs.
Sur son compter Twitter, le chef de la Police Nationale d’Haïti déclare : « Pas de zone de non-droit pour la @pnh_officiel. Dans les jours qui viennent Grand-Ravine sera vidé de ses bandits et accessible à tous. Nous demandons la collaboration de toute la population vivant dans ladite zone ».
Il n’est que d’attendre.
Jeudi 29 mars 2018