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HISTOIRE - La mort du président Pétion

Écrit par Lepetitjournal Haiti
Publié le 7 février 2016, mis à jour le 7 février 2016

 

À la mort de Pétion, le général Boyer devint  le 2e président de la République. Il eut la chance, après la mort du roi Christophe, de réunifier le pays (Nord et Sud) et ensuite l'île Quiskeya (Haïti et République dominicaine) dans son entier.

Le président Pétion était très aimé de la population qui n'a jamais cessé de pleurer sa mort. Son enterrement était grandiose, le cadavre était exposé à la vue de tous pendant deux jours. Son visage, dans le cercueil, ne montrait aucun signe de changement évident.

Tous ceux qui le voulaient, pouvaient le voir. On était étonné d'assister à des scènes de désespoir qui se produisaient à chaque instant. Scènes auxquelles on assiste rarement aux obsèques de personnalités mortes au pouvoir !

Dans les différentes galeries du palais national, on pouvait observer des hommes, des femmes, et même des enfants, certains à genoux, d'autres debout, qui, après avoir fait de derniers coups d'?il au cadavre, imploraient le ciel pour son âme.

Ils étaient tous en larmes, et, avant de sortir du palais, ils remplissaient l'air de leurs cris et de leurs lamentations. Des myriades de gens qui visitaient le palais ce jour-là, pas un seul n'en est sorti avec les yeux secs.

À l'enterrement le c?ur le plus endurci ne pouvait que fondre. Le cortège était long de deux kilomètres entre le palais et la cathédrale de Port-au-Prince. Le lieu de mise en terre était dans une chambre forte sous l'arbre de la liberté vis-à-vis du palais.

Les troupes, dont il y avait un grand nombre en ville, formaient deux rangées du palais à l'église. Le corps était, sur une civière ouverte, vêtu de vêtements officiels, et étendu dans une voiture qui imitait celles qui sont utilisées par les Lords en Angleterre. Elle était tirée par six chevaux recouverts de velours en soie noire, ornementée avec des tissus blancs, des plumes blanches et de la crêpe sur leurs têtes. Il en était de même que le carrosse. Autour des quatre côtés de ce dernier était écrit:

« Alexandre Pétion, Président d'Haïti. Imitons ses vertus, Il n'a jamais fait couler les pleurs de personne».

 

La foule était immense, et les lamentations incessantes. Les femmes, particulièrement, poussaient des cris perçants et hurlaient en étreignant leurs mains comme si elles étaient hystériques. Les hommes marchaient silencieusement, certains avec une mine affligée mais le plus grand nombre avec les larmes aux yeux. Il en était de même des soldats formant les deux rangées. Les officiers essayaient en vain de cacher leurs larmes derrière les piliers des galeries mais ils n'y arrivaient pas.

Les manifestations de peine ne sont pas une exclusivité des classes inférieures, des classes moyennes ou de la bourgeoisie. Elles sont universelles. Au moment où le corps était descendu dans la chambre mortuaire,  des scènes indescriptibles eurent lieu pour exprimer cette immense peine collective.

C'est une circonstance curieuse que le président Pétion soit mort volontairement, certains suspectaient qu'il voulait en venir là dès le début de sa maladie qui ne dura que huit jours. Il refusait constamment tout aliment ou médicament et même de l'eau. S'il prenait quelque chose sous les sollicitations pressantes de son entourage et pour faire plaisir, il le crachait tout de suite après. Il  préserva jusqu'au bout son calme et sa sérénité d'esprit pour lesquels il était connu pendant toute sa vie. Il mourut sans un gémissement et sans lutte.

Son corps fut autopsié et rien d'anormal ne fut trouvé. Les médecins n'hésitèrent pas à déclarer qu'il était mort d'inanition. Ce qui peut avoir été la cause est pourtant un mystère. On l'entendait fréquemment dire qu'il souhaitait mourir. Quoiqu'il fît tous ses efforts pour rendre le peuple heureux et prospère, certains n'étaient pas satisfaits et cela faisait de sa vie un supplice.

 

Quelques jours avant sa mort, un homme fut arrêté aux alentours du palais, il prévoyait, semble-t-il de l'assassiner. Mais, après enquête, il s'est avéré que l'homme en question n'était qu'un fou. On peut à peine supposé que cet accident pourrait avoir contribué à sa mort. En attendant, sa perte a été  déplorée, peu d'hommes comme lui ont existé et en particulier dans le domaine de la charité et de la bienveillance.

Le jour de la grande réconciliation haïtienne, il faudra que  tous apprennent à honorer cet homme et à aimer les valeurs pour lesquelles il a combattu toute sa vie.

Il faudra un jour qu'Haïti renonce à se considérer comme la diaspora d'un autre continent, pour se fondre avec l'Amérique latine, sous-continent pour lequel Pétion a combattu. Il refusera de recevoir de Bolivar le titre de Libérateur pour accepter celui de Père du panaméricanisme.

Sa mort jeta tous les négociants du pays dans la plus grande consternation. À son époque beaucoup d'étrangers exerçaient le commerce en Haïti. Il était estimé à l'époque que les commerçants britanniques, par exemple, possédaient dans la République des marchandises évaluées à plus de 6, 000,000 de livres.

Des mesures judicieuses ont été immédiatement adoptées pour calmer les craintes du Commerce. Tous les militaires ont été casernés, et ont été maintenus à leurs postes pendant ces jours. Un embargo a été placé sur les expéditions, et ainsi personne n'était pressé à quitter la ville.

La nomination du président Boyer a été unanime. En ce moment, aucun autre chef n'avait des prétentions pour le poste de président, les commerçants et la population en général étaient en confiance et s'en réjouissaient. 
(www.lepetitjournal.com/haiti)

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Publié le 7 février 2016, mis à jour le 7 février 2016

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