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AMITIE DES 2 REPUBLIQUES: Le petit fils de Trujillo ravive la haine

Ramfis Dominguez TrujilloRamfis Dominguez Trujillo
Écrit par Lepetitjournal République Dominicaine
Publié le 9 décembre 2017, mis à jour le 11 janvier 2021

AMITIE DES 2 REPUBLIQUES: Le petit fils du dictateur Trujillo ravive la haine

Cette semaine la presse dominicaine a été unanime à condamner le retour sur la scène politique du petit fils du dictateur et satrape feu le General Rafael Leonidas Trujillo y Molina. Cependant fiston Trujillo, Ramfis, promet de ne pas suivre les tendances sanguinaires de son aïeul. Rappelant que son parti politique est né dans la diaspora et a donc une vision nouvelle de la façon de conduire la politique dominicaine qui sera différente du « clientélisme » du parti PLD au pouvoir.

Le petit fils du dictateur Trujillo ravive la haine envers les haïtiens des secteurs les plus conservateurs, pour promouvoir sa candidature à la présidence.

Il le fait en reniant ses propres origines, malgré qu’il soit lui-même, un noir métissé,  d’origine haïtienne. Le père du General Trujillo épousa en 1885 Julia Altagracia Molina, sa mère était la fille de Pedro Molina et Ercina Chevalier. Ercina était la fille naturelle du général haïtien Turenne Carrié et de la dame aussi d'origine haitienne, Julieta Le Chevalier qui, elle, était la petite fille de Marie Noëlle Dessalines, soeur de l'empereur haïtien. Son père s'appelait Bernard Chevalier, neveu de Dessalines. On voit que le dictateur avait de qui tenir, mais son petit fils saura t-il maintenir intacte les gènes sanguinaires de ses aïeuls?

 

Le jeune Trujillo quoiqu’il s’en défend, se comportera t-il comme son grand père pour soit disant défendre sa patrie ? Comme nous le raconte Amin Perez, pendant les premières nuits de la fin de 1937, le dictateur Rafael Leónidas Trujillo ordonna l'extermination imminente de tous les habitants d'origine haïtienne vivant dans les zones frontalières du pays.

D’abord le 28 septembre, trois cent personnes ont été tuées dans une ville appelée Bánica. C’était inattendu, il n'y avait aucun avertissement ni aucun signe de tension. L'État, par envie de domination politique et raciale, déclencha les forces de la haine qui ont perpétré ce massacre. À cette fin, Trujillo mobilisa l'armée et pour que cela ressemblât à un soulèvement populaire, il y eu peu de décès par balle. Leur méthode était de tuer avec des machettes ou de grands bâtons en bois. Certains ont pu s'échapper et d'autres ont été piégés lorsque, le 5 octobre, l'Etat dominicain décida de fermer la frontière et de procéder au massacre, dans les eaux de la rivière Massacre qui sépare Haïti de la République dominicaine.

 « Les haïtiens passaient avec tous leurs vieux meubles, leurs draps, leurs vêtements, tout ce qu'ils pouvaient porter sur leurs épaules. Ils prenaient le chemin de Marmolejos, et quand ils arrivaient au carrefour de Guayacanes à Mamey, c'était la fin pour eux. C’est au bas de cette colline et près de ma maison, qu’ils ont été massacrés. Les pauvres Haïtiens, mon Dieu, n'ont eu aucune chance ! Ils ont été frappés à la tète à l’aide de gros bâtons et plus tard jetés dans un trou, un énorme trou. Ils les ont tués et les ont jetés là-bas. Il s'agissait de les faire disparaître »nous dit Perez après un témoignage reçu de sa grand mère.

Le carnage dura des semaines, et dans certains endroits, des mois. Les militaires dominaient dans cette violence physique, mais parfois ils ne se montraient pas. Aleja m’a dit qu'ils arrivaient au milieu de la nuit dans les maisons où ils savaient qu'il y avait une longue coexistence entre haïtiens et dominicains, comme dans les communautés de Ranchete, Cabia et Bajabonico.

Massacre

Je ne viens pas me chausser des bottes de Rafael Trujillo, je viens plutôt m’affubler des bottes de Ramfis Dominguez Trujillo, pour parodier l’ex président Joaquin Balaguer, qui servit son grand père durant toute sa dictature sanguinaire de 30 ans.

Notre candidat se dit indigné quand il entend les organismes internationaux qualifier les dominicains de xénophobes et racistes. Il se prend presque pour un suprémaciste blanc et on peut sentir sa fierté à s’en défendre. La belle blague !

« Par tous les moyens je défendrai le drapeau dominicain. » a t-il lancé sous les applaudissements de ses partisans.  Dans un discours teinté de nationalisme outrancier, Dominguez Trujillo a condamné la corruption « dégoûtante » qui dit-il prévaut dans le pays et il fait la promesse qu’aussitôt arriver au pouvoir, il récupérera tout ce qui a été volé ces dernières années. Ses promesses ne s’arrêtent pas là, il promet de freiner la corruption, mais aussi d’arrêter l’insécurité, de redonner aux forces armées sa « gloire » passée et surtout de sauver la nation de l’invasion haïtienne.

« Nous allons défendre notre nation que l’invasion haïtienne soit pacifique ou non, soyons radicaux face au thème migratoire et fermons nos frontières.» lançait-il dans son premier discours. On croyait entendre Trump, le président de son pays.

La classe politique ne prend pas à la légère cette intrusion de ce personnage dans l’arène politique. C’est une provocation, avertit Minou Tavarez Mirabal que le propre petit fils du dictateur Trujillo aspire à gouverner le peuple dominicain et c’est aussi une honte pour notre pays.

 

Minou Tavarez Mirabal

Minou Tavárez Mirabal

« C'est douloureux parce que cela arrive à cause de l'incapacité de la République Dominicaine à construire la démocratie. Cet homme incarne le pire, il a un discours dépassé, irrespectueux et autoritaire », a-t-elle déclaré.

« Ce qui permet à cet homme de venir faire de la politique dans notre pays, c'est précisément parce que la justice n’a pas été rendue. C'est ce qu'on appelle l'impunité. Son grand-père a saqué le pays, l'a volé, n'a pas respecté la dignité des femmes, est considéré comme le plus cruel des despotes qui a frappé l'Amérique latine au siècle dernier et pourtant il n'y a pas eu un seul prisonnier, personne ici n’a payé pour cela. Au contraire, beaucoup de ceux qui, en complicité avec le pouvoir, ont gardé ce qu'ils avaient volé », a-t-elle affirmé.

Minou soutient que les aspirations de cet homme sont dues au fait que dans le pays il n'y a pas eu la possibilité de construire la démocratie.

« Les gens accusent la démocratie de tous les maux, mais la démocratie qui n'a jamais existé ici. Qu’appelle t’on démocratie? Les douze ans de Balaguer? Les 10 ans? Ce gouvernement? La démocratie ne signifie pas seulement la liberté d’expression, mais signifie le respect des lois et ici, elles ne sont pas respectées, cela signifie administrer honnêtement ce qui appartient au peuple dominicain, cela signifie respecter les institutions », a déclaré la leader politique.

« Comprenez que le projet politique du petit-fils du tyran est celui des secteurs qui continuent à rêver du despotisme de Trujillo. Avec cet autoritarisme que nous n'avons jamais pu réussir à surpasser et qui se perpétue sur tout l'État dominicain. Et aujourd'hui, c'est encore pire parce que la consolidation d'un gouvernement autoritaire et corrompu aide ce genre de discours même venant du petit-fils du tyran. »

Ceux qui font toujours ce rêve du retour à la dictature dont parle Minou Mirabal, fille de martyre,  oublient que les bustes du dictateur ornaient chaque place publique, des enseignes proclamant « dans cette maison, Trujillo est le maître » étaient accrochés sur les murs de tous les magasins. Le long des routes, des panneaux portaient la mention, « Merci, Trujillo» et les balises au néon faisaient clignoter le  message : «  Dieu et Trujillo ». Certains flatteurs poussaient l'audace jusqu'à mettre son nom avant celui de notre Seigneur et aucun dominicain n'osait s'y opposer.

 Le bouc comprenait bien la puissance de la terreur. Il fit périr des milliers de ses adversaires des cachots de la police secrète SIM, dans de spectaculaires accidents ou d'incroyables suicides. Son bras vengeur atteignait même les États-Unis en 1956. Il fit enlever et assassiner à l'Université de Columbia le professeur Jésus de Galindez, un critique amer de son régime et ancien précepteur de ses enfants.

Mais le pic de la terreur fut atteint pendant cette nuit d'octobre 1937, quand il donna des instructions pour éliminer les squatteurs haïtiens le long de la frontière du nord-ouest. On se rappelle que pendant 36 heures, son armée très efficace envoya à la boucherie 20, 000 hommes, femmes et enfants.

 Des apologistes, ignorant la terreur qu’il faisait régner, indiquait que le revenu annuel par habitant de la République Dominicaine s'était brusquement amélioré atteignant  $225 environ, moyenne enregistrée pour l'Amérique latine. Mais cette moyenne ne  reflétait pas la part disproportionnée de la richesse acquise par sa famille omniprésente qui percevait 10% sur tous les contrats de travaux publics, sans compter les intérêts très lourds qu’il recevait sur le sucre, les  textiles, le bétail, les assurances, et sans mentionner ses monopoles d'huile, de sel, de cigarettes, du bois de charpente, des allumettes, du lait et de l'arachide. A sa mort, sa fortune était évaluée à $800 millions (valeur actuelle $ 6,390, 000,000.00)

L’un de ceux qui récoltaient de ce tourbillon et  qui rejoignait ma maison de Paris en louant à chaque fois un avion d'Air France à $28.000 (valeur actuelle $ 224,000.00), n'était autre que son fils Ramfis, âgé de  32 ans.

Quand Ramfis prit le pouvoir, il avait la certitude que de toutes les factions d'opposition dans le pays, les communistes et les Castristes étaient les mieux organisées pour combler le vide du pouvoir laissé par sa mort.

Après des années d'autocratie, la République Dominicaine était un pays zombifié. Des milliers de Dominicains, bon nombre d'entre eux pleurant de façon hystérique, essayèrent de bloquer la crypte minuscule de l'église de San Cristóbal, où son cercueil était étendu. Ramfis les mit dehors, puis, avec des yeux de feu, jura sur ma tombe de tuer chacun  des membres de l'opposition. Après l'enterrement, il fit tuer 1 000 suspects, adversaires du régime. Le fils de Diaz fut tué, et son épouse torturée, le gouvernement annonça la mort d'un des assassins et la capture de trois autres.

Trujillo 6

 Il était un play-boy, joueur de polo. Affectueux, il avait une épouse et six enfants, ce qui ne l'empêchait pas de fréquenter de belles femmes comme les célèbres actrices Kim Novak et  Zsa Zsa Gabor. A cette dernière, il donna une Mercedes-Benz de $5,500.00 (valeur actuelle $ 45,000.00) et un manteau de vison de $17.000 (valeur actuelle $136,000.00).

Son dictateur de père le nomma colonel de l'armée à l'âge de trois ans et il devint brigadier général à neuf ans, Ramfis n'avait pas du tout  la ténacité et le talent requis pour faire face au chaos qu'il hérita de son père. Sa mère Maria Ricardo Martinez était aussi d'ascendance haïtienne par les Heureaux, par cette lignée, il était cousin de Balaguer, lui aussi d’ascendance haïtienne.  

Oui, nous aurons un autre Trujillo

C’est la réponse de Pablo Gómez Borbón à ceux qui désirent à la tête du pays, un autre dictateur comme le General Trujillo. Gómez Borbón enchaine:

« Mes chers fascistes, voila mes conseils, exprimez-vous, dites haut et claire ce que vous pensez, maintenant que vous le pouvez encore. Ne vous limitez pas seulement à cet article qu’a écrit contre moi cet homme politique d’extrême droite et sa progéniture dans notre démocratie si malmenée. Animez-vous, ne continuez pas a le faire en restant masqués.  Cessez de vous lamenter que le président Balaguer n’a pas voulu assassiner le journaliste Juan Bolivar Diaz. Dénigrez Acento.com et tous les autres journaux traitres dans lesquels nous écrivons. Menacez publiquement de nous exiler en Haïti ou de nous achever d’un coup de grâce à la nuque avec votre Luger. Vous avez encore le temps, parlez, criez, écrivez, dénoncez.

Ne vous croyez pas à l'abri des excès d'une future dictature parce vous êtes des néo-ultra-conservateurs ou  des entrepreneurs ou parce vous vivez dans le Bronx (New York). Les dictateurs ne sont fidèles qu’à eux-mêmes. Trujillo n'était pas seulement en rogne contre ses adversaires, mais aussi contre ses complices, qui montaient au faite de la gloire mais pouvaient tomber en disgrâce selon l'humeur du dictateur. Trujillo a humilié la haute société dominicaine à laquelle vous appartenez et il n’a pas seulement violé les filles d'opposants à son régime, mais achetaient aussi les   entreprises commerciales qu'il voulait au prix qu'il voulait payer. Trujillo a kidnappé Monsieur Galindez à Manhattan New York, mais a aussi attenté à la vie du président vénézuélien Betancourt à Caracas.

Trujillo 4

Rafael Leonidas Trujillo

 

Pour résoudre les problèmes qui nous submergent, nous n'avons pas besoin d'un nouveau Trujillo. Une seule dictature suffit: celle de la Loi. Prétendre le contraire est une folie. Maintenant, je pense que tôt ou tard, que nous le voulions ou non, nous l'aurons, cette dictature. Les conditions sont réunies, les symptômes sont visibles et, malheureusement, beaucoup d'entre nous le méritent » disait Gómez Borbón.

Amin Perez, quant à lui nous fait part de ces réflexions :

« Récemment, les résidents d'un quartier populaire ont désobéi à un ordre de la mairie en expulsant la police municipale qui se préparait à arrêter et à déporter des Haïtiens qui y vivaient et y travaillaient. Je l'ai également vécu il y a quelques mois, en menant des travaux sur le terrain dans les champs de canne à sucre du pays. Là, j'ai trouvé la réponse que je cherchais, de la façon dont, malgré l'animosité créée par l’élite entre les populations des deux pays, la plupart du temps, ce qu’elle cherche ne se produit pas. La réponse est simple : ces populations sont imprégnées de l'expérience de la communauté que j'appelle le socialisme des gens. Ce n'est pas un problème politico-idéologique, beaucoup moins un problème de moralité inhérente à un groupe culturel particulier, c'est plutôt une solidarité qui tend à se développer au sein d'une communauté en raison d'une situation historique commune de domination. La force de ce lien social émerge dans les conditions quotidiennes de précarité, consciemment et inconsciemment, créant des idéaux de justice communale et structurant et donnant un sens à la vie collective, en dépassant les intérêts particuliers des élites. La plupart du temps, c'est dans ces villes intérieures confinées à la ségrégation où de nouvelles nuances de solidarité découlent du sentiment de vivre et de combattre les mêmes conditions de misère. Et c'est dans ces champs et ces bateyes où la question n'est plus d'où vous venez, mais plutôt ce qui nous permet de rester ensemble et d'où nous pouvons frapper. »

 

Samedi 9 décembre 2017

 

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Publié le 9 décembre 2017, mis à jour le 11 janvier 2021

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