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ALAIN CLÉRIÉ - Un Haïtien digne et fier

Écrit par Lepetitjournal Haiti
Publié le 2 février 2016, mis à jour le 28 janvier 2016

Alain Clérié est né à Jérémie le 19 août 1818. Très jeune, sortant à peine de l'adolescence, il fut enrôlé dans l'armée en tant que soldat et servit son pays sous le drapeau. C'était au lendemain de la lutte épique pour l'indépendance d'Haïti. A cette époque, chaque Haïtien était conscient de son devoir et du sentiment de solidarité étroite qui doit unir les enfants d'une même nation. En outre, tous, jeunes et vieux avançaient avec enthousiasme et confiance à la conquête du destin dont ils rêvaient pour Haïti.


Alain Clérié, élevé à l'école du civisme, apprit très tôt à aimer son pays comme on aime sa mère, sans paroles et sans fantaisies. Il apprit à aimer son pays sans intérêts; qualité rare qui ne se retrouve que parmi les gens spéciaux. Bien pourvu en intelligence, ses aspirations inclinaient vers les plus hauts sommets, c'est à dire la Beauté, la Bonté et la Vérité dans leurs significations les plus pures.

Il se donna lui même une éducation solide. Pauvre, il n'avait pas les moyens d'aller à l'étranger pour passer des années sur un banc de lycée afin de saturer son esprit de grec et de latin, et se caver l'esprit de la philosophie de Sophocle, d'Homère, d'Horace ou de Cicéron. Il n'eut à sa portée que l'école que Cléverain Hilaire venait d'ouvrir à Jérémie.

Clérié reçu également les enseignements précieux de Honoré Féry l'homme le plus instruit en Haïti à l'époque. Il tenait dans son âme féconde bien en forme les germes d'une évolution qui ferait de lui un jour, l'homme de sa famille, de sa ville et, en outre, une des gloires de son pays, mais néanmoins ignoré. Cela est dû au pouvoir suprême de la volonté. En raison de sa nature élitiste, il devint, après la fin d'un cercle d'études incomplètes, par ses efforts personnels, par le travail et l'auto-instruction, un homme éminemment instruit, il était un autodidacte.

Comme avocat, magistrat, orateur, prédicateur, ses paroles étaient aussi profondes qu'elles étaient lumineuses. Il faut avoir été présent quand Monsieur Garoute parlait de son modèle avec tant d'enthousiasme.

Grand de stature, un front élargi, Alain Clérié avait l'air d'un orateur. Il était un géant, né pour le ministère sacré de la parole. Il a été digne d'incarner la grande éloquence. Ce que le charme et la grande puissance du Verbe maintenir ces avantages extérieurs? Demandez aux survivants de la génération de 1850 à 1875, qui eurent le plaisir exquis de l'écouter, soit à la cour ou lors de ses discours sur la morale, la philosophie et ses sermons qui ont inauguré l'église méthodiste Wesleyenne à Jérémie. Il a enflammé le zèle des premiers converties pendant tant d'années qu'il a ainsi construit une base solide pour son Eglise, une réalisation aussi respectable que sainte. Il deviendra Président de l'Assemblée Nationale Constituante en 1889.

Il cumulait les trois formes d'éloquence: l'éloquence judiciaire, l'éloquence politique et l'éloquence sacrée.

Ses écrits étaient des morceaux littéraires qui égaleraient toute anthologie. Les qualités de son style étaient la précision, la vigueur et la clarté, rafraîchi par l'élégance dont lui seul avait le secret. En outre, il était fortifié en particulier par la profondeur de ses réflexions. Il maitrisait à un haut degré, l'utilisation des termes appropriés qui venaient sous sa plume sans effort.

Ses conclusions à la Cour pénale étaient aussi foudroyantes que des coups de massue et faisaient trembler les délinquants. C'est parce que de ses paroles émanait la double autorité de la loi et de la morale qu'il prêchait.

Il exerçât seulement comme avocat pendant une courte période, mais il a passé plus de trente ans en tant que juge. Son caractère était marqué par deux qualités: la bonté et le manque d'intérêt cupide. Il plaidait devant la Cour, toutes ses premières causes sans montrer aucun intérêt pour ses honoraires. Il plaidait ses cas gracieusement, seulement pour l'art et à cause de son amour pour l'humanité. Toute sa vie, il ouvrit discrètement sa bourse, quand elle était pourvue, à tous ceux qui étaient dans le besoin. Il donnait son argent, sachant qu'il ne serait pas remboursé, mais il ne pouvait pas refuser. Toutes les souffrances des autres lui faisaient pitié, il s'associait au désespoir de tout le monde, il voulait aider certains, réconforter les autres, et il voulait faire sécher toutes les larmes. Il oubliait ses propres problèmes; son exil, sa ruine après un incendie qui détruisit sa maison et ses biens, la mort de sa femme si altruiste et très instruite qui lui fit tant de peine et lui apporta tant de tristesse.

Clorinde Sansaricq l'épousa et lui donna seize enfants: deux garçons et quatorze filles qui vont faire des alliances avec la plupart des familles de la bourgeoisie de Jérémie. Clorinde était la fille de Pierre Sansaricq de Bayonne et d'Amandine Moussignac qui était la fille d'un ancien colon blanc de Saint-Domingue, le comte de Moussignac.

Alain était le fils de François-Thomas Clérié et d'Isabelle Cornard. François-Thomas était le fils d'Alain-Marie Clérié (1768-1802) et Marie Cambray, tous deux nés et morts en France.

Alain-Marie était le fils de Thomas Olivier Clérié et de Françoise Lemaçon, tous deux nés et morts en France également. Nous retrouvons la trace de François-Thomas le père d'Alain dans l'armée française à Saint-Domingue à l'époque de Toussaint Louverture. Il était colonel, spécialiste en artillerie. On le retrouve ensuite dans le Nord avec Henri Christophe. Il était l'officier qui transporta le roi dans ses bras après sa crise d'apoplexie. Il était aussi le propriétaire de l'habitation d'Argence dans la Grand-Anse. Il est né en France et mourut à Jérémie.

Alain Clérié était souvent harcelé par le désespoir, mais ce fut en vain, il pouvait défier tous les coups. Il était un modèle de courage offert aux générations futures. Il avait une passion pour la vérité et la justice, il était le défenseur de la veuve et l'orphelin, le vengeur redoutable des opprimés et des victimes de violence. De plus, quand il ne pouvait pas faire ce qu'il enseignait était de son devoir, il souffrirait dans sa conscience honnête et pure. En tant que patriote, le chemin faible de la politique lui répugnait. Il a été systématiquement sourd en face d'intrigues et de machinations. Il se déplaçait vers l'avant, la tête bien élevé, l'?il fixe vers des objectifs élevés, le tir avec le pied de la saleté, sans jamais été souillé. Sa grande âme n'a jamais été troublée par l'ambition de pouvoir ou d'honneur. Il ne cherche jamais à se mettre en avant. Il pourrait d'être si facile pour lui de le faire avec sa plume et sa parole; celui qui pourrait gérer aussi bien un ou l'autre de ces instruments. Il ne fait aucun doute qu'il pourrait obtenir le pouvoir, l'honneur et la richesse sans se baisser, mais seulement s'il pouvait sortir de son extrême modestie. Mais il s'est enfermé dans sa tour d'ivoire et, naturellement, que la connaissance et la vertu n'ont pas de sens en Haïti, il ne connaissait que la joie de la vie de famille, les joies sereines de la piété et la religion, les consolations douces de foi et d'espérance de jours meilleurs dans la maison éternelle de Dieu. Cet homme qui a été entendu comme un oracle de Jérémie, a été aimé, vénéré et respecté comme un patriarche. Il avait été un témoin des manifestations les plus belles de l'âme nationale haïtienne et a été l'un des principaux acteurs de ce grand mouvement de 1843. Il pourrait avoir acquis une influence considérable dans les affaires de son pays et à la fin un jour avec une fortune qui pourrait assuré de sa famille tout le confort que l'argent procure. Cependant, si comme il a été demandé à un grand avocat: «Il suffisait de se plier à collecter beaucoup d'or. "Il aurait certainement répondu comme l'autre, se soulevant avec tous les haut de sa dignité:« Mais pour ce faire, je l'aurais à plier".

Alain Clérié avait une vie simple, pleine de noblesse, une carrière sans tache, un nom honorable; l'exemple de patriotisme sans intérêt et d'un culte fervent pour les libertés publiques et pour la cause sainte de la démocratie.

Les rares fois où il a été vu dans la foule parce que son amour passionné pour la liberté, sa répugnance invincible pour la tyrannie, le mépris de la Constitution et les lois, et la revendication des droits du citoyen, armé de son bras, enflammé sa plume et de mettre invectives sur ses lèvres.

Comme preuve de son non-intérêt, on pourrait invoquer sa mort dans la pauvreté, au milieu de ses enfants et petits-enfants, formant l'un des innombrables familles en Haïti.

                                 
                

Parmi ses descendants, on compte plusieurs haïtiens célèbres dont les poètes Etzer Vilaire et Edmond Laforet.

Jean-Claude Fanini (www.lepetitjournal.com/haiti) mercredi 3 février 2016

Traduit du livre « I am within the crowd » jc Fanini.

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Publié le 2 février 2016, mis à jour le 28 janvier 2016

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