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ISCH LIEBEU DICHE - Nadja et Rémi, "On ne prévoit pas forcément de rester en Allemagne"

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 20 février 2017, mis à jour le 21 février 2017

Le café Oosten qui fait face au Main et aux innombrables grattes ciels de Francfort, c'est l'endroit que Nadja et Rémi ont choisi pour raconter au petitjournal.com/francfort leur histoire d'amour qui dure depuis cinq ans. L'occasion pour eux d'une amusante rétrospective qui met en lumière les décisions à prendre pour faire avancer le couple.

(Photo SN lepetitjournal.com/francfort)

À 29 ans, Nadja est professeur d'anglais et d'espagnol dans un établissement privé à Francfort, et Rémi, 27 ans, originaire de Metz, exerce en tant que conducteur de travaux. Il vit en Allemagne depuis 2011 après un semestre à Aachen (Aix-la-Chapelle) dans le cadre d'Erasmus. C'est là-bas qu'il a rencontré Nadja. Après une relation à distance de quelques mois en Allemagne, c'est dans la capitale de la finance que le jeune couple vit actuellement. Pour la suite, Nadja et Rémi n'excluent pas de poursuivre leur idylle ailleurs, ou même de quitter l'Allemagne. Rencontre avec un couple plein d'humour qui se laisse le temps de choisir son avenir.

Lepetitjournal.com/francfort : quand et comment avez-vous fait la connaissance de votre partenaire ?

Rémi : c'était à Aachen dans le Nord-ouest de l'Allemagne, pas loin de Düsseldorf et Cologne. J'ai fait mon école d'ingénieur à Lille et ensuite j'ai eu la possibilité de partir à l'étranger dans le cadre d'Erasmus et j'ai été accepté à Aachen, c'est là qu'on s'est rencontrés en 2011.

Nadja : j'étudiais l'anglais et l'espagnol à Aachen pour devenir professeur. Je travaillais aussi dans un bureau international à cette période et j'ai fait sa connaissance lors d'une rencontre avec un groupe d'étudiants chiliens, c'était l'anniversaire de l'indépendance du Chili et ils m'avaient invitée à faire la fête. Il y avait deux étudiants dont Rémi qui cherchait un logement. À ce moment-là, il vivait avec d'autres étudiants mais cherchait à déménager. Il m'a vue et s'est dit "Ah une Allemande, je pense qu'elle peut m'aider !" (Rires).

Rémi : j'étais trop en galère parce qu'Aachen est une petite ville, c'est très étudiant, et avec peu de possibilités de logements donc du coup elle m'a donné un coup de main dans mes recherches !

Pensiez-vous rester après Erasmus ?

Rémi : à la base, je devais rester un semestre jusque fin mars. Au début, je ne voulais pas forcément rentrer en France mais je me disais que je n'arriverai jamais à trouver un emploi en Allemagne. Je parle bien l'allemand mais il faut être efficace, apporter quelque chose à l'entreprise. Finalement, je me suis quand même lancé en Allemagne, en demandant à un doctorant qui connaissait quelqu'un chez Max Goebbels, une entreprise de BTP en Bavière et ça a marché. J'ai donc effectué mon stage de fin d'année là bas.
Nadja continuait ses études à Aachen, on se voyait deux fois par mois minimum en Bavière ou à Aachen, c'était une relation à distance pendant neuf mois.

Et après le stage en Bavière, vous avez trouvé un moyen de rester en Allemagne ?

Rémi : oui, j'ai postulé en Allemagne pour un emploi de conducteur de travaux et ça a marché grâce au bouche à oreilles. Et j'ai trouvé à Francfort. Je savais que si je rentrais en France, je ne serai plus revenu en Allemagne. Une fois dans le monde du travail en France, tu ne pars plus. Et je me suis dit que si je rentrais en France tout ce que j'ai fait jusqu'à présent serait perdu. Les Parisiens s'en fichent si je parle allemand par exemple.

Nadja : en ce qui me concerne, j'ai fini mes études en 2013 à Aachen, je suis allée à Cologne pour être professeur assistante un an et demi. En Allemagne, la plupart des professeurs sont fonctionnaires et gagnent très bien leur vie, mais il faut rester toute sa vie dans la même école. Il est possible de changer et de demander une mutation mais le statut de fonctionnaire oblige à rester. Et je ne voulais pas rester sachant que Rémi avait trouvé du travail à Francfort. Rester à Cologne et être fonctionnaire me permettait d'avoir un très bon salaire mais m'aurait contrainte à des déplacements fréquents entre Francfort et Cologne. Je ne voulais pas ça. J'ai alors déménagé, je n'avais pas de travail au début mais j'ai pu donner des cours pour adultes pendant quelques mois. Puis j'ai fini par trouver un emploi de professeur dans une école privée ici donc c'est cool. Et ce qui est bien c'est que je ne suis pas condamnée à y rester comme je ne suis pas fonctionnaire.

Et vous voilà à Francfort, vous vous en sortez bien tous les deux finalement ! C'est pas compliqué tous ces compromis ?

Rémi : c'est des calculs mais c'est la vie ! Elle aurait été fonctionnaire elle aurait gagné beaucoup plus mais le problème c'est que je ne sais pas encore quelle perspective je peux avoir dans mon travail ces prochains temps. Et si elle est fonctionnaire, et que je veux partir, ça aurait été compliqué.

Nadja : en fait ce n'est pas si compliqué non plus car je ne tiens pas à rester toute ma vie dans la même école. Je ne gagne pas autant que je pourrai mais je ne pouvais pas non plus rester à Cologne donc c'est assez simple à régler finalement.

Donc vous ne vous imaginez pas forcément rester à Francfort tout le temps ?

Rémi : pas forcément non. Au début, j'étais pas censé rester en Allemagne, je voulais juste faire un semestre à l'étranger. Au final, je me suis dit pourquoi pas rester pour un stage, ça a marché et puis je me suis dit pourquoi ne pas postuler dans une entreprise. Ça fait 4-5 ans que je suis ici, la prochaine question qui se pose c'est pourquoi ne pas partir à l'étranger. Dans un couple mixte, franco-allemand, je me pose toujours la question : quand est-ce que je rentrerai? Est-ce que j'arriverai à vivre toute ma vie ici alors qu'au final je n'ai pas de racines ici. Tous mes amis de maternelle, de l'école primaire, du collège et du lycée, et la famille sont de l'autre côté. J'ai une copine, je ne suis pas tout seul non plus mais ce n'est pas mon pays.

Nadja : non, on ne tient pas à tout prix à rester ici. Après même si Rémi vient de Metz, il a des amis aussi bien à Paris, à Lisbonne, dans des endroits différents.

Rémi : même si je parle très bien l'allemand et qu'au travail je m'en sors bien, ce n'est quand même pas ma langue maternelle. Et puis quand je retrouve mes amis ça fait du bien de parler français, parce que je n'ai pas à réfléchir, tout me vient naturellement. Après ici tout va bien, j'ai un bon travail, une belle copine et un bel appartement.

Qu'est ce qui vous a le plus séduit chez l'autre et ou dans sa culture?

Rémi : la langue allemande (Rires). Les Allemands sont cool et j'aime bien leur mentalité aussi je pense. En général, quand je dis quelque chose j'aime bien que ce soit fait.

Nadja : j'aime beaucoup la culture du shopping en France, c'est très convivial, c'est différent de l'Allemagne. J'aime bien les apéritifs aussi, les repas qui durent des heures autour de la table avec la famille et les amis. Mais je n'aimais pas spécialement la France, je suis partie en Erasmus en Espagne, il y avait des étudiants Français mais ils ne parlaient ni anglais ni espagnol donc nous n'avions presque pas de contact avec eux et ils restaient entre eux. J'avais trouvé leur attitude étrange mais sinon je n'ai jamais eu de contact avec de Français en particulier avant de rencontrer Rémi. J'ai étudié le français trois ans à l'école.

Et ce qui vous plaît le moins ?

Nadja : quand tu es en balade avec des Français et qu'ils commencent à parler des animaux et des canards dans le lac. Et ils disent "oh oh il est beau" "oh les canards". Et ils en parlent pendant 10 minutes, ce sont juste des canards! En fait j'aime bien, c'est rigolo mais les Allemands ne commentent pas autant la nature.

Rémi : à chaque fois elle se moque de ma mère quand elle fait ça. Moi je dirai que les Allemands pensent tout le temps qu'ils vont gagner la coupe d'Europe ou la coupe du monde et à chaque fois ils se cassent les dents, ça me fait rire. Plus sérieusement, ils sont très rigoureux sur les horaires, mais si tu connais les règles, tu t'adaptes.

Dans votre vie quotidienne, vos différences culturelles se remarquent-elles et posent-elles problème?

Rémi : au début, mon sport favori en tant que Français, était toujours de contourner les règles. J'adore ça. J'ai horreur de payer des taxes pour rien, en Allemagne il y a une taxe pour la télévision. Mais même si tu ne regardes pas la télévision et que tu n'en as pas chez toi, tu payes quand même cette taxe, t'as pas le choix et c'est comme ça. Les Allemands s'adaptent aux règles et ne se posent pas de questions. Moi quand je gare la voiture, je réfléchis toujours à ne pas payer. Il y a des règles pour tout et certaines sont plus ou moins importantes que d'autres, pour certaines tu perds tout le temps si tu fais le malin mais tu peux aussi gagner si tu tentes le coup (Rires). Sinon dans ma coloc à Aachen et j'ai déjà eu cette discussion avec Nadja, j'ai appris qu'un homme devait s'asseoir pour faire pipi alors qu'en France personne ne fait ça. Et puis sinon, j'ai toujours mon apéritif en tête, avant de manger j'aime bien boire un petit verre de vin.

Nadja : j'adore aussi prendre l'apéro même si ça se fait beaucoup moins en Allemagne.

Quelle est la langue de votre couple ?

Rémi : on parle principalement allemand mais parfois on lance deux ou trois mots en français pour rigoler.

Nadja : "comprends-tu, t'es fou, on y va?" Toujours trois mots (Rires), il n'aime pas parler français avec moi.

Rémi : il te faut trois heures pour dire trois phrases, je ne suis pas trop patient donc c'est mieux de parler allemand !

Est-ce que votre couple mixte a posé des difficultés dans vos familles respectives ?

Rémi : les deux familles sont toutes les deux ouvertes d'esprit donc ça c'est très bien passé. Ce qui n'est toujours pas évident, c'est quand on est à table, ma famille se doute bien que je suis heureux mais il n'y a pas de conversation qui se crée vraiment avec Nadja. Mon père parle un peu allemand donc ils peuvent parler ensemble mais ça s'arrête là. Personne ne parle vraiment anglais dans ma famille. Les conversations sont très restreintes. Moi j'ai eu moins de problèmes même si au début j'étais timide surtout que ce n'est pas ma langue maternelle.

Nadja : c'est difficile d'organiser des rencontres aussi, ça fait 5 ans qu'on est ensemble et nos parents ne se connaissent toujours pas. C'est dommage mais ça ne sert à rien car ils ne pourront pas communiquer.

Et si vous vous mariez ?

Rémi et Nadja : c'est compliqué.

Rémi : c'est le bordel parce que la plupart de mes potes ne parlent pas l'allemand, peut-être un peu l'anglais cassé. Les amis de Nadja ne parlent pas français. Moi ma vie est un peu de l'autre côté en France avec ma famille, mes amis et ma culture et ces mondes là ne s'adaptent pas très bien ensemble. Il y a une grosse barrière de la langue et ça tu ne peux pas l'oublier. Au niveau mariage et rencontre des proches il y a feu rouge, tu ne peux pas aller plus loin. J'imagine la fête, les Français à droite, les Allemands à gauche. Si tu n'as pas de langue commune ce n'est pas évident. Et puis les jeunes parlent anglais mais à partir d'une certaine tranche d'âge c'est moins le cas.

Quel est votre endroit préféré à Francfort ?

Rémi : l'été, on va souvent à l'université Goethe, c'est vraiment beau là haut. Il y a une très belle vue sur Francfort et le campus est vraiment magnifique. Il y a beaucoup d'espace, des fontaines d'eau... On aime bien se détendre là bas.

Quel a été son plus beau cadeau ?

Rémi : je lui ai offert un collier que j'ai trouvé sur un trottoir (Rires).

Nadja : il n'aime pas les cadeaux. L'année dernière je lui ai offert un appareil photo pour son anniversaire !

Vos projets à deux ?

Rémi : je vais commencer à regarder si je peux évoluer au niveau professionnel, suivant comment ça se passe, on restera à Francfort où on partira. On est heureux ici mais si une opportunité se présente je la prendrai.

Nadja : oui, on pourrait aussi bien quitter l'Allemagne et partir ailleurs.

Interview réalisée par Sarah N. (www.lepetitjournal.com/francfort), mardi 21 février 2017

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Publié le 20 février 2017, mis à jour le 21 février 2017

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