

À l'occasion de la fête du 14 juillet, lepetitjournal.com/francfort révise ses leçons d'Histoire de France et vous propose une incursion au temps de la prise de la Bastille et de son univers linguistique.
? « C'est une révolte ? »
? « Non sire, ce n'est pas une révolte, c'est une révolution! » (Échange qui aurait eu lieu le lendemain du 14 juillet 1789 entre Louis XVI et le duc de La Rochefoucauld.)
Fête de la prise de la Bastille ou fête de la Fédération ?
Peut-être bien les deux. En effet, un an jour pour jour après la prise de la Bastille par le peuple de Paris le 14 juillet 1789 déclenchant la Révolution française, la fête de la Fédération est célébrée en grande pompe au Champ de Mars à Paris. Voulue et organisée par La Fayette, alors commandant de la Garde nationale, elle symbolise l'union et la réconciliation de tous les Français. La Fayette, le président de L'Assemblée nationale et enfin le roi prêtent tour à tour serment d'allégeance à la nouvelle Constitution française. Après une 2ème célébration l'année suivante, la fête de la Fédération est abandonnée. Ce n'est qu'en 1880 que le 14 juillet est finalement officiellement déclaré jour de Fête Nationale française, symbolisant pour les français l'abolition de la monarchie absolue et le début d'une ère nouvelle : la République.
Dansons la carmagnole !
La révolution qui suit la prise de la Bastille est accompagnée de chants dans lesquels le peuple déchaîné crie sa colère et menace le roi, les aristocrates et le clergé. De ces chants de sans-culottes, deux sont particulièrement restés dans l'histoire et ont été repris à plusieurs occasions. "Ah, ça ira, ça ira", crée par un chanteur des rues du nom de Ladré, est entendu pour la première fois pendant les préparatifs de la fête de la Fédération en 1790. Benjamin Franklin, selon la petite histoire, venu plaider la cause de l'indépendance américaine auprès du roi de France fin 1776, aimait répondre "ça ira, ça ira", quand on lui demandait des nouvelles de la guerre d'indépendance américaine, inspirant ainsi l'auteur. Chanté sur un air populaire de l'époque, "le Carillon national" de Bécourt, il devient vite une sorte d'hymne révolutionnaire dont voici le refrain :
Ah, ça ira, ça ira, ça ira
Les aristocrates à la lanterne
Ah, ça ira, ça ira, ça ira
Les aristocrates on les pendra !
Interprété par Edith Piaf dans le film de Sacha Guitry de 1954 : "Si Versailles m'était conté", vous en trouverez l'extrait ici.
Quant à "La carmagnole", hymne des sans-culottes, c'est probablement le chant révolutionnaire le plus connu. Crée en 1792 au moment de la chute de la monarchie, on chante La carmagnole sous les fenêtres du roi et de la reine alors enfermés à la prison du Temple. Elle est aussi sinistrement entonnée et dansée autour de la guillotine lors des exécutions. En voici le refrain :
Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon !
Vous trouverez la version complète par là.
Mais qui sont les Sans-culottes ?
Les gens du peuple, ceux-là mêmes qui sont montés à l'assaut de la Bastille armés de piques et de bâtons, se sont insurgés contre la monarchie, l'aristocratie et le clergé ; qui ont adopté le tutoiement et s'appellent "Citoyen" et Citoyenne" au lieu du Monsieur et Madame alors réservés à l'aristocratie. Alors pourquoi "sans-culottes"? À l'époque, l'aristocratie et la haute bourgeoisie porte des bas de soie sous des culottes qui descendent juste sous le genou et des chaussures à talon haut. Par contre, la tenue des révolutionnaires issus du petit peuple est généralement composée d'un pantalon, ou d'une jupe pour les femmes, à rayures bleues et blanches et parfois aussi rouges, d'une blouse, d'un gilet ou veste courte (aussi appelée carmagnole) et bien sûr des sabots du travailleur. À tout cela s'ajoute le bonnet phrygien, bonnet rouge agrémenté d'une cocarde tricolore. Le bonnet phrygien, évoquant l'affranchissement des esclaves de la Rome antique, devient le symbole du pouvoir politique des sans-culottes, groupe révolutionnaire animé d'un idéal démocratique. De nos jours, seule Marianne, emblème de la République française et les Schtroumfs continuent de l'arborer fièrement.
Mais finalement, prise de la Bastille ou fête de la Fédération, le 14 juillet est aujourd'hui, hormis les défilés militaires, l'occasion de feux d'artifices et de bals populaires où les citoyens réconciliés dansent dans les rues ou dans les traditionnels bals des pompiers.
Marie Gérard (www.lepetitjournal.com/francfort), mardi 14 juillet 2015
© Illustration Angela Figueroa
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