

Quand on parle de mots étrangers dans une langue aujourd'hui, on pense tout de suite à l'anglais. Bien sûr l'anglais occupe une place non négligeable dans notre langage courant, soit-il français, allemand, suédois ou autre ; c'est aussi la langue officielle de communication de l'Union Européenne. Qu'en est-il cependant des apports des autres langues comme l'arabe ou encore l'espagnol ? Lepetitjournal.com/francfort vous propose pour ce nouveau volet de rubrique un potpourri de bons mots.
(Image A. Parasie)
Déjà au 18ème siècle des mots anglais commencent à faire leur apparition en France comme pickpocket, speech ; début 20ème, on découvre le baseball et le chewing-gum ; on regarde des shows de music-hall avec des vamps sexy en mangeant des hamburgers et des chips. Aujourd'hui, l'anglais c'est aussi la langue de la technique et de la technologie. La plupart des termes de l'informatique (IT : information technology) par exemple, sont utilisés en anglais dans de nombreux pays. Or la France, qui s'insurge contre cette déferlante d'anglicismes, résiste en créant des mots qui sont souvent adoptés par les francophones parce que courts ou logiques tels ordinateur pour computer, portable pour laptop ou téléphone cellulaire (bien qu'aucune traduction n'existe pour smartphone), logiciel au lieu de software ou téléchargement plutôt que download. Mais il n'y a pas que la technologie et le premier intérêt pour les Djeuns (comprenez les jeunes branchés), c'est d'être cool en utilisant un langage raccourci, fait d'abréviations et autres acronymes largement empruntées à l'anglais (LOL!). Mais finalement, on ne se prend pas trop la tête avec ces considérations car pour ceux qui la défendent, la langue de Molière vaut bien celle de Shakespeare. Pourtant, les Québécois, entourés de toutes parts d'anglophones et dont la langue orale est persillée d'anglais, montrent une grande ingéniosité à inventer des mots pour éviter d'utiliser des anglicismes. D'ailleurs l'Office québécois de la langue française a instauré une législation qui contrôle l'utilisation du français dans les administrations et les entreprises. Ainsi, "l'infonuagique" par exemple ferait place au "cloud computing". No comment.
Loin d'être un phénomène à sens unique, les langues se prêtent et s'empruntent mutuellement vocables et expressions. L'anglais a lui aussi adopté des mots d'origine étrangère, et donc du français (en passant par le latin), représentant en fait près de 29% de la langue. La liste serait trop longue mais en voici quelques-uns : rendez-vous, crème de la crème, déjà-vu, savoir-faire, bon vivant, laissez-faire, cul-de-sac, débutante, décolleté, connaisseur, ou encore "cherchez la femme"... Sans oublier la devise de la famille royale : "Honnis soit qui mal y pense". Voilà!
L'allemand n'y échappe pas non plus et si ça n'a pas toujours été l'entente cordiale, il donne quand même au français et à l'anglais bon nombre de mots intacts ou modifiés. On y retrouve donc leitmotiv, bunker, kitsch, stress, choucroute (de Sauerkraut), kindergarten (jardin d'enfants), képi (de Kappe), doppelgänger (sosie)... Certains mots trouvent leur place dans l'argot français, comme du frischti (de Frühstück) qui désigne un plat préparé à la va vite et peu ragoutant, un drôle de loustic (de lustig) c'est-à-dire un rigolo, ou bien encore un vasistas (de was ist das?), petite fenêtre à hauteur d'yeux. Inversement, portemonnaie, trottoir, sommelier, gendarme, plumeau (signifiant édredon), vernissage, chaise longue... font partie du langage courant allemand, au moins dans certaines régions.

L'arabe surtout est à l'origine de nombreux mots utilisés dans plusieurs langues tels chiffre, algèbre et zéro, chacal et girafe, abricot et orange, sirop et café... Mais encore, héritage du passé colonial de la France, des mots et expressions arabes et plus particulièrement du Maghreb sont indissociables du français courant : avoir la baraka (chance) ou la scoumoune (malchance), faire la nouba (la fête), prendre un chouïa de caoua (un peu de café), vivre dans un bled (un village) ou un gourbi (un taudis), promener son clebs (son chien), aller chez le toubib (le docteur), avoir du flouze (de l'argent), faire fissa (se dépêcher), kiffer quelqu'un (bien aimer), jouer les caïds (le chef)...
Bien d'autres langues d'origines très diverses sont présentes dans le français, et il faudrait plus d'un article pour les citer toutes. Finalement loin de pervertir le langage, les apports d'autres idiomes l'enrichissent et le colorent avant toutes choses d'innombrables découvertes. Alors si le mot se transforme d'une langue à l'autre ou s'éloigne parfois de son sens premier, il contribue quand même et surtout à faire avancer la communication. Et puis comme le dit si bien Erik Orsenna : "Les mots sont les petits moteurs de la vie." (La grammaire est une chanson douce, 2001).
Marie Gérard (www.lepetitjournal.com/francfort), mardi 12 mai 2015
(Photo MG lepetitjournal.com/francfort)
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