ELECTIONS CONSULAIRES – Rencontre avec Octave Procope-Mamert

Le 25 mai prochain, les Français de l'étranger éliront les conseillers consulaires. Elus de proximité pour un mandat de 6 ans, les conseillers consulaires dont les fonctions sont bénévoles, représenteront les Français hors de France auprès des ambassades et consulats. Les éditions de Cologne et de Francfort s'unissent pour présenter à leurs lecteurs entre le 15 avril et le 6 mai les candidats des 4 listes de la 2e circonscription d'Allemagne. Octave Procope-Mamert avec la liste ?Français d'Allemagne, Citoyens et Solidaires? ? liste investie par le PS, EELV et Français du Monde-adfe ? ouvre la série.

Octave Procope-Mamert, Francfort

Lepetijournal.com/francfort : pourriez-vous présenter votre parcours à nos lecteurs ?
Octave Procope-Mamert : C'est en effectuant deux années d'études ERASMUS à l'Université de Munich que j'ai fait, en 1999, ma première expérience d'expatriation en Allemagne qui se voulait limitée dans le temps, le but étant d'apprendre à connaitre la culture d'ingénierie et de management allemande. Or 15 ans plus tard je suis toujours ici, heureux d'être pleinement intégré dans la société allemande ! Ingénieur généraliste de formation, j'ai travaillé près de 5 ans à Munich dans le secteur des télécommunications. Puis en 2007 j'ai rejoint une agence européenne active dans le domaine spatial, basée à Darmstadt. Depuis toujours en phase avec les valeurs de gauche, j'ai alors décidé de m'engager pleinement dans l'action politique en rejoignant la fédération des Français à l'Etranger du Parti Socialiste et en travaillant sur le terrain, au sein de la section de Francfort, dont je suis secrétaire depuis 2008. Engagé en parallèle dans l'association Français du Monde-adfe, j'ai à c?ur de rapprocher l'action politique locale de l'action associative car seule une complémentarité entre ces deux mondes produit une action citoyenne efficace et bénéfique.
Parfaitement bilingue, j'ai aussi voulu prendre part intégrale à la vie publique allemande en adhérant au SPD et en obtenant il y a six ans, en plus de ma nationalité française, la nationalité allemande.

Quelle a été votre motivation pour être candidat au poste de conseiller consulaire ?
Ma candidature à l'élection des conseillers consulaires s'inscrit dans la logique de mon engagement citoyen des années précédentes. La nouvelle représentation des Français de l'Étranger introduit une dimension de proximité qui correspond bien au travail que nous avons fourni avec mes colistiers sur la circonscription consulaire ces dernières années. Cette fonction me permettra d'être encore plus utile, de mettre mon temps et mon énergie à la disposition des Français de notre circonscription, quel que soit leur profil d'expatriation ou leur lieu de résidence. Un moyen aussi de porter, dans l'exercice de ce mandat, les valeurs de gauche qui nous sont chères : liberté, solidarité, justice, tolérance, laïcité et ouverture au monde. Conseiller consulaire, je relaierai les préoccupations des Francais auprès de l'administration consulaire, des parlementaires des Français de l'Etranger ainsi que de nos partenaires allemands et autres acteurs associatifs locaux.

Quelles seront vos priorités si vous êtes élu ?
Élus, nous nous sommes fixés comme principale priorité de travailler à l'amélioration des outils favorisant l'insertion à l'emploi et à la formation professionnelle, non seulement pour les Français fraichement arrivés mais aussi pour ceux installés ici depuis longtemps et qui cherchent à se réorienter. Cela passe par un soutien aux structures existantes telles qu'?emploi-allemagne? et une mise en réseau des intervenants publics tel qu'?Ubifrance? ou privés. En effet la communauté française est de plus en plus dynamique, se renouvelle sans cesse et une bonne intégration doit être facilitée par un soutien actif.
Une de nos autres priorités sera de lutter pour maintenir, dans un contexte général d'austérité, des services publics consulaires en adéquation avec les besoins de nos compatriotes. Nous insisterons sur l'importance des tournées consulaires fréquentes, la nécessité de simplifier encore plus les démarches administratives et veillerons à ce que les moyens engagés par l'État soient à la hauteur de son obligation de service public.
Un axe majeur de travail sera aussi l'enseignement du français : nous insisterons pour que les bourses scolaires soient attribuées sur des critères transparents aux familles qui en ont réellement besoin et soutiendrons l'enseignement de la langue française en dehors des établissements français, en particulier par le développement du programme FLAM (Français Langue Maternelle). Il y a également encore beaucoup à faire au niveau des classes bilingues, dans le primaire comme dans le secondaire. Enfin au niveau de l'action sociale, l'engagement au service des Français visera à répondre aux situations de détresse sociale et accompagner nos compatriotes dans les démarches administratives parfois lourdes. Cette dimension sociale, nous y travaillerons aussi étroitement avec notre député Pierre-Yves Le Borgn', puisque nombre de dossiers liés au droit de la famille (divorce, adoption, droit parental, succession) ou aux questions relatives à l'assurance maladie ou la retraite demandent des évolutions au niveau de la législation de nos deux pays.

L'Allemagne assiste à une recrudescence de la présence française. Comment comptez-vous être au plus près des préoccupations de ces nombreux Français aux profils et attentes bien souvent très différents ?
Le conseiller consulaire ne disposera pas du don d'ubiquité, ne pourra pas être un chevalier solitaire, seul au service de tous. Je devrai donc, avec les autres colistiers élus, pouvoir me reposer sur un réseau de soutiens dans la circonscription, un réseau de personnes engagées qui resteront tout au long du mandat disponibles et à l'écoute des Français dans leur ville ou leur région. Ils pourront signaler aux conseillers consulaires élus les problèmes à traiter et ainsi les aider à rester proches du terrain.
C'est dans cette optique que nous avons composé notre liste. Nous voulions une équipe de campagne qui représente la diversité de la communauté française, diversité entre le monde associatif, le monde politique et la société civile, diversité générationnelle, diversité socio-professionnelle et surtout diversité géographique qui permet à notre liste d'être présente aux quatre coins de la circonscription.
Même si cette série d'interview s'intéresse uniquement aux têtes de liste, je voudrais insister sur le fait que la force de notre démarche et notre spécificité, s'appuie sur le collectif ! La diversité de profils que nous avons rassemblés sur notre liste d'union PS/EELV/FdM-adfe nous permettra d'appréhender et de mieux comprendre les cas spécifiques que nous rencontrerons ... et donc offrir une meilleure qualité d'écoute aux Français.

Qu'est-ce qui vous démarque selon vous des autres candidats et programmes ? Quelle sera votre valeur ajoutée ?
Je ne m'étendrai pas longtemps sur les deux listes indépendantes portées par des têtes de listes qui sont justement dans cette conception solitaire du mandat. Tous deux conseillers AFE sortants, ils n'ont ni compris le sens de la réforme qui exige une démarche collective ni pris en compte la forte demande de moralisation de la vie politique qu'expriment les électeurs. Ils se présentent donc à titre individuel pour la 3e voire 4e fois d'affilée, ignorant l'esprit de la loi qui limite dorénavant le cumul en ne permettant pas plus de deux mandats successifs. ? avec une durée de 6 ans par mandat je trouve que ça fait déjà beaucoup, non ?
Concernant la liste de droite, je pense honnêtement que pour ce qui concerne le travail de terrain il n'y aura pas de grande différence : défendre des structures culturelles existantes telles qu'un institut Français n'a pas de couleur politique ! Cela dit, je ne suis pas naïf et certaines décisions seront sans aucun doute influencées par nos valeurs respectives surtout lorsqu'il s'agira d'allouer des moyens de l'Etat.
Enfin, il y a un enjeu à ne pas oublier dans ce scrutin. Les conseillers consulaires élus seront appelés à voter, en tant que grands électeurs, pour les sénateurs des Français à l'Etranger et là ça redevient très politique. Contrairement à d'autres listes, notre message est très clair : les conseillers élus sur notre liste voteront la liste présentée aux sénatoriales par les partis qui nous soutiennent à savoir le PS et EELV !

Propos recueillis par Valérie Keyser (lepetitjournal.com/francfort), mardi 15 avril 2014

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