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Corinne Fauquet soigne les enfants grâce à Némo, cheval de thérapie

EQUI-LIBRE – Corinne Fauquet soigne les enfants et adolescents grâce à Némo, son cheval de thérapie (Publi-Info)EQUI-LIBRE – Corinne Fauquet soigne les enfants et adolescents grâce à Némo, son cheval de thérapie (Publi-Info)
(Photo VK lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 9 janvier 2017, mis à jour le 27 octobre 2018

Xénophon écrivait au Ve siècle av. J.-C., "Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l'esprit et pour le coeur". Rencontre avec Corinne Fauquet et son cheval Némo, accrédité "cheval de thérapie".

Corinne Fauquet, Française originaire de la région parisienne, nourrit la passion des chevaux depuis l'enfance. Equithérapeute depuis 2014 à Darmstadt, elle nous parle de son métier insolite et des vertus exceptionnelles du contact du cheval sur le psychisme des enfants et adolescents qu'elle accompagne.

Lepetitjournal.com/francfort : d'où vous vient cette passion des chevaux ?

Corinne Fauquet : j'ai commencé à monter à cheval alors que j'avais 7 ans, dans un centre équestre de Rambouillet dans les Yvelines. Lorsque j'ai quitté la maison familiale à l'âge de 22 ans, j'ai toujours été entourée de chevaux à la maison, ils ont toujours fait partie de mon quotidien. 

Comment êtes-vous passée des balades à cheval dans la forêt de Rambouillet à l'équithérapie ?

L'équithérapie est arrivée dans ma vie au bout d'un long processus de maturation. J'ai exercé pendant quinze ans en tant que technicienne de recherche en laboratoire à l'Institut Curie à Paris, dans le département de recherche ainsi qu'en pédiatrie, puis à la naissance de mon troisième enfant, j'ai abandonné mon métier pour devenir assistante maternelle. Lorsque j'étais assistante maternelle, j'ai pu observer le bien-être que les chevaux procuraient aux enfants que je gardais. Pour des raisons personnelles, j'ai été amenée à déménager en Allemagne en 2008, à Darmstadt exactement. J'ai alors développé une nouvelle activité en conseil systémique. Mes patients étaient issus d'horizons très divers mais j'ai réalisé que j'étais plus à l'aise avec les enfants. J'ai aussi constaté qu'il n'y avait pas beaucoup de thérapeutes pour les enfants en langue française en Rhin-Main. J'emmenais mon chien au cabinet et je me suis vite rendu compte que sa présence faisait se désinhiber mes jeunes patients. La mise en relation avec l'animal me permettait de m'introduire plus facilement en tant que thérapeute auprès des enfants. Forte de tous ces constats, le projet d'équithérapie pour jeunes francophones a alors germé.

En quoi consiste l'équithérapie exactement ?

Corinne Fauquet équithérapeuthe
Les propriétés thérapeutiques liées au cheval sont connues depuis l'Antiquité et l'équithérapie, développée en Norvège dès 1955, est officiellement reconnue en France depuis 1964. Elle s'est développée en Allemagne également dans les années 70 en même temps que le phénomène hippie. L'équithérapie consiste à apporter des soins psychiques à un patient où le cheval est le médiateur et partenaire du thérapeute. L'objectif de l'équithérapie est d'identifier les émotions du patient, de le réancrer, de lui permettre de se recentrer, de se retrouver avec lui-même. Mon cheval, Némo, a été accrédité "cheval de thérapie", tous les chevaux ne peuvent pas accompagner les séances d'équithérapie, ce n'est pas possible avec un pur sang arabe par exemple. Par ailleurs, l'avantage d'un cheval est qu'il est "non jugeant", non intrusif contrairement au chien qui entre allègrement dans notre bulle. Le cheval possède deux facettes : l'une maternelle, l'autre paternelle. Le côté maternel est représenté par le contact chaud, soyeux, le balancement et le déhanché qui rappellent le bercement de la mère. La surface de toucher est grande. Tandis que le côté paternel se retrouve dans ce que le cheval a d'impressionnant, il évoque le respect. Autant de caractéristiques qui favorisent la mise en confiance du patient. (Le brossage, Photo VK lepetitjournal.com/francfort)

Quels types de patients accompagnez-vous ?

Même si mon idée première était d'offrir mon soutien aux francophones et principalement aux enfants, aujourd'hui je reçois aussi bien des jeunes enfants que des adolescents, des Français tout comme des Allemands. En général mes patients ont entre 6 et 18 ans. Je reçois notamment des enfants d'expatriés, tiraillés, perturbés par de nombreux déménagements. Un exemple parmi tant d'autres : le doudou est parti à la poubelle lors d'un déménagement et c'est le drame. Je joue alors les sapeurs-pompiers pour essayer de rétablir l'équilibre de l'enfant. Je peux cependant aussi travailler avec des adultes, le cheval venant en complément dans la thérapie.

Proposez-vous un accompagnement aux handicapés ?

Pour le moment, je ne travaille pas avec les handicapés pour deux raisons : la responsabilité est trop grande et je ne suis pas formée pour cela. J'ai cependant parmi mes patients des enfants autistes très réceptifs à l'équithérapie.

Pourquoi les parents décident-ils de faire appel à l'équithérapie pour leurs enfants ?

En général, les parents s'orientent vers l'équithérapie lorsque leurs enfants sont confrontés à des difficultés scolaires, sont victimes de stress, souffrent de dyscalies ou encore lorsqu'ils ont déjà rencontré de nombreux thérapeutes sans succès, ont un parcours médical lourd. L'équithérapie représente une nouvelle approche et forme de traitement pour leurs enfants qui travaillent sans s'en rendre compte. 

Comment se déroule une séance d'équithérapie ?

Dans un premier temps, j'analyse la problématique. Je n'interviens pas de la même façon avec des enfants qui rencontrent des difficultés scolaires et des enfants qui subissent du mobbing ou toute autre forme de harcèlement ou encore des enfants de parents divorcés. 
En fonction de la pathologie, je commence par la présentation du cheval, Némo. Puis les enfants sont invités à effectuer le brossage du cheval à l'extérieur. Il arrive que des enfants soient terrorisés par le toucher, la chaleur, la perception du corps puis ils se familiarisent très vite avec l'animal qui les met en confiance. Nous travaillons dans le manège pour des raisons de sécurité. Au départ, il y a toujours un guidage du cheval. On effectue soit un travail à pied, soit monté mais cette dernière méthode est plus rare. Ce qui est important c'est de travailler en liberté. Nous avons aussi des jeux avec des balles, des anneaux, des cartes auditives et tactiles, par exemple le jeu de la fratrie qui nous permet d'identifier les jalousies entre frères et soeurs. Après la séance, je leur fais nourrir le cheval. Les enfants se sentent ainsi responsabilisés.
 

(Crédit photo © Corinne Fauquet)

Faut-il savoir monter à cheval pour pouvoir participer à des séances d'équithérapie ?

Non absolument pas, le travail s'effectue d'ailleurs sans selle. Ce qui est important c'est le contact avec l'animal, le toucher, la chaleur qui s'en dégage.

Combien de temps dure une séance ? 

Une heure et demie.

Et une thérapie ?

En général six mois à raison d'une séance par semaine. Le premier rendez-vous a lieu au cabinet et le deuxième en présence du chien. Je propose alors de poursuivre avec le cheval à partir de la troisième séance. Puis nous faisons le point tous les six mois afin d'évaluer les progrès réalisés.

Avez-vous des anecdotes à raconter ?

Oui. Une fois, Némo a décidé de faire grève. Une de mes très jeunes patientes devait faire des exercices mais a refusé de les faire. Némo a alors ressenti le conflit et n'a plus voulu avancer.

Il semble avoir beaucoup d'empathie !

C'est vrai, il ressent énormément de choses. La petite fille a dû finalement céder et m'obéir pour que Némo avance. Il n'a qu'un seul maître en définitive !

Quelle a été votre réaction face à la fraude à la viande de cheval ? 

Je suis contre bien évidemment tant que ce n'est pas cadré, mais si l'abattage était prévu et que ce n'est pas fait n'importe comment, cela ne me choque pas. Je n'ai jamais envoyé mes chevaux en fin de vie à la boucherie en ce qui me concerne mais je les ai fait incinérer.

Quels sont vos projets ?

J'adore mon métier, il me permet de vivre dans la nature avec les chevaux et de m'occuper d'enfants. Je passe 20 % seulement de mon temps en cabinet et j'ai l'intention de continuer encore longtemps à apporter, grâce à mon savoir-faire, du bien-être aux autres. Mon objectif n'est pas d'avoir 12.000 patients mais peut-être un deuxième cheval pour pouvoir élargir mon offre aux handicapés. J'aimerais aussi monter une écurie pour chevaux à la retraite et proposer un service de gériatrie équine aux propriétaires de chevaux qui veulent se séparer de leur animal afin de leur éviter de les faire piquer. Mais c'est surtout un rêve !

Interview réalisée par Valérie Keyser (Publi-Info) (www.lepetitjournal.com/francfort), mardi 10 janvier 2017

Pour en savoir plus :

EQUI-Libre "Porté et être porté"
Corinne Fauquet, équithérapeute
Téléphone : +49 170 2794798
Mail : equi.libre@web.de 

 

 

 

 

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Publié le 9 janvier 2017, mis à jour le 27 octobre 2018

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