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EXPRESSION DU MOIS – Les Prussiens ne tirent pas si vite que ça !

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 22 novembre 2016, mis à jour le 30 janvier 2017

Dans sa rubrique mensuelle ?Expression du mois?, lepetitjournal.com/francfort vous fait partager ce que l'on ne nous apprend pas forcément à l'école : les expressions de la vie quotidienne. Et les expressions allemandes comme les françaises résistent très souvent à toute traduction logique... Pour ce  nouveau volet de rubrique, découvrons une expression rendue populaire par le célèbre Bismarck.

"So schnell schießen die Preußen nicht! Keine übereilten Entschlüsse treffen."
"Il n'y a pas le feu ! On ne prend pas de décisions précipitées."
(Otto von Bismarck, 1875) 

Sie haben deinen Brief immer noch nicht beantwortet, aber keine Sorge, so schnell schießen die Preußen nicht!
Ils n'ont pas encore répondu à ta lettre mais ne t'inquiète pas, il n'y a pas le feu !

So schnell schießen die Preußen nicht. L'expression se traduit en français par : il n'y a pas le feu. Elle signifie qu'il faut patienter, tout ne se passe pas aussi vite que prévu mais aussi qu'il faut prendre son temps et réfléchir avant de prendre une décision. Le feu, dans l'expression française, est celui provoqué par les flammes. En allemand, il s'agit du feu tiré par une arme. Penchons nous sur le rôle des Prussiens dans cette expression. En effet, pourquoi eux ?

Si son origine n'est pas exacte, il est cependant certain qu'elle est guerrière. Le roi de Prusse Frédéric II (1712-1786) l'aurait employée pour signifier de ne pas abattre les déserteurs. L'armée prussienne manquait d'effectifs, la formation des soldats était longue et coûteuse, aussi leur nombre était compté. Les déserteurs étaient roués de coups ou torturés, ou les deux? puis remis sur pied pour pourvoir servir à nouveau ! 

D'autres disent que l'expression remonterait à 1841, quand le fusil à aiguille, qui tirait plus vite, fut introduit dans l'armée prussienne et aurait été donc employée de manière péjorative par les forces ennemies dans le sens où même avec cette arme, les Prussiens n'étaient pas si rapides.

Une autre interprétation est plus populaire, mais tout aussi péjorative : pour suivre l'exemple français, les Prussiens inscrivirent sur leurs canons, à partir de 1742 : "ultima ratio regis" ou "le dernier argument du roi". Les opposants à la Prusse tournaient donc ainsi par cette expression les Prussiens et leur roi en ridicule, impliquant que chaque coup de canon manqué était une humiliation pour eux.

La citation de Bismarck, chancelier de l'Empire allemand de 1871 à 1890, est en lien avec la victoire allemande sur la France, qui subit une défaite cuisante en 1871. Certains journaux français appelaient à la revanche. C'est alors que Bismarck dit la phrase citée plus haut à un journaliste, pour calmer le jeu et sous-entendre de façon subtile à la France de ne pas prendre de décision hâtive, rendant l'expression populaire en lui enlevant son côté purement guerrier. Elle est toujours très employée à l'heure actuelle. 

C'est donc de patience et non pas d'un fusil dont il faudra vous armer quand vous l'entendrez... 

À la prochaine fois ! Bis demnächst!

(Logo @ Göttel)

Valérie Göttel  (www.lepetitjournal.com/francfort), mercredi 23 novembre 2016

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Publié le 22 novembre 2016, mis à jour le 30 janvier 2017

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