CULTURE – Darmstadt, centre du Jugendstil ou Art Nouveau

Alors qu'en France, l'Art Nouveau est souvent assimilé aux célèbres bouches de métro d'Hector Guimard, en Allemagne, c'est la ville de Darmstadt qui symbolise cet art au rayonnement européen. La Hesse est riche d'un vaste patrimoine artistique que lepetitjournal.com/francfort vous invite à (re)découvrir.

(Photo IJ lepetitjournal.com/francfort)

Jugendstil ou Art Nouveau, un courant européen

Introduisant l'art dans l'industrie, il recherche une harmonie entre mobilier, architecture et décoration. Le Jugendstil tient son nom de la revue Jugend, créée en 1896 par Georges Hirth pour mettre en avant les artistes et critiques progressistes. Il estime cependant que l'Art Nouveau est véritablement apparu lors de l'exposition industrielle et commerciale de Leipzig en 1897 (Sächsisch-Thüringische Industrie- und Gewerbeausstellung). Le Jugendstil s'inscrit dans le cadre d'une bataille esthétique entre ?anciens et modernes?, entre conservateurs, et progressistes refusant le conformisme ambiant. Il s'inspire du symbolisme, du japonisme, de motifs gothiques et du mouvement anglais Arts et Artisanat (Art & Crafts). La plupart des grandes villes de l'Empire allemand entrèrent dans un mouvement de sécession inspiré de la ?Sécession viennoise?, un courant de l'Art Nouveau. Par ailleurs, Josef Maria Olbrich, figure majeure du Jugendstil de Darmstadt, est à l'origine du fameux palais de la Sécession à Vienne.

La colonie d'artistes de Darmstadt

En 1892, alors qu'il a 23 ans, le Grand-duc Ernst Ludwig (1868-1937) prend la tête des affaires gouvernementales de la Hesse et  décide de stimuler l'industrie du Land par un mélange entre art et artisanat. L'idée était d'aboutir à un ensemble de constructions nouvelles et futuristes habitables.  Dans cette perspective, il fonde en 1899 une colonie de peintres, sculpteurs, architectes prêts à travailler ensemble jusqu'en 1914. La colonie initiale était composée de Peter Behrens, Paul Bürck, Rudolf Bosselt, Hans Christiansen, Ludwig Habich, Patriz Huber et Joseph

Maria Olbrich. Grâce à ce projet, la promotion artistique de la Hesse et son industrie connurent un véritable élan avant la 1ère Guerre mondiale. Ernst Louis établit la colonie d'artistes à Mathildenhöhe, ancien jardin de la cour du grand-duché qui a la particularité d'être perché sur une colline dominant la ville. Ces années de collaboration dans les hauteurs de Darmstadt donnèrent lieu à quatre expositions : 1901, 1904, 1908 et 1914. Ainsi, Mathildenhöhe illustre l'Art Nouveau par son ensemble architectural aujourd'hui composé de la Tour du Mariage, d'un bâtiment d'exposition, du musée de la colonie d'artistes, des villas des artistes et de l'allée de platanes enrichie de statues représentant le cours de la vie, réalisées par Bernhard Hoetger pour la dernière exposition en 1914. Vous pourrez aussi admirer la chapelle russe construite en l'honneur du tsar Nicolas II, marié à la s?ur du  Grand-duc Ernst Ludwig. Matildenhöhe est entourée de villas dont l'imposante résidence du Grand-duc réalisée par l'architecte Josef Maria Olbrich, aujourd'hui devenue le musée de la colonie d'artistes. Sur la façade principale est résumé l'état d'esprit de ce microcosme artistique : "L'artiste appartient à un monde qui n'a jamais existé et n'existera jamais" (Seine Welt zeige der Künstler- die niemals war noch jemals sein wird). Josef Maria Olbrich est à l'origine de la Tour du Mariage, et de la plupart des villas et a donc joué un rôle majeur à Darmstadt.

Grosses Glückerthaus construite par Olbrich en 1901 (1ère expo) pour le fabriquant de meubles Julius Glückert
(Photo IJ lepetitjournal.com/francfort)

Actuellement à Darmstadt : ?Croquis du monde? au musée de la colonie d'artistes

Cet article vous a plu ? L'exposition ?Weltentwürfe? ou "Croquis du monde" au musée de la colonie d'artistes vous attend ! Elle propose une rétrospective des années glorieuses de Darmstadt, entre 1898 et 1914. Jugendstil et art moderne se mélangent à travers les ?uvres d'art des 23 anciens membres de la colonie d'artistes, et des pièces de la collection de la ville de Darmstadt. Exposition ouverte jusqu'au 21 février 2016. Plus d'informations ici.

Isaure Jayet (www.lepetitjournal.com/francfort), lundi 28 septembre 2015
(Rediffusion du 25 juin 2015)

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