Édition internationale

BERNARD FRIOT – Pourquoi écrire pour les enfants ?

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 avril 2014

Bernard Friot, auteur des célèbres ?Histoires pressées?, a récemment tenté de répondre à cette question. À Francfort, et sans se presser?

Il est venu, il a lu, il a vaincu : Bernard Friot a conquis les professeurs de français de Francfort
Chaque fois qu'il revient, il a de nouveaux livres à présenter : Bernard Friot n'arrête pas de noircir des pages
(photo DP lepetitjournal.com/francfort)

Il a beau être un habitué, il attire toujours la foule. Une soixantaine de professeurs de français et d'étudiants s'étaient rendus à la bibliothèque francophone du Schulamt de Francfort mercredi dernier pour écouter l'écrivain français Bernard Friot. Invité par le Comité LESartEN à la bibliothèque ?Au Plaisir de Lire?, l'auteur a expliqué pourquoi il écrivait pour la jeunesse et présenté des extraits de plusieurs nouveaux livres mais aussi de textes encore inédits.

Est-il sage de continuer à noircir des pages ?
?Est-il sage de continuer à abattre des arbres et à noircir des feuilles au vu de tout ce qui a déjà été écrit ? Pourquoi écrire pour la jeunesse ?? Voilà les questions qu'a posées Bernard Friot et auxquelles il a tenté de répondre. ?Ecrire pour un public jeune, c'est se demander ce que les lecteurs feront du texte que je leur propose. J'espère qu'avec ce que je transmets, la jeune génération construira un monde meilleur?, a expliqué l'auteur. Contrairement à beaucoup de ses collègues, Bernard Friot revendique le côté pédagogique de la littérature pour la jeunesse : ?Chaque livre doit faire faire un progrès à l'enfant vers une plus grande aisance de lecture. C'est un peu comme quand on a appris à conduire, il faut passer des heures au volant pour acquérir de l'expérience. L'enfant ne doit pas seulement lire en qualité, mais également en quantité. En même temps, chaque livre fait entrer le jeune lecteur un peu plus dans la littérature.?

Un duo pour soutenir les professeurs de français à Francfort : Elke Waldeier-Odenthal du Comité LESartEN avec Bernard Friot
(photo DP lepetitjournal.com/francfort)

Lire la littérature jeunesse d'un pays pour mieux le connaître
L'écrivain insiste sur l'importance du patrimoine littéraire et estime que ses textes s'inscrivent dans une tradition. ?Pour connaître un pays il faut lire sa littérature jeunesse?, conseille Bernard Friot, ?Il faut savoir ce que Camus a lu avant d'écrire, quelles sont les comptines qu'il a récitées petit. En Allemagne, Struwwelpeter ou les histoires d'Eric Kästner font partie de l'imaginaire collectif?. Celui qui a été pendant plusieurs années responsable du Bureau du Livre Jeunesse à Francfort sait de quoi il parle. Il reste d'ailleurs très lié à l'Allemagne, à Francfort et aux Comités de Lecture de la bibliothèque francophone qui entendent faire vivre la langue française et soutenir les professeurs de Francfort et de ses environs. ?Depuis peu je me paie le luxe d'avoir une agente littéraire. J'ai choisi une Allemande, cela fait évoluer les éditeurs français?, plaisante-t-il devant un public majoritairement allemand et évidemment amusé.
Bernard Friot a pris quelques livres avec lui au Schulamt et passe avec plaisir à la lecture de ses textes. Après les nombreuses ?Histoires pressées? connues de tous les écoliers, l'auteur a écrit des ?Histoires-minute? puis des ?Histoires à jouer?. Ce sont ces dernières, des récits, poèmes et jeux sur la langue, qu'il présente au public francfortois. Celui-ci se divertit avec l'histoire de la princesse qui ne dormait pas, une version revisitée de la princesse au petit pois, inspirée par les insomnies de l'auteur.

Mon livre des records nuls
L'étonnement de son agente littéraire devant sa fille adolescente qui, invitée chez Bernard Friot, mangeait cinq feuilles de salade - ?un vrai record ! ? - a donné à l'auteur l'idée d'écrire un livre des records pas comme les autres. ?C'est une ?graphic novel? sans illustration?, décrit-il l'ouvrage paru sous le titre ?Mon livre des records nuls?. Un tas de petites astuces graphiques, comme des notes manuscrites ajoutées, sont censées rendre la lecture plus attractive : ?L'idée était d'écrire pour les enfants qui ont des difficultés à lire. Un lecteur fragile ne se contente pas d'une succession de lettres?. Parmi les ?records nuls? du héros ? un jeune ado élève en 6e -  celui du nombre de rots à table ou d'insultes reçues en une journée. Francfort a droit à la lecture par l'auteur du ?record de la fiche de lecture la plus débile et la mieux notée?, une histoire pas très tendre avec les professeurs de français? qui représentent la grande majorité du public mais rient tout de même.
?Dans ma vie j'ai toujours fait ce que je ne savais pas faire? résume Bernard Friot en présentant un de ses nouveaux projets, le livret d'un opéra qui sera créé à Besançon en 2016. ?Mais cela a toujours bien tourné?, ajoute-t-il en souriant. Si l'opéra est aussi intéressant et amusant que ses lectures au Schulamt, Bernard Friot ne devrait pas se faire trop de soucis. Qu'il continue seulement à noircir des pages? et à visiter régulièrement Francfort.

Dominique Petre, (lepetitjournal.com/francfort.com), mercredi 16 avril 2014

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Publié le 15 avril 2014, mis à jour le 16 avril 2014
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