

Les forces nigérianes passent au peigne fin une zone frontalière du Cameroun pour localiser la famille Moulin-Fournier, retenue en otage depuis mardi et qui serait "divisée en deux groupes", selon le président français François Hollande.
La priorité est "d'abord d'identifier la place exacte où (ils) seraient retenus, sans doute en deux groupes", avant d'envisager "comment nous pourrions les faire libérer dans les meilleures conditions", a déclaré jeudi le président français devant la presse. "Nous sommes en pleine coopération avec les autorités nigérianes et camerounaises pour localiser l'endroit où seraient retenus nos ressortissants", a-t-il précisé.
On a cru jeudi que la famille avait été localisée dans la petite ville de Dikwa, dans l'Etat nigérian de Borno, aux confins du Nigeria, du Cameroun et du Niger. C'est ce qu'affirmaient des sources concordantes de l'armée et des services de sécurité camerounais. Le ministre français délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, avait confirmé jeudi matin dans l'enceinte de l'Assemblée nationale que "les otages au Cameroun ont été libérés". Mais Ni l'Elysée ni le Quai d'Orsay, n'ont confirmé la libération des sept Français. Le ministre camerounais de la Communication a ensuite démenti lors d'une conférence de presse :"C'est une folle rumeur. Si d'aventure ce qui s'est dit à travers cette rumeur était une vérité, le gouvernement camerounais aurait déjà porté l'information à la France".
photo AFP
C'est une famille d'expatriés français résidant à Yaoundé, la capitale du Cameroun, qui a été prise en otage mardi. Tanguy et Albane Moulin-Fournier et leurs quatre garçons, âgés de 5 à 12 ans, étaient en vacances. Accompagnés de Cyril, un des frères de Tanguy, ils visitaient le parc national de Waza, une réserve de biosphère classée à l'UNESCO, riche d'une faune exceptionnelle. Ils conduisaient leur propre véhicule et se dirigeaient vers le Parc national de la Bénoué, plus au sud, quand ils ont été attaqués.
Tanguy et Cyril Moulin-Fournier connaissent bien la vie à l'étranger. Ils ont grandi en Italie et passé leur Bac au Lycée Français de Milan. Cyril vit à Barcelone. Diplômé de l'EM Lyon en 1995, Tanguy travaille pour l'entreprise française GDF Suez depuis plusieurs années. Il a occupé plusieurs postes à responsabilité et a été expatrié en Roumanie. Son épouse Albane, née Striffling, originaire de Régnié-Durette, dans le Beaujolais, est restauratrice d'?uvres d'art. Il y a deux ans, la famille s'est installée à Yaoundé, capitale du Cameroun. Le cadre travaillait sur le site industriel de Kribi, sur la côte camerounaise où la multinationale développe un projet de liquéfaction de gaz naturel. GDF Suez a souhaité "exprimer son émotion et témoigner toute sa solidarité aux personnes concernées", ajoutant apporter "toute sa collaboration au ministère des Affaires étrangères". dans le sud du pays.
C'est la première fois que des touristes occidentaux étaient enlevés au Cameroun, bien que des prises d'otages au large des côtes camerounaises surviennent régulièrement, la dernière en date remontant au 8 février.
Mesures de prudence
Plus de 200.000 Français sont expatriés en Afrique, continent secoué par les crises et les conflits. D'après les sources émanant de plusieurs ministères, plus de 15.000 Français sont expatriés et séjournent au Sahel pour le compte d'entreprises françaises (plus de 6.000 inscrits sur les registres consulaires au Cameroun).
Depuis l'intervention française au Mali les menaces se font encore plus lourdes sur les Français qui résident notamment dans la grande région ouest-africaine. Cette prise d'otage replace sur le devant de la scène l'épineux débat des difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises dans le cadre du développement de leurs activités et de la protection de leurs salariés dans des zones dites à risques. L'ambassade de France au Cameroun demande à tous les Français présents dans l'Extrême-nord du pays de se mettre immédiatement à l'abri. La zone frontalière avec le Nigéria est formellement déconseillée sur une zone de 30 km dans les régions Extrême-nord et Nord (des rives du Lac Tchad au Sud de Maroua). Une vigilance accrue doit être observée par les Français se trouvant ou se rendant au Tchad. Les régions frontalières du Niger, du Sud-libyen, du Soudan et de la République Centrafricaine, sont formellement déconseillées (zone rouge). En effet, ces régions, lieux de passage traditionnel des trafics en tous genres, sont susceptibles d'être utilisées comme couloir, voire zone de repli pour certains groupes disséminés en provenance du Nord Mali.
MPP (www.lepetitjournal.com) vendredi 22 février 2013

