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VU DE L’ETRANGER - La contestation sociale en France inquiète

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 juin 2016


Notre pays est-il ingouvernable ? La France et ses grèves, c'est un feuilleton qui intrigue les commentateurs étrangers depuis 1968. Mais après deux mois d'action et à quelques jours de l'Euro, alors que des milliers de fans sont attendus, les journaux étrangers s'alarment

Les amateurs de football tremblent. Vont-ils pouvoir assister à l'Euro alors que les préavis de grève s'accumulent dans les transports ? En 1998, il avait fallu attendre le 10 juin, premier jour de la Coupe du monde, pour que cesse une grève des pilotes d'Air France, lancée le 1er juin. Rien d'étonnant à ce que l'Euro serve désormais de moyen de pression dans le bras de fer qui oppose gouvernement et opposants au Projet de loi El Khomri.

Rien d'étonnant vraiment ? Jacopo Berti, homme politique italien, a mis un post sur son compte Facebook relayé plusieurs milliers de fois : "En France, le peuple descend dans la rue pour bloquer le championnat d'Europe de foot, afin de protester contre la Loi Travail. En Italie, le peuple n'a pas bougé le petit doigt pour la Loi Travail, mais descendrait dans la rue si on osait toucher à l'Euro de foot !" Il en profite pour mettre en parallèle les manifestations violentes en France tandis que le Premier ministre italien, Matteo Renzi, pose, tout sourire, avec des jeunes.

"On pourrait croire que les Français sont constamment en grève, explique Alissa Rubin dans le New York Times. On néglige le fait que la grève, avec ses slogans, ses bannières et ses pneus brulés est souvent une chorégraphie minutieuse entre les travailleurs, le gouvernement et la population. C'est juste le dernier chapitre de 132 ans de tradition, datant de la fondation du premier syndicat du pays en 1884".

La fête va-t-elle être gâchée ?
C'est ce que craint le correspondant en France de The Independent. "On craint que le conflit ne se poursuive pendant des jours, ne finisse par s'enraciner et devenir violent". The Guardian a fait la liste des menaces qui guettent notre pays: pénurie de carburants, paralysie potentielle des transports ferroviaire et aérien, risque terroriste, état d'urgence et climat de tension et de violence entre les manifestants et la police. "Ce n'est pas seulement la survie de la politique de Hollande qui est en jeu, mais l'image de la France elle-même" peut-on lire. "De l'étranger, on pourrait penser que ces scènes de grèves des salariés des raffineries agitant des drapeaux au-dessus de piquets de grève en flamme est une image assez banale, mais en fait non. (...) Hollande est un président de gauche contesté par des syndicats de gauche. La France est désormais bloquée, dans l'impasse". Les appels à remplir les réservoirs d'essence avant de traverser le Channel se sont multipliés.



"La France nous inquiète" écrit le correspondant à Paris du quotidien suisse Le Temps. Pendant une semaine, un dossier est consacré à "la France qui craque" et qui donne "une triste impression de déjà-vu?. ?A un an des élections présidentielles, les convulsions sociales et le sentiment d'impasse politique dans lesquels est englué notre grand voisin constituent un défi de taille?.

Pour le journal financier italien Il Sole-24 Ore, "La France est prise en otage par les revendications outrancières de certaines organisations syndicales qui prétendent au retrait de la loi sur le marché du travail." "Il a suffi que quelques étudiants descendent dans les rues et que les syndicats fassent la grosse voix pour que le gouvernement, délégitimé par son impopularité, son manque de courage et ses propres hésitations, engage la marche arrière." Le journal italien affirme que la loi El-Khomri était pourtant "très prometteuse", "une vraie petite révolution". Le Corriere della Sera quant à lui évoque un "psychodrame" qui se répète à chaque tentative de changement dans le pays. 

"Ce genre d'action est tout simplement inenvisageable en Allemagne", a expliqué à Courrier international, le correspondant en France du quotidien économique allemand Handelsblatt qui trouve que "la CGT mène une grève très politique" : "En 2003, les réformes de Schröder étaient bien plus radicales en Allemagne et avaient suscité une opposition virulente. Pourtant, le chômage a baissé et cela a finalement profité aux syndicats, qui sont aujourd'hui plus forts."

MPP (www.lepetitjournal.com) jeudi 2 juin 2016

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Publié le 1 juin 2016, mis à jour le 2 juin 2016

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