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LE COUPLE ET L'EXPATRIATION – Pas tous les jours facile

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 septembre 2013

Près de 3 couples sur 5 ne survivent pas à l'expatriation d'après une étude du Cabinet Settler International. Souvent assumée, préparée, anticipée, l'expatriation met pourtant le couple sous tension. Petites étincelles ou grand feu de forêt, il semble difficile de passer au travers des flammes


Dans les études effectuées auprès des directions des ressources humaines, les problèmes de couple arrivent en tête des causes de retour précipité de l'étranger. Le conjoint "suiveur" a parfois du mal à s'adapter à sa nouvelle vie et les difficultés peuvent alors très vite s'accumuler.

Sous le soleil
La famille en expatriation est bien souvent sous tension. Le salarié expatrié doit redoubler d'efforts pour s'adapter à son nouveau cadre de travail synonyme pour lui de responsabilités supplémentaires, de complexification de ses fonctions (contexte multiculturel oblige) et de stress lié à la sensation de ne pas avoir le droit à l'échec vis-à-vis de ses proches. Le conjoint, qui a du mal à trouver un emploi, se sent, lui, un peu seul et inutile dans tout ça.
Pas facile donc pour le couple, dans ces conditions, de conserver du temps pour nourrir son intimité, avoir des loisirs en commun et échanger autour des expériences, en dehors bien sur des contingences dues à la logistique de la vie quotidienne ! L'intensité du partage et de la complicité se réduit. L'éloignement commence?
"En tant qu'homme, c'est clair : j'aime partir, m'engager dans un travail où je suis attendu ; cela m'intéresse de voir du nouveau, de changer de méthodes professionnelles", explique cet ingénieur. "En France, il est un cadre parmi d'autres, qui prend son métro pour aller travailler dans une tour ; à l'étranger, représentant du siège sur le terrain, c'est un peu le roi du pétrole !" s'amuse sa femme qui se reconnaît un rôle fondamental dans l'aventure : "Il faut être non seulement consentante, mais partie prenante ; la mère est le pilier, sur qui repose l'intégration de toute la famille, d'autant que dans les premiers temps, on a toujours besoin de se resserrer sur soi. J'ai vu des femmes malheureuses d'avoir quitté leur métier, ou leur famille, ne pas arriver à communiquer en langue étrangère ; alors, les enfants aussi sont malheureux, et la famille éclate."
L'équilibre du couple est donc bouleversé lors de l'expatriation. Le statut et la fonction de l'homme et de la femme change. C'est d'ailleurs ce que Jean-François Chéneau écrit dans la préface de son recueil de Nouvelles Le club des miracles de l'amour qui témoigne de huit années de vie comme expatrié à Bangkok : "Sous de torrides latitudes, il n'est pas rare qu'une douce bourgeoise se transforme en maitresse de maison tyrannique ou qu'un cadre discret se transforme en redoutable petit chef." Le couple doit alors s'adapter !

Desperate housewives
Suzanne, femme d'expatrié, a animé des stages pour "Réussir son expatriation" et a pu constater que: "Les femmes, aujourd'hui, ont souvent le même niveau de compétence que leurs compagnons, et acceptent mal le sacrifice de leur propre carrière. Il leur faut, à chaque déménagement, reconstituer le cocon familial, organiser la vie matérielle ; puis maîtriser la langue ; ensuite seulement, chercher du travail sur place, à supposer qu'il y en ait, en sachant qu'elles repartiront bientôt. Ce n'est pas très motivant ! Certaines rentrent alors en France, et le couple n'y survit pas ; les séparations sont très nombreuses chez les expatriés." 
C'est d'ailleurs ce que raconte cette jeune femme, expatriée de nombreuses années en Afrique et de retour depuis peu en France, seule, avec ses deux enfants : "Il y a 10 ans, j'ai quitté mon petit monde (carrières de jeunesse, amis, famille, pays, etc), pour l'amour d'un homme. Je l'ai suivi avec enthousiasme en Afrique en pensant au soleil et chaleur permanents du continent, le confort financier et matériel?Noyée dans ce confort, je ne me suis pas précipitée pour travailler. Je passais mon temps à être femme au foyer dans une belle villa avec 5 personnels domestiques, circulant avec une belle voiture, ne me cassant la tête que pour mon enfant, les rendez-vous avec les autres femmes d'expat' et le farniente au bord de la piscine. Jusque là vous allez me dire que je suis folle de me plaindre alors qu'en France, beaucoup de femmes galèrent. Sauf que tout ce paradis là m'a coupée de la réalité. Je ne savais plus ce que signifiait se réveiller tôt le matin pour aller bosser, m'occuper de mon enfant au lieu de le laisser à la Nounou alors que je ne faisais rien à part tourner en rond. Comme  je ne travaillais pas, je n'avais pas d'avenir professionnel, donc "condamnée" à vivre dans de telle condition toute ma vie?! Suite à cette prise de conscience, je suis partie d'Afrique avec mes 2 enfants, 10 ans après. Et me voilà en France en train de chercher du travail (et j'ai du mal), à être mère seule avec 2 enfants ". Vivre dans un cadre doré ne parait pas suffisant pour s'épanouir totalement. Il semble important pour les conjoints de pouvoir se ré-aliser.

L'ile de la tentation
Et les hommes dans tout cela ? Certes très occupés, ils semblent bien avoir leur part de responsabilité dans l'histoire. Même si les Nouvelles de Jean-François Chéneau sont romancées, elles sont très largement inspirées de faits réels. L'américain-qui-a-épousé-sa-maid est le titre de l'une d'entre elle  qui n'appelle  à aucun commentaire. A la lecture du Chevalier blanc, on s'aperçoit que lorsque le chat n'est pas là, les souris peuvent se mettre à danser. "La haute saison (?) c'est juillet, toutes les épouses se sont envolées vers les plages ou les campagnes de la douce France, emportant avec elles les enfants (?) Restent les maris, livrés à eux-mêmes à siroter de la bière dans les immenses appartements vides. Dehors, c'est la ville qui grouille de petites aguicheuses". Et non, hélas, il ne s'agit pas d'une caricature, les tentations locales font bel et bien  parties des menaces pour le couple expatrié. C'est bien l'avis de Valérie de Pékin : "Méfions nous du charme de l'exotisme ! Les maris ventripotents en pleine crise de la quarantaine ont vite fait de succomber aux belles sirènes, qui à première vue sont si douces ! Contrairement à Bobonne, elles n'ont pas trop l'esprit de contradiction. Et elles ont l'art de faire tourner les têtes de ceux qui ont un portefeuille bien rempli !"

L'amour est dans le pré
Mais l'expatriation peut être aussi propice à un renouveau. "Les départs réguliers à l'étranger nous ont permis de ne jamais nous enfermer dans une routine. Nous avons toujours dû recréer notre vie personnelle, de couple et de famille. Pas le temps de s'ennuyer !" témoigne Sophie de Mexico. Pour Marie-C, c'est un peu différent. "Parce que cela "allait de travers" (virage de la quarantaine difficile à négocier) nous avons décidé de repartir de zéro grâce à l'expatriation. Malheureusement, lors de notre arrivée à Dublin, il y a deux ans, j'ai déprimé pendant 4 mois. Mon mari a alors été très présent, un véritable pilier pour moi. Dès lors nos liens se sont considérablement  resserrés. J'ai découvert sa nature généreuse et à l'écoute. J'ai depuis retrouvé un équilibre et je profite de tout ce que peut m'offrir l'Irlande. Ce que je découvre la semaine (car je ne travaille plus), je le fais découvrir à mon mari lors de nos week- end ou lorsqu'il prend une journée de congé ici ou là. Il faut se ménager du temps à deux, surtout lorsque l'on a des enfants (mais cela est vrai tant pour la vie en France qu'en expatriation !). Une chose est sûre : l'expatriation est un "révélateur puissant" des traits de caractère de chacun. Et l'amour c'est accepter l'autre avec ses forces et ses faiblesses..."

Claire Largillière (www.lepetitjournal.com) lundi 08 octobre 2010

A lire également :
Femmexpat.com - Le couple : quand les nuages apparaissent
La Croix - Les familles expatriées font le pari de l'insertion
Le club des miracles de l'amour, Jean-François Chéneau

De notre édition :
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Publié le 11 octobre 2010, mis à jour le 5 septembre 2013

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