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SYRIE - Un lycée français résiste

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 octobre 2013

Depuis mars 2012, la France a coupé tout lien avec la Syrie pour marquer son désaccord avec la politique de Bachar El-Assad. Tous les établissements publics ont fermé leurs portes et tous les fonctionnaires ont quitté le pays. Tous ? Non, un petit lycée au c?ur de Damas continue à accueillir chaque jour les courageux élèves...

Dernière présence française

En 2008, la relation franco-syrienne renaissait de ses cendres, grâce à l'impulsion de Nicolas Sarkozy. Le Président de la République invitait Bachar El-Assad à la cérémonie du 14 juillet et inaugurait le nouveau lycée français de Damas conçu par Yves Lion. En 2010, les deux hommes déjeunaient ensemble à l'Elysée avec leurs épouses.
Avec le début de la guerre civile en Syrie, Nicolas Sarkozy a lui-même coupé les jeunes liens diplomatiques qu'il avait tissé. En mars 2012, il demande en effet la fermeture de l'ambassade française à Damas, dénonçant une répression scandaleuse et inadmissible menée par El-Assad sur sa population.
Aujourd'hui, la situation en Syrie a empiré et toutes les institutions françaises sur place ont cessé leur activité. Tous les fonctionnaires ont été rapatriés et la menace d'une frappe militaire punitive plane toujours. C'est dans ce contexte lourd et pesant que le lycée Charles de Gaulle continue d'exercer, comme une oasis d'espoir dans le désert. Sur l'initiative des parents d'élèves et d'enseignants francophones volontaires, le lycée a repris les cours, et la rentrée 2014 s'est déroulée normalement, comme si de rien n'était.

Un proviseur à toute épreuve

Appelé à la rescousse par les parents d'élèves du lycée, Michel Leprêtre, retraité de 67 ans est un ancien du réseau AEFE. Depuis un an il est le proviseur du lycée, c'est un des derniers Français à Damas. Pour lui, la vie doit continuer : "on a décidé dans la gestion de cette rentrée et des jours qui suivent de vivre au jour le jour". Le lycée a préparé des abris et des trousses de secours en cas de bombardement, les élèves connaissent les procédures et sont heureux de pouvoir continuer ainsi à suivre les cours. "On s'est habitués et à chaque fois qu'on rentre au lycée, c'est comme un autre monde" dit Doreen Hamoui, jeune étudiante souriante. Sur les 900 enfants qui fréquentaient l'établissement de la maternelle à la terminale, il n'en reste plus que 200 environ. Un noyau dur constitué de Franco-syriens ou de Syriens francophiles, souvent issus de la bourgeoisie. Ceux là sont parfois proches du régime : "les parents envoient leurs enfants au lycée avec des gardes du corps. Ils sont à ce point engagés qu'il n'y a pas de perspective hors de Syrie pour eux" explique Michel Leprêtre à Europe 1.

La poudrière

Il reste actuellement un millier de Franco-syriens dans la capitale, des familles qui ont refusé d'être évacuées. Tous vivent dans la crainte d'une attaque, qu'elle vienne des rebelles, des intégristes ou des puissances occidentales, car toutes les options plongeraient la région dans un inextricable conflit. Alain Marsaud, député des Français de la 10ème circonscription (qui inclut le Moyen-Orient) s'oppose radicalement à une intervention punitive contre le régime syrien. Elle mettrait en danger les Français encore présents en Syrie, qui pourraient être victimes de représailles. Le député redoute également un déplacement des combats vers le Liban où se trouve une importante communauté française. Selon lui tout le monde - du Hezbollah au régime Assad - à intérêt "à exporter la guerre". Ils sont 20.000 à Beyrouth à craindre que la situation ne dégénère.

A Damas, les élèves gardent courage, soutenus par le corps professoral. Le lycée n'est pourtant qu'à quelques centaines de mètres du palais présidentiel de Bachar El-Assad. Pour Michel Leprêtre, malgré la guerre, "il y a une capacité à supporter l'insupportable". La présidente du conseil de gestion du lycée raconte : "nous avons pris la responsabilité de continuer à faire vivre ce lycée car nous sommes tellement attachés à la culture française et n'avons pas voulu voir s'arrêter notre lien avec la France". Et c'est un succès indéniable, au dernier baccalauréat, le lycée Charles de Gaulle a obtenu 100% de réussite.

David Attié (www.lepetitjournal.com) mercredi 2 octobre 2013

logofbinter
Publié le 1 octobre 2013, mis à jour le 2 octobre 2013
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