Édition internationale

CARRIERE - Jean-Luc Cerdin (Essec) : "Que vais-je apprendre en partant ?"

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Auteur de S'expatrier en toute connaissance de cause, Jean-Luc Cerdin est professeur à l'Essec et chercheur sur le thème de l'expatriation et de la gestion de carrière. Il revient sur les grandes tendances de la mobilité internationale et les questions à se poser en tant qu'expatrié ou futur expatrié

(Photo LPJ)

Lepetitjournal.com : Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la mobilité internationale ?
Jean-Luc Cerdin : Comme la plupart des chercheurs dans ce domaine, je suis parti à l'étranger. J'ai fait mes études à la London school of economics, puis j'ai vécu aux Etats-Unis en tant que professeur.

L'éditeur présente votre livre S'expatrier en toute connaissance de cause comme un programme de coaching. En quoi est-il différent des autres ouvrages sur le sujet ?
Ce livre a pour but l'accompagnement des personnes ayant un projet de mobilité. Il les aide à se poser les bonnes questions. Ce n'est pas un guide car il ne donne pas de réponse. Il apporte des éléments de recherche et il propose des quiz. Il donne aussi accès à un site Internet avec de nombreux compléments.

Comment la mobilité internationale évolue-t-elle ?
La mobilité physique augmente mécaniquement avec la globalisation, mais l'expatriation traditionnelle n'est plus la règle. La mobilité internationale prend des formes de plus en plus variées. Les missions courtes se développent. On observe aussi la croissance de la "flexpatriation", qui consiste à travailler à l'international en voyageant beaucoup, mais sans s'installer dans un pays. Dans l'expatriation virtuelle, le manager international ne se déplace pas forcément, ou peu. Il existe également un phénomène assez récent du "self initiated expatried", il s'agit le plus souvent de jeunes qui cherchent un emploi directement dans le pays d'accueil.

"Il ne faut pas regarder uniquement les 0 sur le contrat de travail"

Quelles sont les qualités d'un bon expatrié ?
Avec une dizaine de chercheurs, nous travaillons sur un nouveau concept pour mieux répondre à cette question, celui d'intelligence culturelle (*). C'est la capacité à s'adapter à l'autre tout en l'aidant à s'adapter à soi. Etre "intelligent culturellement", ce n'est pas faire du mimétisme. Je suis Français de toute façon, et il faut le faire comprendre à l'autre. Cela repose sur des connaissances, comme la culture du pays et des compétences comme prendre du recul, faire preuve d'empathie ou avoir une forte tolérance face à l'incertitude. Avec ce groupe de chercheurs, nous considérons que l'on peut développer l'intelligence culturelle.

Quelle est la question la plus importante à se poser lorsque l'on souhaite s'expatrier ?
Que vais-je apprendre ? Il faut dès le début se demander ce que l'on va faire de cette expérience par la suite. Cela oblige à anticiper le retour. Idem, à la fin de l'expatriation, il faut se demander ce que l'on a appris.
Pour la famille, c'est le même questionnement : qu'est-ce que chacun va gagner dans le processus ?
Au niveau professionnel, il faut aussi savoir pourquoi l'on part. Est-ce en tant que haut potentiel ? Ou est-ce parce que l'on a la bonne compétence au bon moment ? Cela aura ensuite des conséquences au retour.

Quels sont les pièges à éviter ?

Il ne faut pas regarder uniquement les 0 sur le contrat de travail. On se focalise trop sur le salaire et les différents avantages. Bien sûr c'est important, mais l'argent ne peut pas être la seule motivation. Il faut aussi associer sa famille au projet. L'expatrié travaille le plus souvent davantage qu'en France. Si son conjoint ne s'adapte pas, cela devient invivable.

Comment faire pour valoriser son expérience ?
Dès le début, il faut se montrer proactif, sans trop compter sur les ressources humaines, et garder le contact avec le siège. Pour valoriser son expérience, il faut savoir parler de son expatriation et des compétences développées. Par exemple, lors d'un entretien, il ne faut pas parler uniquement de l'expatriation en tant que telle, mais de ses expériences, de ce que l'on a appris. 
Propos recueillis par Chloé CAFFAREL. (www.lepetitjournal.com) lundi 19 janvier 2009

(*) Intelligence culturelle : Il s'agit d'un système de connaissances et de capacités interdépendantes, liées par la métacognition culturelle qui permet aux personnes de s'adapter, de sélectionner et de façonner les aspects culturels de leur environnement.

S'expatrier en toute connaissance de cause - J'y vais ou j'y vais pas ?, de Jean-Luc Cerdin, Editions Eyrolles, sur le site de l'éditeur : www.eyrolles.com

logofbinter
Publié le 19 janvier 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
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