Édition internationale

LANGUE FRANÇAISE – Le monde compte 274 millions de francophones

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 novembre 2014



La francophonie progresse dans le monde. C'est la conclusion du second rapport quadriannuel de l'OIF sur l'usage de la langue française dans le monde, présenté au siège de l'organisation à Paris mercredi 5 novembre. En 4 ans, le nombre de francophones a augmenté de près de 25%. La langue française est aujourd'hui la seconde langue la plus étudiée dans le monde. D'ici 2060, les francophones pourraient être 767 millions à travers le monde, ce qui constitue un formidable potentiel économique et culturel. Encore faut-il soutenir cette dynamique, prévient l'OIF.

©Cyril Bailleul/OIF

54 millions de francophones supplémentaires

En 2014, le monde compte 274 millions de francophones (données recueillies dans 102 pays), dont 212 millions (+7%) l'utilisent quotidiennement (langue du foyer, de l'école, de l'administration, des médias?), les 62 millions restants étant considérés comme utilisant le français comme « langue étrangère ». Lors de sa précédente édition parue en 2010, le rapport recensait un total de 220 millions de locuteurs du français. Cette progression spectaculaire de près de 25%, qui atteste de la bonne santé de la langue française, repose en grande partie sur la dynamique démographique africaine.

En Afrique subsaharienne, le nombre de francophones a progressé en moyenne de 15% par rapport à 2010, ce chiffre atteignant parfois 30% dans certains pays. En parallèle, les Alliances françaises et Instituts Français ont enregistré une hausse du nombre d'apprenants du français (+12% et +13%). Selon les estimations de l'OIF, le nombre de francophones pourrait atteindre 767 millions à l'horizon 2060. « Il y a un désir fort de français » note ainsi Clément Duhaime, administrateur de l'OIF, soulignant les opportunités économiques ainsi créées.

La francophonie, arme économique.

Un constat que l'économiste Jacques Attali évoquait déjà dans son rapport Francophonie et francophilie, moteurs de croissance durable, remis à François Hollande en août dernier. Dans sa synthèse, l'ancien conseiller de François Mitterrand écrivait : « Deux pays partageant des liens linguistiques tendent à échanger environ 65 % plus que s'ils n'en avaient pas ». En 2012, la fondation Ferdi mentionnait elle aussi, dans son étude Le poids économique de la langue française dans le monde, le potentiel économique créé par le partage d'une même langue :« En moyenne, sur la période 1995-2006, les flux commerciaux entre deux pays de l'espace francophone (33 pays, ndlr) sont 22% plus importants que ceux d'une paire de pays ayant des caractéristiques comparables (?) mais n'appartenant pas à l'espace francophone ». Le réservoir de francophones potentiels permis par la démographie africaine constitue donc un potentiel économique majeur pour le futur. Mais celui-ci implique un certain nombre d'efforts.

 « Un colosse aux pieds d'argile »

Pour Clément Duhaime et Alexandre Wolff, responsable de l'observatoire de la langue française, la langue française apparaît aujourd'hui comme un « colosse aux pieds d'argile ». Si la francophonie se porte bien, elle doit cependant relever un certain nombre de défis pour assurer son avenir. Le premier réside dans la qualité de l'enseignement, l'école restant le vecteur principal d'apprentissage du français. «S'il n'y a pas d'infrastructures scolaires, pas de formation d'instituteurs (...) les jeunes pourraient se détourner rapidement du français » avertit ainsi Clément Duhaime. Un constat là encore évoqué par Jacques Attali pour qui « En l'absence d'infrastructures scolaires permettant de scolariser la majorité de la population, et de maintenir un enseignement du et en français, les générations africaines à venir ne parleront plus français ». Pour améliorer la qualité de l'enseignement, il faut donc poursuivre les efforts réalisés en la matière, explique l'OIF, comme avec le programme Elan-Afrique ou encore l'IFADEM. Car si le français progresse, d'autres langues lui font concurrence.

Promouvoir la diversité du français

La parution de ce second rapport fut également l'occasion pour l'OIF de tirer la sonnette d'alarme sur le déclin du français au sein des institutions internationales, où il partage pourtant le statut de langue officielle avec l'anglais, tout comme aux Jeux Olympiques. Outre la conservation du multilinguisme dans les instances mondiales, le français doit également lutter contre les anglicismes. Si le français a toujours emprunté à d'autres langues et en particulier à l'anglais, et vice-versa, la tendance semble s'accentuer ces dernières années.

Or les initiatives ne manquent pas pour démontrer la capacité du français à évoluer, en témoignent les portails France Terme et WikiLF lancés il y a quelques années. Pourtant, les anglicismes sont monnaie courante, même au sein des élites française. Pointant du doigt une « schizophrénie bien française », l'OIF rappelle ainsi qu'il appartient avant tout à la société civile et aux dirigeants de lutter contre l'anglicisation de notre langue, et appelle à faire plutôt la promotion des variétés du français, belgicismes, helvétismes ou  québécismes.

Le successeur d'Abdou Diouf à la tête de l'OIF qui sera élu lors du prochain sommet de la Francophonie à Dakar les 29 et 30 novembre prochains aura donc fort à faire.

Luc Allain (www.lepetitjournal.com) vendredi 7 novembre 2014

A lire également : Synthèse du rapport sur l'usage de la langue française dans le monde - 2014

Synthèse du rapport sur l'usage de la langue française dans le monde - 2010

Rapport intégral sur l'usage de la langue française dans le monde - 2010

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE - La langue française est-elle ringarde ?

En kiosque ou pour les abonnés : Le 1hebdo - Dossier : Le français a-t-il perdu sa langue ?

logofbinter
Publié le 6 novembre 2014, mis à jour le 10 novembre 2014
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos