Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

GENERATION LIBRE - "Les Français de l'étranger ont envie de contribuer au débat public"

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 avril 2014, mis à jour le 2 avril 2014

Gaspard Koenig a fondé, il y a plus d'un an, Génération libre, un think tank d'orientation libérale. Cet écrivain et philosophe, qui habite aujourd'hui à Londres, explique les objectifs de ce laboratoire d'idées.


Pourquoi avoir fondé Génération libre ?

Génération libre est un think tank libéral, qui défend à la fois l'économie de marché et les libertés individuelles. L'idée m'est venue quand je travaillais dans une banque européenne à Londres, dans un environnement entouré de think tanks. D'une part, je me suis aperçu qu'il n'existait pas vraiment à Paris ce genre d'institut menant la bataille des idées avec cette ligne idéologique. Or, le libéralisme est une philosophie française du XVIIIème siècle, une philosophie négativement perçue dans notre pays aujourd'hui.

D'autre part, j'avais présenté ma candidature aux législatives en 2012, pour être député des Français de l'étranger d'Europe du Nord, avec l'étiquette libérale en me disant que les Français de l'étranger pouvaient être très sensibles à ces idées. Pendant la campagne, j'ai compris que même s'ils étaient très intéressés, ils continuaient à voter sous l'étiquette. J'en ai conclu que le libéralisme, qui n'est ni de droite ni de gauche, n'avait pas d'avenir politique dans un parti. Ces deux considérations m'ont incité à lancer un think tank libéral pour la France, indépendant de tout parti politique, ce qui est la meilleure façon de se battre uniquement sur le plan des idées. Nous sommes maintenant deux salariés, et nous sommes accompagnés d'un conseil stratégique,d'un conseil d'administration et d'un conseil d'experts.

Photo Gaspard Koenig

Qu'entendez-vous par Génération libre ?

Il y a une nouvelle génération pour qui l'Etat-providence appartient à l'époque de leurs parents et a bénéficié à la génération d'avant. Cette nouvelle génération se retrouve dans cette logique libertarienne, avec davantage d'autonomie individuelle. Nos idées leur correspondent davantage que les structures rigides adaptées à leurs parents.

Quels sont les objectifs d'un think tank, et de Génération Libre en particulier?

Nous publions des rapports dans les domaines économiques, mais aussi sociétaux, institutionnels, etc. L'étape suivante consiste à donner des propositions très concrètes aux députés et sénateurs, pour traduire les idées présentes dans nos rapports en réforme et amendement.

L'intérêt d'un think tank est d'influencer les médias et l'opinion afin de forcer le politique à se positionner, plutôt que d'essayer de convaincre le politique directement. Le but est de changer le discours ambiant, de faire réaliser à la société quel est son chemin naturel. Quand les politiques s'apercevront que les gens ont envie de cela, ils iront tous dans le même sens. Une autre ambition que nous avons est de fonder nos recherches dans les textes philosophiques. Etant philosophe, je veux rappeler aux gens que le libéralisme ce n'est pas un budgétaire qui veut faire des économies, mais une vision de la société qui existe depuis trois siècles, riche et variée. Notre rapport sur la liberté d'expression se rattache à John Stuart Mill, celui sur la dette est ancré dans David Hume, à chaque fois il y a une figure de proue.

Comment fonctionnez-vous ?

Tout d'abord nous produisons du contenu. Nous publions des notes tous les 15 jours, et des rapports plus complets, écrits par des experts. Le but est de dresser une argumentation technique, précise, et crédible. Nous sollicitons des experts qui connaissent leur sujet et qui acceptent la ligne idéologique. Les conférences ne constituent pas notre priorité, nous préférons le travail de fond. Pour être un vrai think tank et non un simple groupe de réflexion, nous avons besoin de lever des fonds. Nous sommes financés par des particuliers, rarement par des entreprises et jamais par des partis politiques. Nous disposons donc d'une indépendance réelle et précieuse, à la différence des think tanks parisiens qui sont financés par le gouvernement et par les entreprises du CAC 40, ce qui leur donne énormément de contraintes. Nos donateurs sont très souvent des entrepreneurs, très familiers de la mondialisation. On peut devenir adhérent (l'adhésion annuelle est de 50 euro) ou s'inscrire à la newsletter pour suivre nos travaux.

Quels types de sujets traitez-vous ?

Le premier rapport, qui a lancé notre activité, était sur la restructuration de la dette française. La question de la dette est très importante, puisque nous la supportons alors que nous n'en avons pas profité. Nous avons ensuite fait des rapports sur la liberté d'expression, mais aussi sur la démocratie, sur la fiscalité comportementale et les politiques de santé. Nous partons du principe que l'intervention de l'Etat n'a pas lieu d'être.

Nous projetons de réaliser une note sur le statut de l'auto-entrepreneur. Nous allons également faire un rapport sur l'Open data santé, il s'agit de rendre les données de la sécurité sociale publiques, tout en restant anonymes, pour permettre aux laboratoires de produire des statistiques. Nous préparons également un rapport sur l'impôt négatif, concernant la rationalisation du système d'allocation. Pour nous, chacun devrait être assuré d'avoir un certain revenu minimum, et libre ensuite d'utiliser cet argent selon ses préférences. Cela permettrait de simplifier le système d'allocation qui fonctionne mal. C'est aussi une réponse libérale à la pauvreté. Nous voulons un vrai filet de sécurité, beaucoup plus sain et responsabilisant. Ce qui nous inquiète ce n'est pas l'inégalité mais la pauvreté. Cela montre que le libéralisme traite de tous les sujets y compris de la pauvreté, et y apporte une réponse spécifique.

Disposez-vous de relais à l'étranger ?

Les Français de l'étranger sont sensibles à nos idées. Ils sont toujours très intéressés par le sort de leur pays, ce qui n'est pas toujours le cas des autres nationalités. Ils continuent de suivre l'actualité politique, ont de bonnes idées, sont très ouverts sur ce qui se passe. Ils ont envie de contribuer au débat public mais n'ont aucun relais évident pour cela. Par procuration, nous pouvons leur permettre de lancer des débats qui leur tiennent à c?ur. Nous avons déjà des relais dans une quinzaine de villes dans le monde, qui peuvent organiser des événements en local ou servir de relais aux rapports. Nous aimerions faire connaître le think tank et trouver davantage de contributeurs.

Vous-même êtes expatrié, que pensez-vous des discours alarmants sur l'expatriation ?

Le problème n'est pas que les gens partent, le problème est qu'ils ne puissent pas revenir parce qu'ils ont plus d'opportunités à l'étranger qu'en France. Les gens qui sont partis il y a 10 ou 20 ans voudraient revenir mais ont beaucoup de mal à le faire. Quant à leurs enfants, ils font leurs études à l'étranger et sont en quelque sorte perdus pour la France. C'est cette perte de capital humain qui est inquiétante. Il y a très peu de gens qui ne s'imaginent pas revenir. Le jour où la France s'ouvrira pleinement au monde, les gens reviendront. La France a tout pour briller et pour être leader dans la mondialisation.

Bénédicte Buisson (www.lepetitjournal.com) Mercredi 2 avril 2014

Lire aussi : 

LÉGISLATIVES 2012 - Gaspard Koenig : "Donner une voix aux idées libérales"

Gaspard Koenig - "Il faut réinstaurer l'idée de respect des autres"

logofbinter
Publié le 1 avril 2014, mis à jour le 2 avril 2014

Flash infos