Selon une étude sud-africaine, 10.000 millionnaires français auraient quitté l'Hexagone en 2015. Un exode qui n'a d'équivalent dans aucun autre pays, d'autant que les dernières données publiées par le fisc font état d'une nette baisse du nombre de contribuables dans les tranches supérieures de l'impôt
David Guetta, le DJ français le plus connu et sans doute l'un des mieux payés au monde ne sera plus assujetti à l'impôt sur le revenu en France. Et pour cause, il a décidé de s'installer à Dubaï. Alors que le scandale financier des Panama Papers fait couler beaucoup d'encre, et que Michel Sapin ironisait il y a quelques jours sur le nombre important de contribuables français "qui semblent avoir subitement retrouvé un certain sens civique", une étude jette un pavé dans la mare.
Le cabinet d'études sud-africain, New World Wealth (NWW), vient de livrer son enquête annuelle sur la "migration des millionnaires en 2015". On y apprend à la surprise générale que la France se placerait sur la première marche mondiale en nombre d'expatriation de millionnaires (10.000 pour tout l'Hexagone, 7.000 rien qu'à Paris), devant la Chine et l'Italie. Le phénomène n'est pas nouveau. Avant David Guetta, il y a eu les grands sportifs domiciliés en Suisse, ou les industriels comme la famille Mulliez, et d'autres fortunes qui coulent des jours heureux en Belgique. Sur les dix dernières années, déjà 25% des individus fortunés français, ou « HNW », pour high-net-worth, ont changé de pays. Les riches expatriés partent de preference pour "le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et Israël".
La tendance risque de s'accentuer. 40% des Français disposant d'un patrimoine net moyen de 3,5 millions d'euros ont envie de changer de pays. Chez les moins de 35 ans, 58% des HNW français ont l'intention de vivre à l'étranger à terme. La fiscalité est une raison importante, mais pas unique à cet exode. L'étude explique cette fuite par ?des tensions religieuses en hausse entre chrétiens et musulmans dans les zones urbaines? et par un ?manque d'opportunités?.
Baisse du nombre de contribuables dans les tranches supérieures de l'impôt
Les résultats de cette étude semblent corroborés par les dernières données publiées par l'administration fiscale française. D'après Les Echos, en 2013, année du choc fiscal, 47.000 contribuables quittaient la France. En 2014, le nombre de foyers fiscaux dont le revenu fiscal de référence est supérieur à 200.000 euros a chuté de 8?%. Le phénomène est inquiétant quand on sait que s'ils représentent 0,4?% des foyers fiscaux, ils acquittent chaque année en moyenne 20?% de l'impôt sur le revenu. Et plus on monte dans les plus hauts revenus, plus la baisse est spectaculaire. "En 2013, le fisc a recensé 659 départs chez les revenus supérieurs à 300.000 euros, alors que les données de l'administration montrent qu'on a perdu 9.672 foyers dans cette tranche, expliquent les Echos. Bercy avance l'argument d'une certaine volatilité dans les très hauts revenus qui dépendent parfois d'un événement exceptionnel, comme la cession d'une entreprise, d'un fonds de commerce ou un départ en retraite".
D'autres indicateurs ? Le nombre de foyers dont le revenu est compris entre 400.000 et 500.000 euros en 2014 a baissé de 15%. Sur la période 2012-2015, la chute du nombre de contribuables déclarant plus d'un million d'euros s'établit à 32,4 %, même s'il est remonté de 11% en 2015.
Parallèlement, le fisc français pense récupérer environ 7 milliards d'euros d'ici fin 2016 de la part de repentis fiscaux, qu'ils soient fraudeurs passifs ou actifs, et s'en félicite. Alors où est la vérité sur l'exil fiscal ?
MPP (www.lepetitjournal.com) mardi 19 avril 2016
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