

25.000 militants anti-nucléaire se sont mobilisés ce week-end dans toute la France. La sortie plus ou moins progressive du nucléaire défendue par plusieurs formations politiques, sera, sans aucun doute, l'un des points d'orgue de la campagne présidentielle
Entre 8.000 et 15.000 personnes ont défilé dans les rues de Rennes, samedi 15 octobre, pour appeler à la sortie du nucléaire (AFP/Damien Meyer)
Ils ne sont pas indignés mais réellement en colère. 25.000 manifestants anti-nucléaire sont descendus dans les rues un peu partout dans l'Hexagone afin d'exiger la fermeture des centrales nucléaires françaises et la sortie prochaine de la production de cette énergie jugée dangereuse.
Une mobilisation sans précédent
Samedi 15 octobre, on a pu compter entre 8.000 (préfecture) et 15.000 (organisateurs) manifestants à Rennes, 500 à 700 à Bordeaux et Toulouse, plusieurs centaines à Strasbourg, 150 à 200 à Dunkerque ou encore 3.000 à 4.000 devant le site nucléaire de Bugey (Ain), le tout sans débordement et au son des "Stop EPR" (réacteur préssurisé européen, ndlr), "Là où le nucléaire passe, la démocratie trépasse !" ou encore "Le nucléaire tue l'avenir". Etaient présents dans le cortège rennais trois candidats à la présidentielle : Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), Corinne Lepage (Cap 21) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste).
Les anti-nucléaire
Pour Eva Joly, l'ampleur de cette mobilisation prouve que les Français souhaitent une sortie prochaine du nucléaire. "Même avec un nucléaire ultra-dominant dans notre production d'électricité, il est possible d'en sortir en deux décennies. Les centrales arrivent en fin de vie et il faudra investir pour les remplacer, les sécuriser. Contrairement à certaines idées que les "nucléocrates" veulent faire circuler, cela coûte moins cher de sortir du nucléaire que d'y rester !", a expliqué la Franco-norvégienne au site zegreenweb.com. La candidate écolo demande la création d'"un rapport de force pour sortir du nucléaire". "J'attends qu'ils entendent la demande que nous formulons et qu'ensemble nous construisions un pacte de gouvernement", a-t-elle ajouté. "Je crois que, en France, la crédibilité d'un scénario alternatif est forte. Tout le monde va entendre ce message, y compris le gouvernement. Il n'est pas trop tard pour prendre la décision d'arrêter le chantier de Flamanville", a également déclaré Cécile Duflot, secrétaire nationale d'EE-LV. Le candidat du NPA, Philippe Poutou a aussi souligné la nécessité d'"une pression populaire pour sortir" du nucléaire. Corinne Lepage, candidate du mouvement écologiste Cap 21, tient un discours un peu différent : "c'est le moment de dire, non pas qu'il faut fermer les centrales nucléaires ? on ne peut pas se le permettre ? mais qu'il faut ne plus en construire et faire le choix d'un nouveau modèle énergétique".
Le Front national s'était également exprimé en faveur d'une sortie du nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima et de l'explosion ayant fait un mort et quatre blessés dans l'installation nucléaire Centraco de Codolet, proche de Marcoule (Gard), en septembre dernier. Ce dernier accident "illustre la dangerosité de cette énergie et la nécessité d'envisager une sortie progressive et réfléchie du nucléaire", avait alors écrit Marine Le Pen, candidate frontiste en 2012, en rappelant "la volonté du Front National d'engager la diversification énergétique de la France, notamment par un programme ambitieux de recherche sur l'hydrogène".
Position floue
François Hollande, qui portera le projet socialiste en 2012, préconisera un audit des centrales les plus anciennes et un développement des énergies renouvelables, sans pour autant donner de date précise. D'après Greenpeace, le candidat socialiste dans la course à l'Elysée maintient un positionnement confus sur la question du nucléaire. Le député corrézien se contente d'afficher une réduction à 50% de la part du nucléaire dans l'électricité d'ici à 2025, sans se prononcer sur les sites nucléaires à fermer.
Le MoDem prône également le "mixte énergétique" plutôt que l'"arrêt brutal" du nucléaire sans apporter de date précise.
Contre la sortie
L'UMP se positionne, lui, clairement contre la sortie du nucléaire. Le parti au pouvoir avait notamment évoqué cette idée lors de l'annonce en mai dernier de l'arrêt du programme nucléaire allemand. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'était déclaré "totalement défavorable" à une telle décision pour la France. Même son de cloche pour le ministre de l'Industrie, Eric Besson, "La France a fait depuis un demi-siècle le choix du nucléaire, qui produit aujourd'hui 80 % de l'électricité en France. Ce choix reste pertinent, parce que la France a acquis ainsi une forte indépendance énergétique ; elle dispose ainsi d'une électricité 40 % moins chère que dans la moyenne des autres pays européens. Les ménages allemands par exemple paient leur électricité deux fois plus cher".
Qu'en pensent les Français ?
Après la catastrophe de Fukushima au Japon, les citoyens français semblent de plus en plus concernés par la thématique du nucléaire et des risques possibles dans l'Hexagone. Un sondage Ifop pour le Journal du dimanche avait d'ailleurs établi en juin dernier la préférence des Français pour une sortie du nucléaire. 77% des personnes interrogées souhaitent ainsi l'arrêt rapide ou progressif, sur 25 ou 30 ans, du programme nucléaire. 22% seulement souhaitent la poursuite du programme nucléaire et la construction de nouvelles centrales.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 18 octobre 2011
En savoir plus
Article de France-Soir, Manifestations anti-nucléaire : Forte mobilisation en France
Article du Monde, Pour les Verts, le nucléaire sera le débat prioritaire pendant la campagne de 2012

