

Chef d'entreprise et conseiller au commerce extérieur de la France pour la Chine, Sébastien Breteau est candidat (divers droite) aux législatives sur la 11ème circonscription des Français de l'étranger. Il présente son parcours, sa légitimité et ses propositions pour les Français expatriés. (Photos courtoisie SB)
lepetitjournal.com : Pouvez-vous présenter votre parcours à nos lecteurs ?
Sébastien Breteau : Je suis né le 5 septembre 1971 à Bordeaux. Très tôt, j'ai eu le goût de l'international, ayant grandi au Maroc, quand mes parents y étaient en poste, une expérience que je voulais revivre. Après le lycée Eiffel à Bordeaux, et mes études supérieures (Arts et métiers et HEC), j'ai fait le choix de partir en Asie attiré par le dynamisme de cette région.
A Hong Kong, j'ai fondé Sebo en 1997, une société de packaging, puis AsiaInspection en 2005, qui offre des services de contrôle qualité et de certification au c?ur des sites de production en Asie. Aujourd'hui le Groupe est présent sur cinq continents et emploie 650 personnes avec des bureaux répartis dans de nombreux pays de la 11e circonscription. Les performances du Groupe nous ont valu de recevoir des mains de Christine Lagarde le premier prix "PME-Chine" en 2007 qui récompense une réussite entrepreneuriale française en Chine.
Cette réussite professionnelle, je la dois à la France qui m'a formé et à l'Asie, terre d'accueil et d'opportunités où j'ai construit ma vie professionnelle. Mon goût d'entreprendre a toujours été motivé par celui de l'aventure collective qu'il impose. Je voulais m'engager plus loin et servir l'intérêt général.
Conseiller du Commerce extérieur pour la Chine, j'agis depuis longtemps pour développer les liens entre les Français présents en France et les expatriés. Je m'implique pour soutenir les échanges entre nos deux régions mais aussi avec le Vietnam, l'Inde, l'Australie, la Russie où mon groupe a expatrié des dizaines d'ingénieurs français. En ce sens, les programmes d'échanges pour les étudiants et jeunes professionnels entre nos deux régions me paraissent un axe important pour nos relations à venir. La formation française, connue pour son excellence, peut être un pont entre nos cultures : un manager chinois, russe ou indien formé par une école française, c'est un ambassadeur de la France en plus.
Christine Lagarde, alors ministre de l'économie, remet le prix "PME-Chine" à Sébastien Breteau en 2007
Quelles sont les raisons et la légitimité de votre candidature ?
Depuis quelques années, je constate qu'un fossé, dû à des incompréhensions mutuelles, est en train de se mettre en place entre la France métropolitaine et sa "diaspora". Je veux que mon engagement serve à resserrer ces liens distendus.
Le corps politique français dans son ensemble connait mal la réalité des Français expatriés, il en résulte beaucoup d'amalgames. La motivation de la majorité des Français qui sont partis n'est pas d'ordre fiscal ! Elle est l'envie d'acquérir une expérience internationale, indispensable dans les parcours professionnels aujourd'hui. C'est l'attrait du dynamisme économique de régions comme l'Asie, l'Inde ou la Russie, le désir de saisir les opportunités de la mondialisation, d'entreprendre, de se confronter aux autres et de s'ouvrir à des cultures différentes qui incitent à partir. Sur les 50 000 Français qui s'expatrient chaque année, 50% ont moins de 35 ans : c'est une population jeune et entrepreneuriale, loin du cliché de l'exilé fiscal qu'on nous présente trop souvent. Je veux que ma candidature donne une plus grande visibilité aux expatriés de la 11e circonscription mais relaie aussi leur vision dans les choix qui seront débattus à l'Assemblée Nationale.
Préférer le courage au conservatisme, l'audace à l'immobilisme, la diversité à la pensée unique dont les politiques français peuvent être si coutumiers, cela a toujours été ma façon d'agir. C'est aussi la vision que je partage en réagissant à l'actualité politique, diplomatique et économique sur mon blog. Ma candidature reflète ma volonté de mettre ces principes d'action en application au service du bien commun au niveau national, comme je l'ai fait jusqu'alors au niveau local.
Face à l'afflux des promesses des candidats en campagne, j'ai du mal à me reconnaître : peu sont celles qui défendent la vision d'un Etat responsable et efficace. Les responsables politiques ont un devoir d'exemplarité et de résultat. La responsabilisation de l'Etat passe par le respect des règles qui s'appliquent partout ailleurs. Trop souvent, ils me donnent l'impression d'être drogués aux impôts? Ainsi, quand vous êtes en découvert, la solution est-elle de prendre un nouveau crédit ou de restreindre son train de vie ? Dépenser plus n'est pas la garantie de plus d'efficacité. La tolérance zéro doit s'appliquer en matière de gabegie budgétaire. Quand j'entends que certains candidats se servent de leurs fonctions ministérielles ou des miles ainsi accumulées grâce au budget de l'Etat pour faire campagne, cela me choque. Comment croire qu'ils changeront en occupant d'autres postes ?
Nous avons créé le parti " Agrandissons la France " parce que nous avons voulu rassembler ceux qui croient, comme nous, que les idées sont justes ou mauvaises avant d'être de droite ou de gauche : ce sont l'action et le résultat qui définissent la valeur d'une idée, non l'inverse.
Ce mandat de député de la 11e circonscription ne doit pas être un faire valoir ou une récompense de fin de carrière. Il porte nos espoirs, il doit nous permettre de nous faire entendre au c?ur de la démocratie française et de participer aux choix que la France engagera. Quand les instances dirigeantes de l'UMP parachutent des hommes d'appareil, qui n'ont parfois jamais vécu à l'étranger, je n'ai pas le sentiment qu'elles ont pris conscience des enjeux de ces législatives et de nos attentes. Comment M. Mariani peut-il vouloir relayer la voix des Français de l'étranger et défendre conjointement la vision d'une France populiste et protectionniste en tant que chef de file de la Droite Populaire voulant imposer un dispositif juridique d'autorisation pour les investissements extra-communautaires ou un Conseil de surveillance des investissements étrangers ? Je crois que le futur député de la 11e circonscription devra au contraire faciliter l'intégration des Français qui résident dans cette zone stratégique qui, avec la Chine, l'Inde et la Russie regroupe trois des quatre BRIC's. Son mandat ne doit pas être celui d'une France du repli mais d'une France plus grande et plus internationale. Sa stature doit-être celle d'un responsable, ayant l'expérience d'un environnement multiculturel vivant le quotidien des Français de l'étranger pour bien les représenter.
Ce mandat est d'autant plus important qu'il inaugurera la vie législative de notre circonscription et devra l'installer durablement au niveau national et international dans le cadre des relations avec nos pays d'accueil.

La création du secrétariat d'Etat des Français de l'étranger a été une très bonne chose, mais il est important que sa responsabilité incombe à un Français ayant eu une expérience d'expatrié. Quant à l'AFE, son rôle est plus consultatif, elle n'a pas de pouvoir décisionnel. Au final, la multiplication des structures administratives françaises à l'étranger n'est pas synonyme d'efficacité. Je propose la création d'un " guichet unique " des expatriés qui consisterait à fusionner AFE, ambassades, CCE et CCI au sein d'une même structure dont le rôle serait double : intelligence économique et promotion de l'industrie française d'une part, et administration consulaire des expatriés d'autre part.
Séverine ROD, suppléante de Sébastien Breteau
Comment organiserez-vous votre travail si vous êtes élu ?
Je parcours la zone depuis plus de 15 ans. Les bureaux d'AsiaInspection couvrent tous les pays de la circonscription et je suis impliqué auprès la communauté française. Je partage son quotidien et j'ai une profonde connaissance des tissus économique et sociaux de la région. Pour cette campagne, ma suppléante Séverine Rod et moi, nous appuierons sur nos soutiens locaux et nous voulons créer une dynamique d'intelligence collective grâce aux moyens de communication moderne. De nombreuses rencontres sont prévues avec les électeurs dans plusieurs pays. Si le débat que nous voulons susciter, comme je l'ai montré sur mon blog, permet aux expatriés de s'intéresser à la campagne et les incitent à voter, plutôt qu'à l'abstention, nous aurons fait une bonne campagne.
Je passe aujourd'hui 70% de mon temps dans la circonscription et 30% de mon temps en Europe et je suis depuis longtemps domicilié dans ma circonscription, à Hong Kong. La zone est vaste mais je m'appuierai sur mes relais, ma suppléante Séverine Rod, et sur notre réseau consulaire, qui fait un travail formidable pour remonter les informations et cibler les priorités de mes déplacements en tant que député. Je crois que le contact permanent avec les électeurs est primordial : c'est la meilleure manière de comprendre leurs besoins et leurs préoccupations. En tant qu'entrepreneur, je suis un homme de terrain et d'action et si je m'engage en politique, c'est pour y mettre la même énergie que celle qui caractérise mon parcours jusqu'alors. Rester assis derrière un bureau à Paris, ce n'est pas moi, ce n'est pas, je crois, le souhait des électeurs.
Quelles sont les thématiques de campagne que vous souhaitez mettre en avant ?
Défendre le statut des Français travaillant hors de France, dont la fiscalité, pour que ceux-ci ne deviennent pas des citoyens moins égaux que les autres ! Je crois en revanche que le passeport français a une valeur morale mais aussi matérielle quand on est à l'étranger, et pour cela je propose qu'une contribution citoyenne lui soit attachée.
Mon second axe de priorité est de promouvoir une autre politique, ayant le souci de l'efficacité, inspirée par la culture entrepreneuriale où les réalités de la société civile sont prises en considération.
J'attache aussi une grande importance au rayonnement culturel de la France à l'international, et en particulier dans la 11e circonscription. Nous avons de nombreux atouts et richesses à faire savoir dans les domaines de la connaissance, de l'art, de l'industrie, de la formation qui sont être autant de passerelles entre les expatriés et leurs pays d'accueil. Il est important que les expatriés puissent maintenir ces liens avec leurs origines. C'est par ce qu'on apporte aux autres qu'on se donne les moyens de créer des relations durables.
Avez vous un dernier mot pour les lecteurs ?
Je veux leur dire que la France est un beau pays, qui ne va pas aussi mal que l'on veut le dire. Son potentiel est immense. Être français aujourd'hui, cela a une signification, où que l'on vive. Nous sommes redevables à la France d'une partie de ce que nous sommes devenus. Même à des milliers de kilomètres de distance, la France fait partie de notre quotidien. Les liens entre les expatriés et la France sont extrêmement forts et je veillerai à les préserver.
Luc Allain (www.lepetitjournal.com) lundi 16 avril 2012
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