Depuis septembre 2016, Michel Bauza a pris la direction du Volontariat International en Entreprise (V.I.E.) au sein de Business France, l'Agence Nationale au service de l'internationalisation de l'économie française. Son ambition : atteindre les 10.000 V.I.E en poste d'ici fin 2017.
lepetitjournal.com : Quel a été votre parcours avant d'arriver à la tête de la Direction V.I.E. ?
Michel Bauza : Auparavant, j'ai travaillé pour Business France à l'étranger, notamment en Algérie, au Chili, au Canada et en Grèce. Il y a trois ans, j'ai rejoint le siège à Paris pour diriger le réseau des Chargés d'Affaires Internationaux, dans le cadre du partenariat stratégique entre Business France et Bpifrance, la banque publique d'investissement.
Vous venez de prendre la tête du V.I.E. Quelle est la situation du Volontariat International en entreprise aujourd'hui et quels sont vos objectifs ?
En septembre 2016, 9.200 jeunes Européens sont en mission V.I.E. (+5%), dans 130 pays pour le compte de 1.900 entreprises, dont 66% de PME. Notre ambition, fixée par le contrat d'objectifs 2015-2017 est d'atteindre les 10.000 V.I.E en poste d'ici la fin de l'année prochaine.
Le V.I.E. (Volontariat International Entreprise/ Administration) permet aux entreprises françaises de confier à jeune, jusqu'à 28 ans, une mission professionnelle à l'étranger durant une période de 6 à 24 mois, renouvelable une fois.
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Quelle est votre stratégie pour atteindre cet objectif ?
Le V.I.E est une solution gagnant-gagnant : c'est un tremplin de carrière pour les volontaires puisque 68% se voient offrir un poste dans l'entreprise où ils ont réalisé leur V.I.E et 92% trouvent un emploi suite à leur expérience VIE ; et un accélérateur de Business pour les entreprises avec 70% de taux d'impact en terme de courant d'affaires. 61.000 jeunes et 6.500 entreprises en ont bénéficié en 15 ans, c'est un dispositif aguerri et qui fonctionne très bien, mais il faut mieux le faire connaitre des PME et convaincre les entrepreneurs de l'utiliser, pour sourcer les talents et réussir à l'export. Nous allons pour cela mobiliser tous nos partenaires, les CCEF, le réseau des Chambres de Commerce, les opérateurs privés, les fédérations et les associations d'entrepreneurs, les banques, de même que nos ministères de tutelles. La communication avec les réseaux sociaux est une des pierres angulaires de notre action, les entreprises ne connaissant pas encore toutes le V.I.E.
Des pistes d'améliorations existent et sont liées aux facteurs clés de réussite : faire coïncider le profil du candidat avec la mission proposée, répondre de manière personnalisée aux besoins des entreprises, bien encadrer et coacher le VIE, notamment dans les 6 premiers mois de sa mission à l'étranger. Par ailleurs, des missions V.I.E. avec des compétences spécifiques, notamment la maitrise de la langue allemande, ou des profils TIC (Technologies de l'Information et des Communications) restent encore non-pourvus par manque de candidats. L'information auprès des jeunes, grâce aux forums V.I.E et le web est cruciale.
Quels sont les avantages de la formule V.I.E. pour les entreprises ?C'est la solution RH de référence pour identifier et tester les talents dont l'entreprise a besoin pour se développer à l'export. Quel que soit la taille de l'entreprise PME (petites et moyennes entreprises), ETI (Entreprise de taille intermédiaire) ou Grandes Entreprises, elles peuvent bénéficier de V.I.E pour tout type de missions professionnelles à l'étranger. Le statut public du volontaire offre un cadre protecteur et sécurisé et la gestion administrative par Business France leur permet de se concentrer sur le pilotage opérationnel.
Le V.I.E est une solution souple et modulable pour l'entreprise, avec la possibilité de missions régionales ou encore d'utiliser un V.I.E à temps partagé entre plusieurs PME, dispositif proposé en partenariat avec des structures spécialisés de type IMED, Fédération des industries Mécaniques/Promeca ou encore ARD Auvergne.
Quelles entreprises peuvent bénéficier aujourd'hui du V.I.E. ?
Toutes les entreprises de droit français souhaitant se développer à l'étranger et disposant d'une structure d'accueil dans le pays visé pour encadrer les jeunes volontaires.
Quel est le profil type du V.I.E. ?
Les VIE sont ouverts à tous les jeunes entre 18 et 28 ans. Même si la majorité des volontaires sont de niveau Bac+5, on retrouve aussi des titulaires de BTS et de formation courtes qui représentent 5% du total. La durée moyenne du V.I.E. est de 18 mois, l'âge moyen des jeunes 26 ans. Les hommes représentent 63% des effectifs, les femmes 37%. Plusieurs milliers de candidats sont prêts à partir et référencés sur le site CIVIWEB qui mixte l'offre de missions des entreprises et les CV des candidats.
Quels sont les services proposés aux volontaires par Business France une fois le volontariat signé?
La formule du V.I.E est rendue attractive par la prise en charge de la protection sociale du V.I.E. par Business France, qui s'occupe de renseigner le VIE avant son départ (journée d'intégration à Paris) et à son arrivée dans le pays avec le Bureau Business France et l'Ambassade. Nous pouvons aussi faciliter la partie logistique en proposant des solutions d'hébergement professionnel aux volontaires, faciliter le parrainage avec des CCEF locaux et les mettre en relation avec la communauté des anciens VIE dans les pays.
Pour valoriser leur action et montrer concrètement leur impact dans des domaines très variés, nous organisons à l'étranger avec les CCEF et les Ambassades des Grand Prix V.I.E. ou les volontaires sont récompensés dans plusieurs catégories (performance commerciale, innovation, communication,?). Le suivi des VIE après la fin de mission est important car les ex-VIE sont les premiers ambassadeurs du volontariat international. C'est le sens de notre coopération avec le Club des Volontaires Internationaux pour Entreprendre, qui vient de fêter ses dix ans et ses 10.000 membres.
Le dispositif V.I.E., qui a succédé en 2001 à la coopération du service national en entreprise est à ma connaissance unique au monde et représente la « French Touch » en matière de formation terrain à l'international. C'est une solution RH formidable à l'export dont nous pouvons être fiers.
Propos recueillis par Robin Marteau (www.lepetitjournal.com) mercredi 19 octobre 2016