Créé en 2000, le Volontariat International d'entreprise connaît un succès sans précédent auprès des jeunes de 18 à 28 ans et des entreprises. Il permet de s'expatrier pour une durée maximum de 2 ans, et offre des conditions de travail et de vie favorables. Rencontre avec le directeur du dispositif.
(photo : C. Verrier / BSM International Communication)
Lepetitjournal.com : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent effectuer un V.I.E ?
Michel Lodolo : J'en donnerais plusieurs. La première chose à faire est de s'inscrire sur le site civiweb, pour ne rien manquer des offres V.I.E. La seconde, disposer d'un beau CV! Il faut savoir mettre en avant ses compétences et sa maîtrise des langues étrangères. Ensuite, il ne faut pas hésiter à se rendre sur les sites Internet des grandes entreprises, qui proposent également des V.I.E
Enfin, il est conseillé de disposer d'un projet professionnel précis, c'est-à-dire savoir où l'on va pour pouvoir cibler ses recherches. Beaucoup veulent partir dans un pays parce que ce dernier les attire. Or le site civiweb propose de nombreux postes dans des pays moins demandés, comme la Russie, moins accessible par l'exigence de sa langue. Nous avions connu ce problème-là avec la Chine il y a quelques années, mais le mandarin s'est démocratisé. De même, en Allemagne, civiweb propose actuellement 220 postes en V.I.E qui ont du mal à trouver preneurs.
Certains pays sont-ils réticents à accueillir les V.I.E ?
Peu de pays sont réticents à les accueillir. En réalité, c'est la reconnaissance du statut qui pose parfois problème, pour des raisons administratives : il faut parvenir à expliquer aux autorités locales que le V.I.E est à la fois une formation professionnelle et un travail. En négociant avec les autorités, nous parvenons à leur faire comprendre, en développant des accords bilatéraux. Avec l'Espagne par exemple, nous avons mis en place un système de reconnaissance réciproque. L'Espagne accepte d'accueillir des V.I.E (réunissant toutes les conditions), tant que la France accepte l'équivalent espagnol les becarios. Autre exemple, le Canada, qui détenait un quota pour accueillir les V.I.E, n'en a plus aujourd'hui. : Nous essayons, de la même façon, de supprimer ce quota (fixé à 50 par an), en Inde.
Certains pensent que le barème de rémunération des V.I.E est à revoir. Qu'en pensez-vous ?
Le barème de rémunération de base est fixé par décret : il est de 713,07 euros, pour tous les V.I.E. Au-delà cette base, il existe une indemnité géographique, calculée en fonction du coût de la vie, propre à chaque pays, et des contraintes de ce dernier. Cette indemnité est fixée par le ministère des Affaires Etrangères, qui fait appel à des cabinets, notamment Mercer. Il ne faut pas oublier qu'un V.I.E n'est ni un expatrié, ni un salarié. Il dispose d'avantages fiscaux, puisqu'il est exonéré d'impôts en France. Son statut se situe donc entre le contrat d'expatrié et le contrat local.
Que deviennent les jeunes ayant terminé leur V.I.E ?
Le club V.I.E réunit les anciens V.I.E et leur permet de se constituer un carnet d'adresses. Hormis ce club, qui est maintenant indépendant d'Ubifrance, nous effectuons de nombreuses études, pour savoir ce que deviennent nos V.I.E. Grâce à ces études, nous savons désormais que : 95% de nos V.I.E trouvent un emploi moins de 3 mois après la fin de leur mission ; parmi eux, 75% ont eu une proposition d'emploi par leur entreprise. Concernant ceux qui décident de rentrer en France, une étude très précise a été menée, dont le résultat est le suivant : comparé à un français qui n'aurait pas effectué de V.I.E mais qui aurait 2 ans d'expérience, un V.I.E se voit proposer en moyenne 8000 euros de plus, annuellement, pour un premier salaire. (34000 pour le premier, 42000 pour le second)Le V.I.E est donc un tremplin de carrière : pour les entreprises, il est le synonyme de crédibilité et de confiance, et ce de façon unanime.
Il existe aussi un suivi très important des missions données aux jeunes V.I.E : ces derniers sont encadrés, et les entreprises ne peuvent pas tout leur faire faire.
Pendant les législatives pour les Français de l'étranger, certains candidats, avaient proposé un contrat post V.I.E, pour effectuer une transition avec les contrats locaux. Qu'en pensez-vous ?
La transition est effectivement difficile, mais cela dépend du pays. Souvent, les jeunes ne peuvent rester dans le pays. Le risque, pour ces pays d'accueil, est que le V.I.E prenne l'emploi de quelqu'un d'autre, alors qu'il était initialement en formation professionnelle. Mais je suis ouvert aux propositions, il faudrait parvenir à trouver une autre structure apte à s'en occuper.
Quelles sont les régions françaises qui aident le plus à partir ?
En mars 2012, le trophée pour les aides au V.I.E a été remis à la région pays de Loire. La région Nord-Pas-de-Calais encourage également les V.I.E.
Le V.I.E en chiffres
Nombre de V.I.E en poste : 7236, répartis dans 1794 entreprises.
Nombre de V.I.E estimé en octobre 2012 : près de 7400, soit 4% de plus qu'en 2011
Répartition géographique : L'Europe Occidentale accueille 41% des V.I.E
L'Amérique du Nord : 11% des V.I.E
L'Asie Pacifique : 9% des V.I.E
L'Europe centrale : 4% des V.I.E
Secteurs d'activité : si le secteur banque-finance est le premier domaine d'activité des V.I.E (environ 1000 volontaires en poste). D'autres secteurs ne sont pas en reste, comme la fabrication de véhicules, le secteur commercial, l'industrie pharmaceutique
Durée moyenne d'un V.I.E : 18 mois.
Profil des bénéficiaires : La majorité des bénéficiaires est titulaire d'un bac + 5 (90%). Cependant, il faut rappeler que ce dispositif est accessible à tous, quel que soit le niveau d'études. Malheureusement, le V.I.E dispose d'une image élitiste que nous essayons d'endiguer. Bien sûr, pour cela, il faut disposer d'une certaine maturité, et maîtriser une autre langue, mais le V.I.E est ouvert à tous.
Propos recueillis par Constance de Guernon (www.lepetitjournal.com) mardi 23 octobre 2012
Pour en savoir plus
A lire aussi sur notre site
DOSSIER - Les Français au service des expatriés : La Maison des Français de l'étranger (MAJ)
FOCUS RECRUTEMENT - Le Club Med prévoit de recruter plus de 1 600 G.O
