L'expatriation est à la mode. L'herbe paraît plus verte à l'étranger, et la crise en France semble être une raison suffisante pour partir. Vous voulez partir, c'est une chose. Mais pourquoi ? Et surtout pour quoi, et COMMENT ?
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Pourquoi partir ?
"La France n'offre pas d'opportunités professionnelles. Si on n'a pas fait une grande école, si on n'a pas un réseau, c'est vraiment difficile de trouver sa voie". "Je pensais que ma réussite était liée à une forme d'imposture, j'ai voulu me prouver que je pouvais réussir ailleurs."
Il est indispensable de qualifier vos motivations au départ. Partir pour fuir un contexte difficile qu'il soit économique, familial ou professionnel est dangereux. Pourquoi ? Parce que vivre à l'étranger ne résoudra rien : vous emmènerez vos problèmes dans vos valises, continuerez à les subir de manière sourde sur place et les recevrez en boomerang à votre retour. La réussite de votre expatriation est liée à votre élasticité au départ, au retour et de pays en pays : il est important de vous sentir libre d'aller et venir? Nous vous conseillons donc d'être au clair avec vos motivations, de les lister et de vous assurer qu'elles sont formulées positivement, la garantie que votre expatriation ne s'apparente pas à une fuite. Prenez soin d'identifier vos motivations cachées, qui font l'objet d'une forme de déni afin de vous expatrier en toute connaissance de cause.
Pour quel projet ?
"C'est très difficile pour moi de me projeter ici car je ne parle pas le suédois. Mon projet reste encore dans le flou."
"Au début j'étais dans la contrainte : je ne peux pas faire ça et ça parce que je suis à l'étranger. Et j'ai réalisé que la réussite commence quand on fait le contraire : quand on écoute ses envies profondes et qu'on affronte ses peurs, peu importe qu'on soit en France ou à l'étranger."
Construire un projet qui vous enthousiasme est le pilier de votre réussite à l'étranger. De nombreux freins empêchent ce lâcher-prise nécessaire sur votre projet : la crainte de ne pas être aussi performant dans une langue étrangère, de ne pas avoir de « réseau », les difficultés d'adaptation culturelle, un environnement inconnu. Or ces freins doivent être levés : partir à l'étranger nécessite de changer de regard sur de nombreux sujets. Nul besoin d'être un génie pour réussir à l'étranger. Et d'ailleurs, être un génie ne suffit pas pour réussir. Ce qu'il vous faut par contre, c'est de la détermination et une vraie méthodologie de conduite de projet. La détermination est là lorsque vous avez identifié un projet qui fait profondément sens pour vous, qui vous porte : "Depuis que je suis au clair avec mon projet pro, je vais très vite dans sa mise en place parce que tout m'apparaît comme évident, les étapes s'enchaînent naturellement" indique Sophie expatriée en Italie.
Or l'évidence est là : les candidats à l'expatriation adoptent en général une attitude diamétralement opposée : ils se sur-adaptent à leur environnement au risque de se perdre. Beaucoup se résignent à prendre un poste peu motivant, perdent le fil rouge de leur carrière, et au final une forme de leadership professionnel. Être à l'étranger ne suffit pas pour réussir ; il faut garder une cohérence de projet et considérer votre poste à l'étranger comme un outil de développement de carrière : pour découvrir un nouveau marché ou un nouveau produit par exemple, ou monter en compétences dans certains domaines, linguistiques, techniques, interculturels... Vous pouvez en arrivant dans votre pays d'accueil prendre un premier poste qui ne correspond pas à vos aspirations pour mettre un pied dans le pays et obtenir un visa : le premier emploi est en effet un levier d'intégration qui vous permet d'être sur place, de comprendre les codes et de vous constituer un réseau. Ce premier poste sera envisagé comme une première marche vers un projet ambitieux qui, lui, répondra à vos critères internes de réussite et de satisfaction au travail. En revanche garder cette posture basse sur le long terme vous conduit vers une perte de leadership, d'employabilité et de confiance en vous-même.
Maîtrisez les rennes de votre projet !
"Il ne s'agit pas seulement de dire « je me casse ». Partir, ça a l'air super mais ce n'est pas toujours le rêve. Ce n'est pas facile de partir, il ne faut pas rêver."
La méthodologie de conduite de projet est garante que celui-ci est conduit de manière professionnelle, dépassionnée et sans zone d'ombre. Donc de sa réussite. Il s'agira tout d'abord de qualifier votre projet : quels sont vos objectifs sur les plans personnels et professionnels et quels sont vos critères de satisfaction ? Avoir en tête des objectifs clairs dès le début permet de vous concentrer sur les moyens de les atteindre et évite une attitude courante dans un environnement où on a perdu ses repères : papillonner. Deuxième point de vigilance : priorisez ce qui est « important » sur ce qui est « urgent ». Dans un environnement où tout est à reconstruire, on tombe très souvent dans l'attitude inverse ! Troisième point : tout au long du projet, soyez proactifs et contrôlez votre nouvel environnement plutôt que de le subir, anticipez les évolutions. Vous avez un avantage sur ce point : votre capacité à l'étonnement face à un contexte sur lequel vous avez la chance de porter un regard neuf et non blasé ; mais aussi l'adaptabilité à laquelle de toutes façons vous êtes condamné ! Enfin, appuyez-vous sur un réseau construit sur-mesure en fonction des besoins de votre projet. Sur ce point, la vie à l'étranger offre des opportunités insoupçonnées de rencontres virtuelles ou physiques?
Partir à l'étranger ne suffit pas pour réussir, on s'en serait douté : il faut aussi s'en donner les moyens. Alors foncez, mais foncez armé !
Stéphanie Talleux (www.lepetitjournal.com ) Mardi 27 mai 2014
