Nombreux sont les Français âgés entre 20 et 30 ans qui décident de s'expatrier le temps d'une année. Si beaucoup choisissent les Visas Vacances Travail et cumulent des petits boulots pour voyager dans tout le pays, certains, plus casaniers optent pour la vie de famille en devenant jeune fille ou ?plus rarement- jeune homme au pair. Cette méthode est considérée comme le meilleur moyen pour découvrir la culture d'un pays et être en immersion totale à moindre coût. Mais comment être sûr de choisir la bonne destination et la bonne « famille d'accueil » ?
Que signifie au juste « travailler au pair » ?
L'expression « Au pair » signifie « à parité », « à égalité » donc « travailler au pair », c'est principalement garder des enfants en échange de services rendus tels que le gîte et le couvert. Les séjours durent en général entre 6 et 12 mois, durant lesquels le jeune peut perfectionner ses connaissances linguistiques. Pendant cette période, le jeune doit être intégré comme un membre de la famille, comme témoigne Leslie qui s'est expatriée pendant un an en Nouvelle-Zélande : « Je me sens chez moi ici, un peu comme dans une seconde famille où je serai la grande s?ur ».
Chaque année, ce sont des milliers de jeunes qui partent et certains décident même de rester dans le pays après. Comme Matthieu qui a eu un coup de foudre pour la ville de Londres et qui a réussi avec le soutien de sa « hostmum » à y rester en travaillant à plein temps pour une entreprise londonienne : « tout cela a pu en partie se réaliser grâce à la générosité de ma seconde famille, qui m'a proposé de devenir locataire de ma chambre et donc de rester vivre au sein de la famille ! »
Etre une fille, un atout ?
Même si « les jeunes hommes au pair » sont de plus en plus acceptés en Australie ou en Nouvelle-Zélande, les garçons sont souvent désavantagés lors de l'embauche. Les profils masculins seront valorisés s'ils possèdent le BAFA ou un brevet de secourisme car les clichés ont la vie dure, une fille est souvent naturellement considérée comme plus apte à s'occuper des enfants qu'un garçon.
Passer par une agence ? Combien ça coute ?
Selon l'Union des Agences françaises au pair (UFAAP), 13 agences françaises sont agréées.
Payantes, elles garantissent un suivi complet du dossier, il faut compter en moyenne un budget de 150 euros. L'avantage : si cela se passe mal, l'agence est obligée de vous retrouver une autre famille sur place. Le programme prévoit aussi des cours de langue obligatoire quand les enfants sont à l'école et met en relation les jeunes au pair présents dans la région. Parmi les plus connues, Europair, qui possède des partenaires à l'étranger pour sélectionner les familles d'accueil.
Laurie ancienne jeune fille au pair à Perth, « n'a pas voulu partir avec une agence pour plusieurs raisons : frais d'agence, dossier très complet à préparer qui demande du temps, peur de tomber sur une mauvaise agence ou une arnaque » mais une alternative existe. Des sites en échange d'une adhésion payante (entre 20 et 50euros en général) mettent en relation les familles et les jeunes directement. Le plus connu, aupairworld.com, « il est très facile et surtout gratuit » (ndlr : pour les au pair), explique Laurie, « il suffit de s'inscrire, de remplir les données de son profil (mettre quelques photos rend le profil plus attrayant, et met les familles plus en confiance), d'indiquer les critères recherchés »
Où partir ?
Privilégiée par la majorité des jeunes au pair, l'Australie est la destination la plus populaire, garantissant un dépaysement total. Il est toutefois conseillé de privilégier cette destination pour des longues périodes d'un an.
Pour des périodes plus courtes, l'Europe reste la destination idéale. Les coûts d'avion sont peu élevés et garantissent la possibilité de revenir en France souvent. En outre, traverser la Manche suffit parfois pour être dépaysé. En Irlande, Coralie habitait dans le petit village de Kiltegan, au Sud de Dublin: « j'ai fait des expériences nouvelles, j'ai été bergère puisque la famille avait une ferme », « Je ne m'imaginais pas qu'il y aurait autant de différence avec la France : mentalité, éducation (plutôt laxiste), nourriture? »
L'argent de poche ?
Le jeune au pair est censé recevoir de l'argent de poche de la famille. Le montant dépend du nombre d'heures travaillées (entre 30 et 40 heures hebdomadaires) et du coût de la vie locale. En Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis ou en Angleterre, le coût de la vie s'avère assez élevé tandis qu'en Europe, il sera moindre. En Irlande ou en Ecosse, la famille vous donnera entre 80 et 100 euros par semaine. Aux Etats-Unis, la somme tourne plus autour de 150 euros. En Australie et en Nouvelle-Zélande, le montant peut aller jusqu'à 200 euros.
« Je ne suis pas la femme de ménage »
Même si l'accord prévoit des tâches ménagères minimes, différents témoignages mettent en garde contre les abus. Le jeune au pair ne doit pas faire office de bonne. L'objectif principal est de se lier avec la famille en s'occupant des enfants. Laurie de Perth a vite trouvé ses repères : « Car contrairement à des amies qui elles, avaient une relation employeur/employée avec leur famille, qui avaient des horaires très précis, pour ma part je n'ai jamais regardé l'heure, même si je n'étais pas censée travailler, j'aidais dès que je le pouvais (dans la limite du raisonnable, la famille ne m'exploitait pas !) comme je l'aurais fait avec ma propre famille. »
Une situation que certains trouvent parfois inconfortable. Coralie, ancienne jeune fille au pair en Irlande témoigne : « Concrètement, le rôle de jeune au pair peut parfois être compliqué car vous subissez le système d'éducation parental qui a formé les enfants. »
Mathilde Poncet (www.lepetitjournal.com) vendredi 22 avril 2016
