Il est comment le manager français ? Les cadres étrangers travaillant dans les entreprises du CAC40 ont répondu et le décrivent comme étant peu explicite, autocrate? mais très performant !
Plus de 2.000 cadres étrangers de 18 entreprises du Cac 40 travaillant en France ou hors des frontières ont vidé leur sac sur leur managers français dans une étude réalisée en 2014 menée par Frank Bournois, directeur général de l'ESCP Europe, Ezra Suleïman, professeur à l'université de Princeton et Yasmina Jaïdi, maître de conférences à l'université Paris 2 Panthéon-Assas.
Commençons par le positif ! Près de 80% des managers étrangers nous trouvent "performants". Ils estiment même que, chez nous, chacun est poussé "au maximum de ses possibilités". La performance serait d'ailleurs pour 53 % des répondants une des valeurs fondamentales pour évoluer dans l'entreprise. Les étrangers louent les capacités conceptuelles et d'analyse des seniors managers français. Autre bon point, notre savoir-vivre et notamment notre sacro-sainte pause déjeuner. Tout s'arrête à ce moment-là, et parallèlement, certaines décisions peuvent être prises autour d'un "plat du jour". Les étrangers adeptes de la lunch-box mettent parfois du temps à saisir les enjeux de ces déjeuners entre collègues. Globalement, l'ambiance dans les bureaux est bonne, bien que l'intérêt des Français pour la culture des étrangers reste superficiel?
Un culte de la hiérarchie
Aux yeux des étrangers qui travaillent avec nous, nous ne sommes pas très portés sur le collaboratif. Nous préférons travailler de façon centralisée. Les décisions sont prises dans des cercles informels, de façon implicite, plutôt qu'en réunion ouverte. Les sondés reconnaissent les efforts déployés pour intégrer les nouveaux salariés, mais mettent également en évidence "l'arrogance" (décidemment ce mot est souvent associé aux Français) des cadres hexagonaux quand d'autres insistent sur "l'autoritarisme" dont ils peuvent faire preuve. Bref, pas facile pour eux de comprendre nos codes, nos méthodes, sans parler de la barrière de la langue. En moyenne, il leur faut un an pour s'adapter.
Pour accéder aux postes du "top management", les cadres étrangers suggèrent l'existence de critères autres que la performance: maîtrise de la langue, importance des réseaux et des grandes écoles. Un véritable plafond de verre pour eux.
Bref, les méthodes managériales de l'hexagone seraient rigides comparées à celles des Anglo-saxons, plus collaboratives. Mais les cadres étrangers notent quand-même une évolution positive. Le modèle anglo-saxon a d'ores et déjà pénétré les frontières françaises, mais peine encore à être appliqué.
MPP (www.lepetitjournal.com) vendredi 29 mai 2015
