Ndigeul, de son vrai nom Cheikh Ma Djimbira Ndiaye est originaire de Kébémer, dans le nord-ouest du Sénégal. Né dans une famille de griots, il danse et fait de la musique depuis l'âge de sept ans. Il fonde Ngueweul Rythme en 1998 à Cadior, dans la capitale des wolofs. Ngueweul (qui signifie "famille de griots") est un ensemble de musique traditionnelle, de sabar wolof. "Tout a commencé avec quelques proches, pour animer les mariages, les baptêmes, les soirées sénégalaises”, raconte le musicien.
Le petit groupe de danseurs et musiciens jouaient aux alentours de Kébémer, lorsqu'ils ont été remarqués puis sélectionnés lors de la Semaine nationale de la jeunesse. Ils sont alors désignés comme lauréats du prix d’ensemble musical traditionnel. "A l’époque nous étions dix, notre leadeuse était notre chanteuse, Thioro Samb", explique Ndigeul.
Le groupe ne jouait alors que du sabar wolof, mais Ndigeul ressent le besoin de diversifier sa production musicale. Il décide donc de partir en Casamance, pour y chercher les instruments du sud : les bougarabous, les soroubas… La première fois, il s’y rend seul, puis y emmène quatre autres musiciens. "J’avais un contrat dans la boîte de nuit Case Bambou, à Cap Skirring, où je jouais lors de soirées traditionnelles sénégalaises", précise-t-il. Ils étaient alors le seul sabbar wolof de Casamance. Beaucoup de musiciens casamançais ont voulu les rejoindre. "Ils venaient aux concerts avec leurs instruments, mais parfois nous ne jouions pas sur les mêmes diapasons de rythmes, il a fallu beaucoup travailler", raconte t-il. "Les instruments comme les rythmes diffèrent, cela se ressent particulièrement par la manière de danser”, analyse Ndigeul. "En Casamance, on danse près du sol, les wolofs sont plus aériens, ils sautent davantage".
Durant sept années, Ndigeul répète, essaie de mélanger les styles musicaux avec un grand souci d’harmonie. Il se marie avec une femme diola du Fougny, avec laquelle il a eu 4 enfants. "La Casamance m’a porté dans son coeur", témoigne-t-il. Je suis un demi casamançais". Pourtant, la situation n’a pas toujours été facile en Casamance, encore secouée par le conflit. "Je faisais aussi de la musique pour amener la paix en Casamance, marier le nord et le sud. Dans toutes mes compositions, tu sens vraiment la Casamance comme une influence majeure", précise-t-il.
Lorsque la saison touristique s’arrêtait en Casamance, Ndigeul retournait à Dakar, et jouait dans une boîte de nuit à Pikine où il animait chaque mardi une soirée sénégalaise, ainsi qu’une autre soirée dans une boîte de nuit à Thiès. Il jouait alors avec une quinzaine de musiciens et danseurs.
"Je n’ai jamais cherché de musiciens pour m’accompagner, on vient me chercher. Tous les percussionnistes jouent mieux que moi ! Ils ont tellement aimé ma philosophie, mon concept, qu’ils ont voulu me suivre", raconte Ndigeul. De plus, il faut savoir que le gros de la troupe vient de la même famille. Il y a un quartier à Kébémer, où plus de cinquante maisons de familles ont le même grand père : c’est la famille de Ndigeul. "Dans notre famille il y a les Ndiaye, les Mboup, les Mbaaye, les Samb, les Sene, les Seck, les Fall... nous avons tous le même grand-père", précise-t-il.
Ndigeul, ambassadeur du festival du Sahel à Lompoul.
"La première fois que je me suis rendu au festival du Sahel, c’était par curiosité. Baaba Maal et Doudou N’Diaye Rose jouaient cette année là. J’ai beaucoup aimé", se souvient Ndigeul. Il décide alors de mettre en place un dossier pour participer au festival avec Ngueweul Rythme : “Notre dossier était très propre, tout le monde était étonné”, s’en amuse encore le musicien. Dès le premier concert le groupe est repéré et ils deviennent ambassadeurs du festival en 2011. "Cela a touché que notre musique aborde les vertus de la jeunesse sénégalaise : le patriotisme, l’intégrité, l’humanité, l’humilité, le courage, la détermination", explique-t-il.
Ce n’est pas le premier festival auquel Ndigueul participe, bien au contraire, il honore de sa présence tous les événements nationaux. De plus, depuis 2006, il se rend aussi régulièrement en Europe pour y faire des tournées. Il a commencé par l’Italie, puis a joué en France, à Perpignan, dans l’Aveyron… "C’est intéressant de jouer pour différents publics, les Européens sont tendus comme des peaux de chèvre sur les djembés quand ils écoutent de la musique, ils sont très concentrés”, observe Ndigueul.
Il y a deux ans, il emmène quatre-cent cinquante danseurs et musiciens au festival de Lompoul. Il y donne un concert, mais envoie aussi quelques-uns de ses musiciens en “off”, animer les soirées des camps, notamment au Camp du Désert. Il y lance des concepts comme celui des soirées incentives où il fait découvrir sept instruments typiques du Sénégal aux campeurs. Il fait grande impression et reçoit des propositions.
Depuis, c’est pour l’organisation Esprit d’Afrique qu’il fait l’animation d’un à deux bivouacs tous les mois, et organise des animations pour des voyages organisés. "C’est devenu l’activité principale de Ngueweul Rythme, constate-t-il. Nous organisons souvent cela dans le camp à côté de la réserve de Bandia" poursuit-il.
De plus, Ndigeul enregistre régulièrement des clips musicaux avec le studio NNR Pro Studio. "J’ai eu envie d’aider les jeunes talents. Ceux qui font de la musique traditionnelle n’ont pas trop de possibilités avec les studios d’enregistrement habituels", raconte-t-il.
De plus, Ndigeul possède une galerie d’instruments et collectionne les instruments de l’Afrique de l’ouest. "On échange avec les autres groupes quand on les rencontre, raconte-t-il. Par exemple, on avait rencontré des Béninois, on leur a donné un sabar, ils nous ont donné un bene".
Ndigeul ne se pose jamais et chapeaute de nombreux autres projets, comme celui d’un documentaire sur les instruments du Sénégal.