Fatoumata Niang Nox est directrice exécutive de Jokkolabs, espace de coworking à Sacré Coeur 3. Elle nous présente ce lieu, à la fois espace de travail mais aussi lieu de convivialité et de partage.
Quel est votre parcours ?
J’ai fait mes études en France. J’ai commencé par l’informatique de gestion, pour ensuite me tourner vers les langues et le tourisme. Je me suis ensuite spécialisée en questions d'employabilité dans les migrations. J’ai obtenu un master en management.
En 2003, j’étais venue au Sénégal pour une semaine de vacances, pour me ressourcer auprès des miens. Mais je n’ai pas voulu en repartir car je suis très attachée à mon pays. Cela fait maintenant 4 ans que je suis directrice exécutive de l’espace de coworking Jokkolabs de Dakar. Mon travail consiste surtout à favoriser les contacts et à nouer des partenariats pour et au sein de Jokkolabs.
Quelle est l’histoire de Jokkolabs ?
Le fondateur de Jokkolabs est Karim Sy, qui se déplace très régulièrement en Afrique. Nous sommes structurés de manière globale. Cependant, chaque pays a son indépendance, car nos fonctionnements varient d’un pays à un autre.
Dakar a été le premier hub (espace de coworking) d’Afrique, en 2010. Il y a eu très vite un autre hub en France pour faire le pont, à Nanterre. Le principe était de créer des réseaux d’entrepreneurs, de valoriser divers types de profils, de l’artisan à l’ingénieur système. L’objectif est de mettre en place des espaces de travail collaboratifs afin de créer ensemble, de mutualiser les savoirs. Par exemple, il y’a deux entrepreneurs indépendants, deux “jokkoworkers” qui se sont rencontrés à Jokkolabs et c’est en mutualisant leurs compétences qu’ils ont créé “Coin Afrique” : l’équivalent africain de Le Bon Coin.
Quelle est la philosophie de votre espace de travail ?
Jokkolabs est une organisation à but non lucratif, notre action vise plutôt à sensibiliser les personnes aux problématiques du 21e siècle. Notre rôle est d’accompagner les acteurs dans leurs projets et stratégies d’innovation. Par exemple, nous mettons en relation des acteurs indépendants avec des sociétés importantes, comme la Société Générale, dans le droit et la sécurité.
Quel est l’atout de votre espace de coworking ?
Jokkolabs connaît bien l’écosystème entrepreneurial. Il s’agit d’un pionnier expérimenté qui structure et sécurise les échanges entre les acteurs dans une logique non concurrentielle.
De plus, les locaux sont pensés pour stimuler la créativité et la convivialité. Tout le mobilier est fait localement, à partir de matériaux recyclés. Il y a des espaces de détente, pour cuisiner, travailler en extérieur, seul ou à plusieurs. Nous proposons aussi un espace enfant.
Nous lançons aussi de plus en plus de collaborations ; par exemple, nous avons lancé Jokko Sense, une collaboration entre Jokkolabs et Make Sense pour mutualiser nos événements pour les entrepreneurs. Make Sense est une organisation internationale visant à réunir citoyens, entrepreneurs et grandes organisations pour que l’Afrique de demain soit tournée vers l’entrepreneuriat, qu'elle soit inclusive et innovante.
Depuis six ans, Jokkolabs est organisation d’accueil lors de la Global Entrepreneurship Week. Notre rôle au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Mali et en France est de fédérer toutes les initiatives en entrepreneuriat pendant cette semaine. Nous sommes le relais de l'événement et travaillons avec les institutions publiques et privées pour développer l’entrepreneuriat.
Enfin, dans le cadre de notre programme “Jokkokids”, en collaboration avec l'association "Help the Street Children”, nous participons à l’éducation académique et à la formation professionnelle des enfants de la rue.
Jokkolabs n’est pas un espace de coworking très hiérarchisé. C’est plutôt comme une grande famille : la gestion est horizontale, nous sortons un peu du cadre conventionnel. De ce fait, pour devenir jokkoworker, il est nécessaire d’être intègre, d’avoir des valeurs de bienveillance et de partage.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées depuis la mise en place du projet ?
A Jokkolabs, nous ne sommes que deux salariés. C’est un modèle un peu hybride car nous sommes à but non lucratif. Les jokkoworkers sont tous un peu bénévoles, ils forment souvent à titre gratuit. Nous accueillons aussi régulièrement des stagiaires. Les autres difficultés rencontrées sont souvent liées au financement. Nous sommes autofinancés et parfois subventionnés par des acteurs extérieurs dans le cadre d'actions ponctuelles ou de projet spécifiques d'accompagnement. On peut citer l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’Osiwa, Sonatel, Ada, l’Ambassade de France, la fondation Friedrich Naumann…
Les espaces de co-working se multiplient au Sénégal comme en Afrique ces derniers temps. Comment expliquez-vous cette tendance ?
Le monde évolue très vite, l’entrepreneuriat constitue une voie de salut, une alternative au chômage. Mais cela s’apprend ! Pour devenir entrepreneur, il faut avoir à sa disposition des outils d’accompagnement, être représenté à la tribune des nations… C’est ce qu’apportent les espaces de coworking. Les espaces Jokkolabs ont essaimé très différemment en Afrique. Au sein même de notre structure ils se ressemblent peu ! Au Mali, les locaux de Jokkolabs sont dans une école, au Cameroun dans une galerie d’art, à Abidjan dans un repère de gamers.
Je pense aussi qu’il y a eu un effet d’entraînement entre espaces de coworking : Jokkolabs a ainsi contribué à la mise en oeuvre de Setik, un incubateur très connu par exemple.
Quel est le quotidien d’un Jokkoworker ?
Celui qu’il souhaite ! Nous sommes ouverts tous les jours, et nous organisons aussi quelques événements les weekends. Des événements de réseautage, mais aussi des sorties, des petits-déjeuners, des activités “jokkokids” avec les enfants. Tout le monde peut y trouver son compte.
Informations pratiques :
Contribution dix jours : 30 000 fcfa
Un mois : 65 000 fcfa
Ouvert tous les jours de 9h à 18h du lundi au vendredi
Sacré Cœur 3 Villa N°9654 4ème phase, Dakar
Page facebook Jokkolabs