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ElectrAfrique, le rendez-vous mensuel musical endiablé

Electrafrique Dakar Sénégal Afro House Music Dance Laure SoléElectrafrique Dakar Sénégal Afro House Music Dance Laure Solé
Dj Cortega, Dj Leuz, Camille Lomey, Fati Moussa Mahamane ©Laure Solé
Écrit par Laure Solé
Publié le 6 juin 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Les soirées ElectrAfrique existent depuis 2010. Elles furent dans un premier temps organisées à Nairobi, au Kenya. Il s’agit de soirées dansantes autour du style Afro-House, un courant musical lancé en Afrique et dans l’Océan Indien vers la fin des années 2000 par les Disc-jockeys (DJ’s). L’événement mensuel rassemble les passionnés de musique, de danse et et de cultures africaines en général. ElectrAfrique s’est imposé comme la réjouissance à ne pas rater. Entretien avec quatre des membres principaux de l’équipe dakaroise.

DJ Cortega, d’origine suisse, fonde ElectrAfrique en 2010. Résidant à Dakar depuis trois ans et demi, c’est à Nairobi que le projet voit le jour. Camille Lomey est à Dakar depuis un peu plus de quatre années. Manager d’artistes comme Ibaaku et Guiss Guiss Bou Bess, productrice ainsi qu’organisatrice dans l’événementiel avec le collectif Kaani, elle s’est associée au projet Electrafrique dès 2016. DJ Leuz Karak est sénégalais, il a rejoint l’équipe d’ElectrAfrique pour sa dixième édition. Il fait ses débuts dans la scène hip-hop avant de se lancer dans l’Afro-House. Il est l’autre DJ résident présent à toutes les éditions dakaroises d’ElectrAfrique. Fati Moussa Mahamane est d’origine nigérienne. Elle est venue au Sénégal pour y faire ses études, et y a éprouvé rapidement un vif intérêt pour l’émulation culturelle. Cela fait plus d’un an qu’elle organise et coordonne les événements ElectrAfrique sur Dakar.

“C’est l’ambition de développer la scène afro-house sur le continent qui nous a liés”, raconte Cortega. Au début, celui-ci organisait les événements musicaux à Dakar depuis Nairobi. Lorsqu’il a décidé de relocaliser l’organisation à Dakar, il a cherché des créatifs avec lesquels s’associer. Il rencontre Camille durant la biennale 2016. Puis, il fait la connaissance de Leuz aux côtés duquel il mixe plusieurs fois dans la capitale sénégalaise.

La genèse du projet

L’événement a été produit dans une quinzaine de pays dont une dizaine en Afrique. “Les éditions les plus exotiques, ce devait être à Mumbaï, en Inde ou à Port-Aux-Princes, à Haïti”, raconte Cortega. Cette année, quatre événements furent organisés à Prahia, au Cap Vert, un autre au Mali, ainsi que trois à New-York. Le travail d’organisation et de promotion est effectué dans chaque pays avec des collaborateurs locaux. ElectrAfrique est présent à Dakar une fois par mois et développe une présence plus régulière à Saint Louis depuis cette année.

Dès le début, l’équipe a eu le désir de définir clairement l’identité de ces événements, à travers le logo notamment. "Notre logo a été réalisé par un camerounais, Neals Niat. Son travail consiste à saisir des moments de vie traditionnels et reconnaissables du quotidien africain, puis il leur donne une lecture moderniste par un dessin épuré, en noir et blanc, explique Cortega. “C’est un peu comme notre musique”, poursuit-il, prendre des rythme et des sonorités africaines traditionnelles et les moderniser en les mixant avec des sonorités électroniques”.

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Le logo d'ElectrAfrique, par Neals Niat.

 

L’organisation

“Le plus important est d’avoir une grande capacité d’adaptation”, analyse Camille Lomey. Le lieu de résidence principal de l’événement est l’espace Douta Seck, au coeur de la Médina. “C’est un lieu public, il a fallu leur prouver que nous étions de confiance”, explique-t-elle. En deux ans et demi d’événements mensuels à Dakar, le public a beaucoup augmenté. “Il a fallu s’entourer d’une équipe bien organisée et solidaire. Environ trente personnes sont mobilisées pour chaque édition, de la sécurité au bar en passant par les lumières”, indique Camille.

 

L’esprit ElectrAfrique

“ElectrAfrique se veut un événement qui rassemble. Nous essayons de travailler avec des gens des quatre coins de l’Afrique, et de tous les milieux”, explique Camille. “On y voit toutes les couleurs, toutes les cultures, tous les milieux c’est quelque chose de très important pour nous” complète Leuz. Ce n’est pas innocemment que les jeunes passionnés ont choisi le coeur de la Médina pour organiser leurs événements. “Au début beaucoup de jeunes de la Médina n’osaient pas venir, maintenant ils viennent sans problèmes”, dit Cortega. “C’est aussi pour cela que nous avons une politique d’entrée gratuite jusqu’à 23h”, ajoute Camille.

L’audience grandissante des événements n’est pas seulement dûe à la musique, mais aussi aux groupes de jeunes danseurs venus de tout Dakar et de ses environs. A l’honneur : le mbalakh, bien entendu, mais aussi tous styles de danse africaine et afro-américaine : “Ce qui est très agréable avec les danseurs, c’est qu’ils ont beau être super bons, ils sont inclusifs. Ils vont chercher d'autres personnes, font des pas faciles à reproduire et lancent des chorégraphies…”, raconte Camille. “Il y a des soirées qui ont commencé à vingt-deux heures trente tout feu tout flammes parce que les danseurs avaient mis une ambiance de folie”, ajoute Fati.

Electrafrique Dakar Sénégal Afro House Music Dance
Les danseurs ©Electrafrique

Souvent, des Simb Gaindé (faux lions) et autres danseurs traditionnels se mêlent à la foule, des échassiers… Les DJs sont aussi parfois accompagnés d’instruments traditionnels. De plus, à chaque événement, le collectif organise des mises en scènes, parfois très simples, parfois plus élaborées, avec des artistes photographes.

Promouvoir l’Afro-House

Pour toute l’équipe, il s’agit aussi de sensibiliser la jeunesse sénégalaise à ce style musical émergent qu’est l’Afro-House, et de convertir un public qui fut bercé par la musique hip-hop.

Le style musical Afro-House est né de la rencontre de la house music américaine et de l’afro-dance : les musiques africaines de danse : coupé-décalé, ndombolo, kuduro, funana, maloya, azonto, naija music, séga, zouglou, salegy, makossa, kwaito, coladeira, mapantsula, batuque, pantsula, kizomba, pandza music, et bien d’autres encore….

“J’ai grandi en Europe, raconte Cortega, et mes influences musicales étaient celles de ma génération: le hip hop. Cependant, j’ai toujours voulu savoir ce qu’il y avait derrière ces morceaux, le sampling, les sources… Cela mène au funk, à la soul. Cela a vraiment piqué ma curiosité sur ce qu’était devenue la musique africaine aujourd’hui. Je me suis alors beaucoup intéressé à la house sud-africaine, ce sont les précurseurs dans le domaine, avec l'Angola. J’étais emballé par l’énergie de cette musique, son identité unique. De plus, celle-ci est peu exportée."

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DJ Leuz aux platines ©Electrafrique

Leuz essaie de développer la scène dakaroise de l’Afro-House, en cherchant des producteurs prêts à quitter le milieu du rap et du hip-hop pour celle-ci. Actuellement dans la composition d’un album, celui-ci pressent le tournant musical que prend le Sénégal : “Il y a plein de jeunes DJs émergents qui viennent, qui écoutent, et qui ajoutent peu à peu nos morceaux à leurs mixs”, raconte-t-il.

 

Et après ?

L’équipe souhaiterait organiser une ou deux éditions à Pikine, ainsi qu’à Guédiawaye. Ils ont aussi en tête de lancer un concours de DJs émergents à la Maison des Cultures Urbaines de Ouakam. “On a construit tous ensemble une nouvelle initiative musicale au Sénégal, on essaie de sortir du mainstream. L’Afro-House est un mouvement assez fort qui commence à prendre énormément d’ampleur, il faut que Dakar soit considérée comme une destination obligatoire en Afrique pour un DJ d’Afro-House, une étape nécessaire”, conclut Cortega.

Electrafrique Dakar Sénégal Afro House Music Dance
Visuel de la vingt-neuvième édition d'Electrafrique

La prochaine soirée ElectrAfrique aura lieu ce samedi, 8 juin, à partir de 22h à la maison de la culture Douta Seck.

laure solé
Publié le 6 juin 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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