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INSOLITE – Les métiers de rue à Dakar. Partie 2

9.9.
Écrit par Claire Lapique
Publié le 1 août 2017, mis à jour le 11 octobre 2018

Dakar n'a de cesse de s'agiter, de remuer, de grouiller dans tous les sens. En comprenant 98% des activités économiques du pays, on comprend pourquoi ! Toute cette agitation qui jamais ne s'épuise est pourtant bien différente de celle qu'on connaît en Europe. Voilà pourquoi, toutes sortes de métiers peuvent nous surprendre, qu'ils soient insolites ou qu'ils s'effectuent de manière bien différente. Ouakam est un de ces quartiers qui regorgent de travailleurs prêts à en témoigner. Le petit journal dévoile quelques-unes de ces figures qui façonnent la ville et fascinent les esprits.

 

 Être boulanger à Dakar

 

Matar est employé dans une boulangerie à Ouakam depuis déjà plus de 15 ans. Il nous fait la visite de la boulangerie, où les 6 ou 7 employés travaillent la pâte à pain. Ces derniers se lèvent le matin, vers 7 heures, pour travailler la pâte. Ils l'entreposent ensuite dans une chambre froide afin de faire monter la levure.

Une fois la pâte montée, la pause est terminée et les employés reprennent le travail vers 15h. Il faut alors dessiner les stries sur chaque baguette, avant de les enfourner dans le four de la boulangerie. Les pains au lait sont, eux, enrobés d'une fine couche de jaune d'?uf afin de leur donner cet aspect appétissant.

 Au-dessus, un pâtissier travaille sur les croissants et autres gourmandises bien alléchantes. Elles sont ensuite disposées au rez-de-chaussée, où se trouve la boutique.

Le pain, enfin cuit, sert pour la boulangerie mais est aussi distribué aux alentours, dans les restaurants et les petites épiceries de quartiers. Un livreur est alors appelé pour se charger de la répartition des pains grâce à sa charrette.

Matar n'a pas toujours voulu devenir boulanger. « Avant, j'étais le meilleur footballeur du quartier et je voulais devenir professionnel. J'ai arrêté l'école en CM2 et j'ai continué le football pour m'entraîner. Mais quand mon père a commencé à devenir vieux, il fallait que je m'occupe de lui. Il ne pouvait plus travailler alors j'ai commencé ce métier de boulanger pour aider ma famille. Il fallait aussi le faire pour mes s?urs, qui ne peuvent pas toujours travailler ». A 38 ans, Matar aimerait bien pouvoir changer de métier pour gagner plus et s'épanouir. Mais il sait aussi qu'il ne peut pas laisser sa famille sans ressource. « J'ai déjà pensé à arrêter, à laisser tomber, mais je sais que c'est impossible. J'ai une s?ur qui est malade. Depuis qu'elle a 9 ans, elle est aveugle. Elle a maintenant 18 ans et elle me dit tous les jours qu'elle aimerait voir ce qui l'entoure. Je souffre énormément de cette situation, ça me fait mal au c?ur. Je dois gagner de l'argent pour payer l'hôpital, qui coûte une fortune et peut être un jour trouver une solution ! ». Ses frères travaillent aussi mais sont mariés et doivent donc aider leur propre ménage. Matar, lui, n'a pas encore rencontré une femme avec laquelle se marier. Il doit d'abord avoir un minimum d'argent pour lui-même. Pourtant, les fins de mois ne lui permettent pas d'épargner. Son loyer lui coûte déjà une bonne partie de son salaire. « A Dakar, le salaire minimum est environ de 50 000 pour un employé. On ne peut rien faire de plus que payer son loyer avec ça. Tous les jours je prie pour que Dieu nous apporte la chance et je ne perds pas espoir. »

 

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