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Zena Zeidan, fondatrice de Chouette Prod, à Dakar depuis 2013

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© Genevieve Sauvalle
Écrit par Gaëlle Picut
Publié le 14 février 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Rencontre avec Zena Zeidan, fondatrice de Chouette Prod, studio de production panafricain, installée à Dakar depuis 2013.

Lepetitjournal.com Dakar : Quand et pour quelle raison es-tu venue au Sénégal ?

Zena Zeidan : J’ai grandi au Sénégal avec mes parents jusqu’à l’âge de 7 ans, puis nous sommes partis vivre en Guinée. Je suis ensuite allée à Paris pour mes études et j’y suis finalement restée 13 ans. Mais l’envie de revenir en Afrique était de plus en plus forte. C’est ce que j’ai fait en 2013 en m’installant à Dakar !

Quel est ton parcours professionnel ?

J’ai suivi des études à l’ESRA, Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle à Paris et une formation en animation. Déjà toute petite, j’adorais écrire des petites histoires, des saynètes et les mettre en scène avec mes cousines et ma sœur. Je faisais aussi des petites bandes dessinées, des chansons. Donc cette voie me semblait naturelle !

J’ai commencé à travailler pour des boîtes de production pour faire du cadrage, de la photo, du montage, etc. Puis je suis devenue chargée de production dans une maison de production plus importante. En parallèle, alors que j’avais 21 ans, j’ai réalisé plusieurs projets documentaires dont l’un au Sénégal contre le tabac qui a eu pas mal d’échos à l’époque. J’ai également eu l’occasion de tourner deux publicités au Sénégal. Ce qui me plaisait, c’était l’ambiance, l’improvisation, alors qu’à Paris, j’avais un rythme de vie métro/boulot/dodo peu satisfaisant.

J’ai alors pris la décision de m’installer à Dakar en tant que réalisatrice mais très naturellement j’ai commencé à produire et j’ai créé Chouette Production. Au départ, il y avait peu de monde sur le marché. Et j’étais convaincue que l’on pouvait faire des choses différentes, casser un peu les codes très traditionnels de la publicité, prendre des risques…J’avais envie de me faire plaisir en innovant, en faisant bouger les lignes.

J’ai très vite produit un film publicitaire pour Total qui a remporté un prix à l’African Cristal Festival. Ceci a permis à Chouette Production d’acquérir rapidement de la notoriété.

Deux mois après mon arrivée, je recrutais deux personnes (un graphiste et une assistante). Au début, nous travaillions dans une petite pièce, avec les moyens du bord. Nous faisions passer nos castings dans des conditions assez spartiates ! Progressivement, l’entreprise a grandi et s’est structurée. Nous sommes aujourd’hui entre 6 et 7 permanents et sur les tournages, nous pouvons monter jusqu’à 50 ou 100 personnes.

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Tournage sur un toit de Dakar © Chouette Prod

Chouette Production réalise majoritairement des films publicitaires pour de grands groupes, des entreprises locales ou des ONG. Dès le départ, mon positionnement a été de faire des films panafricains, souvent diffusés simultanément dans plusieurs pays d’Afrique. Nous tournons beaucoup au Sénégal, en Côte d’Ivoire, et nous avons des clients un peu partout en Afrique, et en Europe... Et j’ai l’ambition de nous diversifier vers la série TV et le cinéma mais ce sont des projets et des investissements très lourds qui prennent du temps à se concrétiser.

Nous avons également réalisé un film d’animation, Le rêve d’Awa, engagé en faveur de l’éducation des jeunes filles dans le cadre d’un appel à projet de l’AFD et qui a reçu plusieurs distinctions. Les jeunes filles sénégalaises n’ont pas toujours la possibilité de faire des études, j’ai envie de leur dire « si, tout est possible mais il faut se battre ». Ce film a été très diffusé et encore aujourd’hui, il est projeté dans des écoles et donne lieu à des débats auxquels j’assiste de temps en temps.

Le marché audiovisuel est aujourd’hui dynamique au Sénégal, il y a davantage d’acteurs et de professionnels qu’en 2013. La 4G a bouleversé la donne. Les gens ont un accès à ce qui se fait dans le monde, grâce à internet on peut s’inspirer, se former, sans oublier le dynamisme des réseaux sociaux. Même s’il existe encore peu de formations, les jeunes sénégalais se forment sur le tas avec talent et acquièrent une bonne expérience. En revanche, certaines compétences techniques pointues restent difficiles à trouver.

A tes yeux, quels sont les atouts du Sénégal ?

J’aime le fait que l’on puisse improviser les choses, faire construire un meuble en quelques heures chez le menuisier, faire coudre une chemise en 30 min, débarquer chez le coiffeur sans rendez-vous pour une teinture... c’est du vécu et cela m’a sauvé plusieurs fois sur des tournages !

Et sinon, le beau temps est un vrai atout. Ici, j’ai le sentiment de profiter de la vie en même temps que de travailler. Après le travail, c’est toujours possible d’aller prendre l’air, de profiter du coucher de soleil...

Ce qui a été plus difficile ?

Au départ, être une jeune productrice au milieu de toute une équipe technique masculine n’était pas chose facile. Mais je suis tombée sur des personnes  sympathiques qui m’ont encouragée et cela s’est bien passé !

Et puis diriger une entreprise ! Je n’étais pas programmée pour cela… Mais j’ai appris à déléguer à des professionnels les aspects comptables et administratifs.

Tes coins préférés à Dakar ?

En priorité les endroits en bord de mer ! Le coucher de soleil au Lagon est un incontournable quand je reçois des amis ou de la famille. Et comme je surfe, j’aime bien les plages des almadies.

Et au Sénégal ?

Je suis très « nature » donc j’adore le Siné Saloum, Saint-Louis et la Casamance. Grâce à certains tournages, j’ai découvert des endroits naturels vraiment chouettes. Et il y a une belle luminosité au Sénégal.  

Et au-delà du Sénégal ?

J’aime bien aller en Côte d’Ivoire, méconnue et mal exploitée au niveau touristique à mon avis. Pourtant dès que l’on sort d’Abidjan, certains endroits ont beaucoup de charme. C’est très vert et il y a des montagnes. Cela change beaucoup du Sénégal.

Les îles du Cap Vert sont également magnifiques. Je recommande vivement d’y aller !

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui vient d’arriver au Sénégal et qui cherche à exercer une activité professionnelle ?

Je conseillerais à cette personne de bien étudier son projet et de bien connaître le domaine d’activité dans lequel elle se lance, car c’est un petit marché très concurrentiel et de nombreuses aventures professionnelles ont échoué.

Cependant il est très ouvert à l’innovation et tout est une question de timing.

Gaelle Picut
Publié le 14 février 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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